Généreuse visite!
Écrit le lundi 26 octobre 2009 par PG Luneau
Vous savez sans doute, si vous avez lu les biographies de la section Notre tandem, que je suis enseignant au primaire. En tant que tel, j’utile beaucoup la BD pour passer ma matière, et j’en fais même un thème spécifique avec lequel je débute l’année. C’est une excellente manière de motiver les élèves (les gars, notamment) à la chose scolaire.
Cette année, j’ai eu la chance de concrétiser mon thème par une activité fort enrichissante : la visite d’un créateur BD dans ma classe. En effet, il se trouve que je connais un dessinateur exceptionnel qui vient, quel hasard, de sortir un album, il y a quelques semaines!!! Si vous êtes un habitué du Pigeonographe, vous voyez sans doute de qui il s’agit!!!
Je l’avoue tout de suite : je voue une admiration sans bornes au talent de Marsi. Je le lui envie intensément. Je suppose que le vieux cliché qui considère les critiques comme des artistes frustrés s’applique dans mon cas. Avoir du talent en dessin, je ne me contenterais pas de critiquer les BD : j’en ferais!
Mais mon but, dans cette chronique, n’est pas de faire mon «téteux» ou de lancer des fleurs au copropriétaire de ce site internet, sans qui je ne pourrais pas vous communiquer ma passion. Je désire simplement vous parler de sa première expérience d’animation auprès de deux groupes scolaires (le mien et celui d’une collègue)… mais ce faisant, je ne pourrai faire autrement que de l’encenser, puisque pour ça aussi, il démontre des habiletés hors pair! C’en est presque enrageant pour nous, simples mortels!!
Après une petite présentation des motifs de sa présence, qui lui a servi à briser la glace et à surmonter le trac naturel qui assaille tous ceux qui ont à s’adresser à des groupes de jeunes de neuf ans pour la première fois de leur vie, Marsi a remis à chaque participant un petit dépliant illustrant la première planche de son album Miam miam fléau, à chacune des étapes de réalisation d’une BD. Mes élèves ont ainsi pu prendre conscience que dessiner, c’est du travail! Le scénario à concevoir et rédiger, puis le premier découpage des pages, sous forme de croquis (pour s’assurer de l’équilibre des types de plans, de la bonne répartition des moments-clés et de la lisibilité de l’ensemble); puis l’étape du dessin à proprement parler, à la mine, suivie de celle de l’encrage. Finalement, la colorisation des planches et l’inscription des textes dans les phylactères. Les jeunes ont été à même de constater que c’est plus complexe que les petites BD qu’ils font souvent sur des feuilles mobiles maladroitement agrafées, se terminant généralement sur un À suivre… sans lendemain!
Ensuite, les élèves ont bombardé notre invité des questions qu’ils avaient préparées. On en a su plus sur son passé, ses projets, les défis qu’il a eu à surmonter… J’en ai même appris, moi aussi, sur Marsi! Entre autres, qu’il a, dans ses cartons, une idée de série BD qui s’étalerait sur plusieurs tomes, mais qu’il a préféré mettre de côté afin de se concentrer sur un premier récit plus simple. Aurons-nous la chance de voir cette saga un jour?
Finalement, la rencontre prenait une forme encore plus participative. En effet, les élèves devaient mettre leur créativité à profit pour inventer, sur une demi-feuille, une onomatopée originale… et illustrer, sur l’autre moitié de la feuille, l’objet qui la provoquait. Bel exercice de stimulation de l’imagination que celui-là! Une fois toutes les feuilles recueillies pêle-mêle, et affichées au tableau, on passe à un jeu d’association : selon vous, quel bruit correspond à quel objet ? Une activité simple mais amusante, dans laquelle les jeunes se sont bien investis. Pendant ce temps, le généreux dessinateur s’appliquait, comme il le fait toujours, à fignoler une dédicace dans l’album de la classe, puis à concevoir, pour chacun des élèves, une mini-dédicace sur une carte d’affaire spécialement conçue pour l’occasion. Chaque jeune a eu la chance de retourner chez lui avec qui une luciole, qui un escargot, qui un bourdon ou une araignée à huit yeux!
Après ces deux ateliers de deux heures, Marsi n’avait pas terminé toutes ces bestioles. Dans sa grandeur d’âme, il est resté après la classe (en retenue??!) pour les compléter… deux heures trente, que ça lui a pris !!! Si ce n’est pas de l’investissement à la puissance mille, ça, mes amis, je ne sais pas ce que c’est!!
Le ton calme et posé de Marsi et son souci de bien expliquer les termes qu’il emploie ont fortement contribué au succès des ateliers. De plus, j’ai été ébahi par sa stupéfiante capacité d’observation et la rapidité avec laquelle il parvenait à cerner la personnalité des élèves qui formaient ses auditoires.
Franchement, mes élèves (et ceux de ma collègue) ont été comblés! Ils ont été subjugués d’apprendre que sa BD a été imprimée de l’autre côté du globe (à Singapour) et que Marsi travaillait dessus, quotidiennement, depuis… qu’ils étaient en deuxième année!!! Que de grands yeux j’ai vu s’allumer quand ils ont réalisé de la somme de travail que ça représentait! Malgré tout, une douzaine de ces jeunes affirment maintenant vouloir devenir bédéistes!! La passion est un feu qui se transmet bien, apparemment!
Suite à cette expérience, je puis vous dire que Marsi n’est pas seulement un grand dessinateur : il est aussi un animateur aux compétences fort prometteuses… et un ami précieux ! J’espère qu’il trouvera le temps de revenir animer dans ma classe… malgré l’emploi du temps très chargé que sa cote de popularité montante lui attirera !!!

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