#01- LA RENTRÉE
Scénariste(s) : Benoît GODBOUT, Michel LACOMBE, Yanick CHAMPOUX
Dessinateur(s) : Benoît GODBOUT
Éditions : les 400 coups
Collection : Rotor
Série : Académie des Chasseurs de Primes
Année : 2009 Nb. pages : 64
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre & Courts récits (inspir. comics)
Genre(s) : S.F. humoristique
Appréciation : 5 / 6
|
De la S.F. québécoise tout public ?! Une première !!
Écrit le jeudi 31 décembre 2009 par PG Luneau
Quelle belle surprise que ce premier tome de la série Académie des Chasseurs de Primes! Dans un style graphique superbement bien réussi, Godbout et ses deux compères nous racontent les déboires d’un groupe d’ados qui se destinent à devenir justiciers intergalactiques. Nous les suivons dans le vaisseau-école de l’Académie, où ils subissent une formation d’élite, donnée par des maîtres réputés.
Malheureusement pour eux, leur premier jour à l’Académie correspond à l’arrivée d’un traître, venu en kamikaze pour faire exploser l’école après avoir été endoctriné par une organisation de criminels de l’espace.
Si les trente-cinq premières pages forment un tout, il est important de préciser qu’elles sont suivies de cinq petits épisodes indépendants qui n’ont à peu près rien à voir avec le récit principal. Si ces capsules ne sont pas très habilement introduites, elles n’en demeurent pas moins amusantes et nous présentent certains des cours particuliers que suivent nos amis, ce qui nous en dévoile un peu plus sur leur personnalité.
Sincèrement, je suis très heureux de constater que des Québécois peuvent produire un album d’aussi bonne qualité, qui n’a rien à envier aux Américains ou aux Européens. Au contraire, cette série semble prendre le meilleur de ces deux mondes!
En effet, elle rappelle un peu l’esprit et la qualité graphique des Womoks de Boulet (le loufoque en moins), dans un format et un montage proche du «comic book» - mais sans les hystériques mises en page incompréhensibles qu’on y retrouve trop souvent.
Puisque l’album précise qu’il s’agit du tome #1, on peut logiquement supposer que d’autres suivront. J’ai bien hâte de les découvrir, et je remercie les éditions des 400 coups et Michel Viau de leur belle initiative : longue vie à Rotor, leur nouvelle collection de BD québécoises d’excellente qualité!
Plus grandes forces de cette BD :
- un petit format original, qui doit diminuer les coûts de production.
- la belle maquette de la collection, avec couvertures rigides (on parle de BD éditée au Québec !?!) et papier très épais et résistant : j’avais toujours l’impression de tourner deux pages à la fois!
- la belle couverture de cet album, en divers tons de rouge, avec des éléments pelliculés qui ajoutent un petit contraste… et beaucoup de classe!
- le mignon petit logo de l’Académie. Il consiste en une petite face de rakouine, une féroce bestiole extraterrestre qui rappelle le célèbre Taz, le diable de Tasmanie dans Bugs Bunny.
- le superbe graphisme, tout à fait professionnel. Les personnages sont juste ce qu’il faut de caricaturaux, ils sont bien typés et facile à distinguer. C’est important quand on commence une nouvelle série avec plus d’une quinzaine de personnages secondaires récurrents!
- les couleurs, sublimes bien que souvent un peu trop sombres. Les ombres et les effets lumineux sont très bien réussis et donnent à cette histoire intergalactique un aura de réalisme tout ce qu’il y a de plus efficace.
- le thème, super palpitant, qui passionnera littéralement une jeune clientèle… et certains de leurs profs! Qui n’a jamais rêvé de se transformer en super-héros pour combattre les super-vilains?!
- la vaste brochette de personnages. La personnalité des élèves est assez convenue, mais leur grande variété permet beaucoup d’interactions et offre un grand potentiel, chacun ayant ses forces et ses faiblesses. Les ados sont très crédibles dans leurs attitudes et leurs réactions.
- le scénario, qui, bien que déjà-vu, rivalise sans rougir le moins du monde avec ceux des pros, tant Américains qu’Européens.
- les pages illustrées sur fond noir. J’aime beaucoup l’effet que ça donne, même si je cherche encore la clé de la symbolique : pourquoi certaines sont sur fond noir, et d’autres non?
- l’excellent dossier de présentation, en fin d’album. On nous y présente, à l’aide de courts paragraphes descriptifs, chacun des élèves, des profs, des créatures extraterrestres croisées, etc.
-
mon ex-libris! Bien que je n'ai pu me la procurer que lors du lancement du tome #2, cette sympathique illustration, montrant Gaël, le personnage central de ce tome, avait été concoctée (avec amour!) pour le lancement du tome #1. Mais comme il en restait en stock, les libraires de chez Planète BD m'ont permis de la recevoir à l'achat du tome #2! Je les en remercie chaleureusement!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les pages sont trop petites. Même si, souvent, monsieur Godbout ne dessine que trois bandes par page, les textes demeurent minuscules et sont un peu difficiles à lire. D’ailleurs, les dessins sont si beaux qu’on aimerait bien pouvoir en profiter plus, sur des pages format standard.
- le langage est parfois trop oral, trop québécisé. Ça m’énerve réellement quand les auteurs élident volontairement les NE de leurs phrases négatives, voulant faire plus «in», plus jeune !
- certaines proportions plus ou moins respectées, notamment à la vignette #6 de la page 13. La belle recrue à beau avoir une taille de guêpe, sa tête semble un peu trop grosse pour son tour de ceinture.
- deux invraisemblances : Gaël qui résiste dans le vide intersidéral sans scaphandre (à moins que l’on apprenne bientôt que sa race mystérieuse peut résister dans une telle situation) et la présence de cette grosse baudruche providentielle dans les fonds marins d’une planète éloignée. Ça fait un peu trop «arrangé avec le gars des vues» !
|