#02- ET LA SANTÉ, DOCTEUR?
Scénariste(s) : Bernard SWYSEN
Dessinateur(s) : Bernard SWYSEN
Éditions : Casterman
Collection : X
Série : Albert Lombaire
Année : 2000 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Gags en une ou quelques planches
Genre(s) : Humour, Quotidien
Appréciation : 3.5 / 6
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Quand la médecine ne se prend pas au sérieux
Écrit le dimanche 30 mai 2010 par PG Luneau
Intéressante petite découverte que ce recueil de gags! Je n’avais jamais eu l’occasion de rencontrer ce docteur Lombaire, mais je suis très heureux que ce soit maintenant chose faite!
Vous l’aurez compris, cet Albert Lombaire est médecin généraliste. Il possède sa propre clinique mais travaille aussi quelques jours par semaine à une clinique privée, sous les ordres du despotique et très désagréable Devoldère-du Kracklain.
Sur un mode généralement léger, Bernard Swysen nous présente les aléas du monde médical, un peu comme le font Bercovici et Cauvin dans leur série les Femmes en blanc. Mais contrairement à cette indécollable série du magazine Spirou, que je trouve assez ordinaire (je n’ai jamais vraiment aimé le graphisme très sec de Bercovici), Albert Lombaire a su me faire explorer son monde médical à des fins thérapeutiques… via la thérapie par le rire, bien sûr!
Avec Swysen, les dessins sont tout ce qu’il y a de plus classiques, respectant le style «ligne claire», avec couleurs en à-plat. Mais les tronches de ses personnages sont très diversifiées, souvent amusantes, et chaque protagoniste semble réellement incarné. C’est une belle qualité, surtout que la série regorge de tonnes de patients en attente d’être soignés… à l’image des salles d’attente de nos hôpitaux québécois!
De plus, les gags ne se limitent pas à la vie professionnelle d’Albert : on nous le présente assez régulièrement dans son quotidien. En effet, il partage sa vie avec sa sœur, Capucine, qui est pharmacienne, et la fille de cette dernière, une petite peste de nièce prénommée Fanny. Puis, il y a aussi la belle Cléo Mandarine, la petite amie de cœur de Lombaire, elle-même psychothérapeute. Par moment, leur relation à tous deux m’a rappelé celle qui sévissait tacitement entre Modeste et Pompon, surtout lors de l’épisode où Cléo traîne de force notre nouvel ami dans une exposition d’art moderne.
Relativement méconnue, cette amusante petite série réussit en plus, et c’est là une très bonne chose, à nous faire réfléchir par la bande à certains de nos travers personnels ou sociaux. Dans le vaste univers des gags en une planche, elle se démarque assez de la moyenne : les trois quarts des gags m’ont fait rire ou sourire! J’aurais donc tendance à vous en prescrire quelques bonnes doses, lors de vos prochaines crises de morosité.
Plus grandes forces de cette BD :
- des pages de garde amusantes. Elles présentent l’interminable file d’attente devant le bureau du docteur Lombaire, et on peut y examiner plus d’une cinquantaine de patients, tous plus différents les uns que les autres, qui attendent pour être vus par le médecin. Il y en a de tous genres : on y aperçoit même une cendrillon borgne et un mort-vivant!!
- un héros imparfait. Les héros sont si souvent sans tache que ça les rend parfois sans saveur : Tintin en est un excellent exemple!! Ici, on est très vite confronté au fait qu’Albert n’aime pas toujours son travail. Il se moque parfois intérieurement de ses patients et n’aura pas de remords à fermer les yeux ou à taire sa profession devant certains enrhumés ou certains patients hypocondriaques particulièrement accaparants. Un héros humain, quoi!
- la diversité des personnages secondaires. En effet, question de permettre une belle variété de gags, la brochette de gens qui entourent le bon docteur est assez impressionnante : outre sa famille et ses proches, auxquels j’ai fait allusion plus haut, notons la présence d’un ami vétérinaire (Renaud), de deux collègues de la clinique et de quelques patients récurrents, comme la très grosse dame aux chats. Dans un premier album de gags, c’est assez rare! Généralement, l’entourage du héros prend quelques albums avant de se développer.
- quelques bons gags qui font réfléchir. J’ai été franchement étonné par l’humour de monsieur Swysen. Je m’attendais à sourire un peu, mais j’ai plutôt été impressionné par l’audace de certaines critiques sociales et par la pertinence de quelques réflexions qui transpirent de certains gags. Très intéressant. (Une mention toute particulière pour le gag de la page 35, sur l’absurdité des préjugés à l’égard des médecins de couleur).
- la variété et la richesse des décors. C’est une des premières fois que je remarque les décors d’un recueil de gags. J’ai été surpris de retrouver Lombaire dans des ruelles ornées de graffitis très urbains (un environnement rarement exploité par ce genre d’humour), pour ensuite le voir se promener avec sa dulcinée dans une campagne bucolique.
Ce qui m’a le plus agacé :
- rien en particulier, sinon quelques gags plus ordinaires ou prévisibles. De fait, ils sont presque inhérents à ce genre de recueil : sur le lot, on ne peut pas toujours être drôle… Dans les circonstances, on ne peut dire que : Chapeau, monsieur Swysen!
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