#01- LA CHUTE
Scénariste(s) : Doug MOENCH, Chuck DIXON, Alan GRANT, Dennis O’NEIL, Mary Jo DUFFY
Dessinateur(s) : Jim APARO, Norm BREYFOGLE, Jim BALENT, Graham NOLAN, Bret BLEVINS, Klaus JANSON, Mike MANLEY, Sal VELLUTO, Vince GIARRANO, Barry KITSON
Éditions : Urban comics / DC comics
Collection : DC Classiques
Série : Batman - Knightfall
Année : 1993 Nb. pages : 344
Style(s) narratif(s) : Récits à suivre (1 à 3 / 5) (Comics)
Genre(s) : Superhéros / Justicier masqué, Récit psychologique, Fantastique
Appréciation : 4 / 6
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Quand je constate que mon héros n'est pas Batman : c'est Bruce Wayne!
Écrit le mardi 30 octobre 2018 par PG Luneau
Tomes lus : #01- la Chute (Sc. : Doug MOENCH & Chuck DIXON, Dess. : Jim APARO, Norm BREYFOGLE, Jim BALENT & Graham NOLAN)
#02- le Défi (Sc. : Doug MOENCH, Chuck DIXON, Alan GRANT & Dennis O'NEIL, Dess. : Jim APARO, Graham NOLAN, Bret BLEVINS, Klaus JANSON, Mike MANLEY & Sal VELLUTO, 352 p.)
#03- la Croisade (Sc. : Doug MOENCH, Chuck DIXON, Alan GRANT & Mary Jo DUFFY, Dess. : Jim BALENT, Graham NOLAN, Bret BLEVINS, Mike MANLEY, Vince GIARRANO & Barry KITSON, 1993-94 (2013), 452 p., 3,5 /6)
Incluant : la Chute (20 chapitres, plus 3 prologues et 3 interludes), la Quête (5 premiers chapitres) et la Croisade (15 premiers chapitres)
Ça y est, j'ai enfin plongé! Après m'être procuré quelques-unes des nombreuses sagas vécues par Batman qu'Urban comics compile sous forme de petites briques, j'ai décidé de commencer à lire celle qui, chronologiquement, était la plus ancienne. J'ai donc débuté une saga-culte du Bat-Univers : Batman - Knightfall!
Composé de 5 tomes (faisant chacun de 350 à 450 pages!!), ce récit épique raconte un des moments les plus pénibles de la vie de l'Homme-Chauve-souris : celui où Bane, un colosse surpuissant, parvient à découvrir son identité et vient l'affronter au manoir Wayne pour finalement le terrasser en lui fracassant la colonne vertébrale d'un coup de genou! Paraplégique (ou presque), le pauvre Bruce n'aura d'autre choix que de laisser son costume de chauve-souris à un substitut... L'heureux élu s'appelle Jean-Paul Valley, un Français au lourd passé qui utilisait déjà un avatar masqué : Azrael. Mais comment ai-je vécu cette première réelle immersion dans un long récit de notre justicier chouchou?
Pour commencer, parlons de ce qui saute aux yeux au premier coup d'œil : les dessins! D'abord, les couvertures des recueils sont assez jolies... mais j'avais oublié que très souvent, avec les comics, elles ne sont pas l'œuvre du dessinateur de l'album!! C'était le cas ici, et j'ai été un peu surpris du décalage entre les dessins intérieurs et ceux des couvertures. C'est que cette saga date des années 90, et les dessins s'en ressentent! Sans être déplaisants, ils gardent encore des allures de ceux, maniérés, des années 70, et la coloration reste encore, par moment, un peu outrancière, comme c'était le cas à l'époque du Flower power! Disons que, de manière générale, les dessins sont corrects, mais sans plus... et qu'il s'agissait là de ma première petite déception!
Maintenant, passons au récit... en précisant que je n'ai lu jusqu'à présent que les 3 premiers recueils! Je parle de recueils parce que ces briquettes sont en fait des compilations des comics originaux, chaque fascicule faisant office de chapitre. Il est intéressant de constater que les éditeurs ont sélectionné ces comics dans différentes séries, puisque la saga chevauchait diverses collections : Batman, Détective comics, Showcase '93, Batman : Shadow of the bat, Justice league - Task force et Catwoman, pour ne pas les nommer! Notons que les éditeurs ont fait un excellent travail d'imbrication qui rend la lecture très fluide, qui facilite notre compréhension de l'épopée.
Les trois chapitres de prologue du tome #1 nous présentent un Bruce Wayne troublé et amoindri. Il est encore en sevrage, son corps et son esprit ayant été sous l'influence d'un sérum mystérieux qui aurait passé proche de lui ôter la vie, si j'ai bien compris... mais j'avoue que cet aspect du récit est un peu élidé. :^( On y fait aussi la connaissance de Bane, un génie du mal bien baraqué qui, grâce à ce même sérum, peut devenir un mastodonte, une montagne de muscles surdéveloppés! Ce dernier veut se débarrasser du Batman et prendre le contrôle de Gotham. Pour y arriver, il exécute un plan machiavélique : il fait exploser l'asile d'Arkham, libérant du coup tous les psychopathes meurtriers que notre héros y a enfermés!!
Tout le reste du tome nous raconte comment Batman, toujours aussi épuisé, tente de rattraper tous ces dangereux malades en cavale. Ces pages m'ont permis de faire (ou refaire!) connaissance avec plusieurs Bat-Vilains : le Chapelier fou, le Ventriloque et Amygdale, Zsasz, Killer Croc, l'Épouvantail, le Sphinx, Firefly, Poison Ivy... et le toujours aussi fascinant Joker! Alors que notre héros s'épuise complètement à courir après tous ces criminels, le mystérieux Bane l'observe, finit par l'identifier (preuve du génie du gars car notre héros masqué n'est JAMAIS identifié par qui que ce soit!) et... va l'attendre chez lui pour littéralement le casser en deux!! Voilà. C'en est fait du Batman... et ce n'est pas un gros divulgâcheur que de vous l'annoncer tant ce récit est connu de tous les amateurs!! (D'ailleurs, l'illustration de couverture est elle-même assez explicite! ;^)
Dès les premières pages du tome #2, Bane balance la carcasse de Batman du haut d'un édifice de manière à ce que toute la ville sache qu'il en est maintenant le maître! Tandis que Robin et Alfred mettent tout en œuvre pour sauver la vie de leur ami, toute la racaille de la ville s'agite et tente de prendre sa part du gâteau... non sans que Bane vienne leur mettre les points sur les i !! Devant ce déferlement de criminels en ébullition, Robin et Alfred optent pour la seule issue qu'il leur reste : faire de Jean-Paul Valley, l'émule que Bruce Wayne était justement en train de coacher, le nouveau Batman!!
Mais Valley s'enflera la tête, et bien qu'il soit aussi doué que son mentor, athlétiquement parlant, il n'en a pas la force morale. Ce n'est pas très long avant que Robin remarque qu'il y a de l'eau dans le gaz! C'est que le Batman de Valley est bien plus intransigeant que celui de Wayne! Il est beaucoup plus violent, et ne sait pas toujours quand s'arrêter! La dangerosité de l'homme est aussi remarquée par l'inspecteur Gordon (qui n'est pas au courant du changement!) et par certains Bat-Vilains! Ce néo-Batman se crée un nouveau costume, y ajoutant des lames et des accessoires bien plus agressifs qu'avant... et il finira par mettre Robin à la porte, n'en pouvant plus d'entendre ce jeunot lui demander d'y aller mollo! :^O
Parallèlement à ça, on assiste à l'enlèvement de monsieur Drake (le père malade de Robin) et de la Dre Kinsolving, son médecin... et la flamme pour qui le cœur de Bruce commençait à battre! On suivra donc cette deuxième intrigue, malheureusement beaucoup plus ténue, où le pauvre Bruce, assisté de son toujours dévoué Alfred et d'autres justiciers masqués, poursuit les ravisseurs à travers le monde... alors qu'il est en fauteuil roulant!! :^0
Le très long tome #3 poursuit l'intrigue principale (avec Batman / Valley qui tente de surmonter ses démons d'enfance, lui qui a été conditionné par une secte à devenir un assassin professionnel!) et la secondaire (alors que Bruce commence à pouvoir se traîner difficilement avec des cannes...).
De manière générale, le personnage de Jean-Paul Valley m'a plutôt déçu. Vous l'aurez compris, c'est un être très sombre et torturé, et ses combats intérieurs (la fameuse Croisade qui donne son titre au tome #3) ne m'ont pas intéressé. On passe beaucoup de temps dans ses pensées, avec ses doutes, ses convictions, ses ambitions, ses préjugés, sa haine... Les encadrés narratifs sont légions, toujours remplis de réflexions psycho-pop songées qui, ma foi, m'ont même souvent ennuyé... comme c'est le cas, généralement, avec tous les personnages sombres et négatifs... :^(
D'où mon regain d'intérêt à chaque fois qu'on revenait à l'intrigue secondaire! J'aimais encore mieux lire les déboires de Bruce et Alfred à la poursuite des ravisseurs de la belle docteure Kinsolving et ce, même s'ils étaient totalement tirés par les cheveux! Imaginez : le gars à la colonne vertébrale cassée réussit, à peine quelques mois après son accident, à mettre en déroute des motards en leur assénant des coups de cannes... alors qu'il arrive à peine à crapahuter hors de son fauteuil roulant!??! Ridicule?? Oui, mais je trouvais ça encore plus intéressant que les autoflagellations psychologico-philosophiques du beau Jean-Paul!! Le seul moment où ce nouveau Batman a réussi à capter mon attention, c'est quand le Joker a refait surface, au milieu du tome #3! Et c'était plus ce fabuleux vilain qui me fascinait encore que le justicier qui s'en prenait à lui!
Bref, je ne sais pas encore comment tout cela va se terminer : il me reste encore deux gros tomes (de 384 et 352 pages!!?) à lire. Mais je laisse la chance au coureur! Qui sait : peut-être Jean-Paul Valley trouvera-t-il (enfin!) le chemin de sa rédemption, qu'il réalisera à quel point il est insupportable et qu'il fera amende honorable?? Ou peut-être les tomes 4 et 5 laisseront-ils une plus grande part aux improbables mais passionnantes aventures de Bruce le miraculé? De toute façon, vous entendrez parler d'ici peu de la suite et fin de cette saga, que je ne recommande pas au moins de 14 ou 15 ans. Et désolé si mes commentaires sont considérables... mais rappelez-vous qu'ils portent quand même sur 1148 pages! Ouf!!
À lire aussi : la critique de Yaneck au sujet du premier de ces tomes.
Ce qui m'a le plus agacé :
- les crédits des dessins, sur les couvertures. D'abord, les tomes #2 et 3 ne listent que leurs quatre scénaristes, et aucun des neuf dessinateurs qui y ont contribué!!:^O Pour ce qui est du tome #1, on peut y voir le nom de deux des quatre illustrateurs: Aparo et Breyfogle. Ce dernier n'y a commis que 3 chapitres (et dans un style assez décevant merci!)... Graham Nolan en a dessiné 3, lui aussi, mais ses dessins sont bien plus intéressants... et on le retrouvera à 9 reprises dans les deux tomes suivants (vous savez, ces tomes où les dessinateurs ne sont pas crédités!)!? C'est un peu aberrant, surtout quand on sait que c'est Aparo et Nolan qui tenait le projet sur leurs épaules, et que Nolan a plus travaillé qu'Aparo (sur ces trois premiers tomes, du moins)!
- l'inégalité des dessins et, de manière générale, leur banalité... Si certains dessinateurs s'en tirent mieux que d'autres, même les moins pires ont des petites lacunes qui font en sorte que je ne m'extasie devant aucun!:^( Comme je le disais, ces dessins semblent presque tous dater des années 70 ou 80. Pour faire une histoire courte, je pourrais vous classer ces artistes en trois catégories. A) Ceux qui ont un style vraiment particulier, qui détonne du lot, un brin avant-gardiste (ils ne sont que deux!). Je reconnais leur talent et leur originalité... mais leur style n'a malheureusement pas su me plaire!:^( B) Ceux dont le dessin est correct... mais avec d'assez importantes lacunes (de perspective, de proportions, de fluidité dans les scènes d'action...) pour refroidir mes ardeurs... Puis C) Ceux qui ont un dessin que je trouve fade ou sans vie... mais la plupart de ceux-là démontrent de belles compétences de mises en pages!:^0 Au final, donc, on reste dans le «correct, mais sans plus»! Maintenant, si vous voulez avoir plus de précisions sur les forces et faiblesses de chacun, j'ai décortiqué tout ça... mais j'ai choisi de le déplacer à la toute fin de ma critique, question de ne pas ennuyer (ou effrayer!! ;^) ceux d'entre vous que ça intéresse moyennement!
- les couleurs, qui ont aussi mal vieillies. Je décrirais ça comme un mélange de fadasse et de criard, tout à fait d'époque... mais assez moche en comparaison avec ce que nos artistes actuels sont en mesure de faire (avec un équipement technologique tout à fait différent, j'en conviens!).
- le personnage d'Azrael, alias Batman #2, alias Jean-Paul Valley. J'aurais tant aimé aimer ce personnage (français, de surcroit!)! La prémisse me semblait intéressante: le pauvre a été conditionné (par hypnose, dès l'enfance) à devenir l'Azrael, c'est-à-dire le maître-assassin de l'Ordre de St Dumas, une sorte d'Ange de la Mort à la merci des dirigeants de cet ordre obscur. Auprès de Wayne et de Tim Drake, il était en train de travailler à une méthode de déprogrammation lorsque le terrible accident de Bruce a mis Batman au rancart. Un peu forcé de prendre la place de son maître, le personnage se prend au jeu et devient une sorte de version hardcore, beaucoup plus violente, beaucoup moins éthique, du héros! Son impétuosité incontrôlable, les modifications de plus en plus morbides qu'il fait au costume du Batman, ses décisions de mégalomane (comme celle de congédier Robin, Ace et Harold et de leur interdire l'accès à la Bat-Cave) et, surtout, ses longs et interminables débats intérieurs, fruits de sa quête existentielle (d'une nébulosité philosophique imbuvable!), me l'ont rendu très antipathique. Je ne me suis pas attaché à lui... ce qui explique que je reste pas mal sur ma faim, puisqu'il est le héros de plus des deux tiers de ces 1148 pages! Déçu, je suis... ;^(
- les narrations poético-littéraires, dont on ne connaît à peu près jamais l'origine! À de nombreuses occasions, le narrateur est impossible à identifier! Est-ce un narrateur omniscient ou Jean-Paul qui se parle à lui-même? Si tel est le cas, il le fait souvent à la troisième personne... quoique ça irait avec son narcissisme! Pourtant, si on se fie au texte, on dirait parfois qu'il y a changement de narrateur, mais sans que ça soit clair... C'est le cas dans les chap. 19 et 20 du tome #2, et dans tout l'arc avec les frères pistoleros, dans le tome #3. Il s'agit pour moi d'un autre facteur d'insatisfaction à l'égard de cette série!
- les chapitres 5 à 7 du tome #3. Il s'agit, justement, de cet arc avec les deux ridicules cowboys séparés à la naissance, ces Dupond et Dupont du Far-West! Si ces deux vilains ont un certain caractère, les péripéties qu'ils font vivre au nouveau protecteur de Gotham sont horriblement tirées par les cheveux!! Un Bat-Train relié «secrètement et sans que personne ne le sache» au labyrinthe ferroviaire qui sillonne la ville et ses sous-sols??!! C'est déjà trop fort... Mais quand, en plus, les deux guignols décident de s'emparer du wagon chargé de transporter les recettes du métro JUSTEMENT au moment où Batman expérimente son nouveau jouet sur rail, on est dans le n'importe quoi! Et comme si ce n'était pas assez, on veut nous faire croire que Batman / Valley a étudié et mémorisé (ou monté un programme informatique intégrant) toutes les voies, les connexions et les horaires de TOUS les trains et métros qui y circulent, et leurs interactions de manière à parvenir, lui, à zigzaguer à travers eux sans anicroche!!?? Désolé: c'est le genre d'accumulation d'exagérations qui me fait décrocher!:^P
- plusieurs coquilles (forcément, sur presque 1150 pages!). Voici celles que j'ai remarquées: tome #1, p.107: «La nuit n'annonçait comme longue...» (un s' s'imposait). Tome #2, p.4 (dans la 2e colonne de la préface!): «...afin d'appliquer ses convictions politiques et à inciter ses concitoyens à participer à sa révolte.» (ç'aurait manifestement dû être un d'), puis p.193: «Je te t'ai pas obligé à me suivre.». Tome #3, p.44: «J'ai bien peur qu'il ne soit plus vraiment pas le même homme.» (le traducteur a visiblement hésité entre deux formulations! ;^), p.47: «...tu pourrais être tenté de te mettre à table pour en parler du bon vieux temps.» (idem), p.334: «Où est-ce tu trouveras quoi dire...» (il manque un que) et p.364: «Elle en route.» (un est oublié). On peut rajouter à ce spicilège la p.278 du tome #2, où l'initiale d'un encadré narratif n'a pas été retracée par les adaptateurs, nous laissant avec un: « oilà...» orphelin, et la p.284 du tome #3, où un autre encadré, tout mini, n'a même pas été traduit: «I do.»!:^0
- la violence relative de ces tomes. Je l'ai déjà mentionné: Valley devient un Batman beaucoup plus agressif que son prédécesseur. Il ajoute à son costume des lames, des gantelets aux dangereuses griffes proéminentes et des shuriken qui lacèrent ses opposants. Il frappe ceux-ci jusqu'à ce qu'ils tombent... mais continue alors à les tabasser, sans vergogne! Bane fracasse aussi le crâne d'un opposant avec sa propre tête... mais on est dans un comic de superhéros, ça vient quand même un peu avec le genre! Étrangement, ce qui m'a le plus fait réagir, c'est la scène où Mekros, un inquiétant mercenaire en armure, tire au pistolet-mitrailleur sur les innocents clients d'un magasin (tome #3, p.48)!!:^0 Je me suis surpris à trouver cette scène, en quelque part beaucoup plus réaliste que les autres, parce que plus proche de notre quotidienneté, plus dérangeante, plus traumatisante...
- plusieurs incohérences, dont certaines assez aberrantes!! Oui, je sais: on est dans un comic, il ne faut pas trop en demander!... Et pourquoi pas?? Si j'aime mon comic sans exagération ni incohérence, j'ai bien le droit, non? Ça doit pouvoir exister??! Ainsi, Bane parvient à fracasser la colonne de Batman, puis il le balance dans une foule du haut d'un édifice d'au moins 9 étages... Et Bruce n'est que blessé!?!:^O QUOI!! QUE blessé!!?? Et, parmi les badauds, personne ne tente de le soigner... ni de lui retirer son masque, d'ailleurs, question d'enfin connaître l'identité secrète du justicier!! Recueillie par Alfred, Jean-Paul et Robin (déguisés en ambulanciers), sa carcasse est rapatriée à la Bat-Cave, où Alfred le prendra en charge, nous dévoilant... une expertise de traumatologue urgentiste spécialisé en moelle épinière!!!?? Que le majordome, ancien comédien, ait développé quelques compétences en points de suture ou en premiers soins des hématomes à force de soigner son maître qui se fait tabasser toutes les nuits depuis des années, je veux bien... mais il y a des limites!! Personnellement, j'adore Alfred, et je suis prêt à tout lui pardonner... mais je n'en pense pas moins qu'ici, la limite a été franchie, et grandement! :^P Plus tard, la rapidité de la réhabilitation de maître Wayne m'a un peu fait tiquer: son passage de la position alitée au fauteuil roulant, puis, plus tard, du fauteuil aux cannes se fait, ma foi, en à peine quelques semaines!!? N'avait-il pas la colonne fracassée? Ne s'est-il pas écrasé sur le sol, après une sacrée chute? Mais, encore là, j'ai choisi d'être bon prince... jusqu'à ce qu'on le voit COMBATTRE!!!??? En fauteuil (tome #2, p.184 et 188) ET avec ses cannes (dans les deux derniers chapitres du tome #3), alors qu'il a toutes les misères du monde à ne pas tomber!!? Il a beau avoir des cannes super-équipées (avec gaz, fléchettes et teaser intégrés!), ça reste du grand-guignol! D'autant plus qu'on nous dit que ces cannes ont été conçues par Harold, ce même Harold dont la disparition vient d'être annoncée par Robin, quelques pages plus tôt!?? Avouez que tout ceci tient du miracle! Sinon, j'ai aussi trouvé difficile de croire que la Catwoman puisse se sauver à la nage en tenant dans ses mains une pleine bonbonne de gaz (??!! p.254 du tome #3) ou que le Joker ait pu s'évader aussi facilement de l'ambulance où il était ligoté à une civière et surveillé par un policier et un ambulancier (p.366 de ce même tome). Il faut qu'on les aime, ces personnages, pour continuer à les lire après d'aussi hasardeuses aberrations! ;^)
- le vocabulaire des bas-fonds de Gotham... traduit en argot parisien!! Encore une fois, je me dois de souligner le peu de crédibilité de cet argot qui ressemble à tout SAUF au slang qu'on doit entendre dans les quartiers miteux des grosses villes américaines! Au moins, malgré mes fous rires, j'ai pu apprendre de nouvelles expressions argotiques comme cracher sa valda, des biffetons et des nèfles, des barbouzes, des minots et des clampins, le bigo et la mouscaille... Mais j'ai aussi appris un beau motscientifique : le halon, qui est une autre façon de nommer le fréon! ;^)
- la taille des volumes. Croyez-moi, de si grosses briques se tiennent très mal, quand on lit au lit! Leur poids est vraiment impressionnant... si bien que la reliure d'un des miens a commencé à se déchirer?!:^( C'est gentil de vouloir nous en mettre beaucoup à la fois, mais de plus petites bouchées seraient peut-être plus digestes... et mettraient moins les reliures à l'épreuve?!:^S
Plus grandes forces de cette BD :
- la petite page de présentation des principaux protagonistes. Présente dans chacun des recueils, elle nous permet de savoir dès le départ à qui nous aurons affaire. Dommage qu'elle ne laisse de l'espace que pour 6 personnages...
- des personnages que j'ai appris à découvrir... nouveaux ou pas! Il y a tout d'abord la Dre Kinsolving, cette jolie et brillante Afro-Américaine qui soigne à la fois la dépression de Bruce Wayne et celle de Jack Drake, le père de Tim / Robin. Elle se révèlera remplie de surprise!! ;^) L'imposant Bane est impressionnant à voir aller, tout comme l'Épouvantail, si malingre mais ô combien effrayant! J'ai beaucoup aimé les passages avec le Chapelier fou et son singe savant, mais encore plus ceux avec le Ventriloque et son Ti-Bas (!!?), à la recherche de sa marionnette-fétiche, le machiavélique Scarface: quelle fascinante illustration de ce qu'est une psychose! J'ai bien aimé aussi la participation de la toute discrète Gipsy et du Masque, ce justicier masqué londonien, ou celle des policiers de service, Montaya et Bullock: j'ai toujours aimé ces travailleurs de l'ombre, dont on oublie trop souvent l'importance! J'ai fait la connaissance avec Harold Allnut et Ace, le chien (même si c'est surtout mes recherches sur le Net qui m'ont permis de savoir exactement qui ils étaient!). Et puis j'ai découvert le sadiquement pervers Zsasz, un surprenant vilain dont je n'avais jamais entendu parler... mais qui m'a fait une très forte impression (un effrayant maniaque dégénéré, oui, avec des cicatrices obsédantes!)!:^0 Un petit plus: le chouette tableau qui apparaît sur le Bat-Ordi de la Bat-Cave, nous montrant près d'une vingtaine de Bat-Vilains (p.80 du tome #1)! Près de la moitié m'était inconnue!! ;^)
- mes moments forts! D'abord, la libération (ma foi, plutôt musclée!) des patients de l'asile d'Arkham. Il faut avouer que le plan de Bane était pas mal ingénieux! Puis, l'attaque de ce mastodonte, au manoir Wayne, alors que Bruce est au plus bas, est assez angoissante! D'ailleurs, la vignette qui débute cette séquence, celle où Bruce découvre Alfred étendu au tapis, nous met immédiatement sur nos gardes: le suspense est enclenché! Dommage que le fameux combat, qui suit, soit un peu trop étiré dans le temps et dans le verbiage!:^( Les épisodes avec Double-Face (deux chapitres parus dans la série Showcase 93) et l'Épouvantail (trois chapitres formant l'arc intitulé originalement the God of fear, paru dans Shadow of the bat) m'ont paru plus forts que les autres, particulièrement celui de l'Épouvantail, d'une tension palpable! J'ai été étonné d'y retrouver, déjà à cette époque, des casques de réalité virtuelle! ;^) L'enlèvement de Shondra Kinsolving est aussi un des bons moments d'émotion, car sa romance avec Bruce est touchante... Puis tout l'arc avec le Joker, dans le tome #3 (chap. #13 à 15)a su restaurer mon intérêt : ce vilain est vraiment d'un charisme fou, et j'ai adoré toutes les allusions cinématographiques (Casablanca, Psychose, Godzilla...) intégrées à son projet de filmer, en direct, la mort de Batman! ;^)
- un certain humour, et quelques amusants clins d'œil. Alfred, avec son sempiternel flegme britannique, a toujours son petit ton pince-sans-rire que j'aime tant (surtout à la p.208 du tome #1). J'ai aussi beaucoup ri quand le commissaire Gordon est surpris de voir que Batman / Valley est toujours dans son dos (tome #2, p.223-224): le vrai Batman lui fait tellement TOUJOURS le coup de la disparition-éclair que le commissaire en vient même à déduire que ce Batman n'est plus celui qu'il connaît et apprécie! Sur le plan des clins d'œil, notons la présence du nom de Bob Kane (le créateur de Batman) à deux reprises: on peut entrapercevoir, en effet, le Bob Kane art museum (p.9 du tome #2), ainsi qu'un Bob Kane tagué sur un mur (p.167 du tome #3)... Et je m'en voudrais de passer sous silence l'arrivée d'une certaine Lady Diana Spencer au riche banquet britannique auquel Bruce s'invite, à la fin du tome #3 (p.414)! ;^)
- les couvertures de fascicules de Brian Stelfreeze. Son style, net et clair, est beaucoup plus dans mes cordes que celui de tous les autres dessinateurs! Ses illustrations détonnent vraiment. J'espère pouvoir lire un jour un album signé complètement par ce dessinateur de talent! Internet m'apprend qu'il vient justement d'illustrer quelques tomes du reboot de la série Panthère noire, chez Marvel: ça semble visuellement très réussi!
- une belle trouvaille éditoriale: celle de l'image du Bat-Signal qui s'éclipse peu à peu, au fil du récit!! Vous savez, la fameuse projection que l'inspecteur Gordon peut lancer dans le ciel pour prévenir Batman qu'il a besoin de son aide? Eh bien à la fin de chaque chapitre, on en voit l'image, en plein centre d'une page noire... mais, de chapitre en chapitre, son cercle jaune est de plus en plus occulté par un cercle noir, tandis que l'ombre noire de la chauve-souris passe progressivement au rouge! Ça crée un effet très intéressant, car cette métamorphose du signal cadre avec la détérioration progressive du héros... Quand Valley prend officiellement son rôle, le cercle redevient jaune, mais l'ombre y est beaucoup plus stylisée, à l'image du nouveau costume que le Français impose au personnage. Une facétie ingénieuse et efficace! ;^)
- les passages, malheureusement trop brefs, de plusieurs héros secondaires. J'ai bien aimé voir Nightwing (aux cheveux longs!!?) venir faire une petite visite à Robin, de même que les apparitions-éclairs de Green Arrow (avec sa dégaine vieillotte de Robin des bois blond avec bouc!), de la Hunteress (que les traducteurs n'ont pas voulu nommer la Chasseresse) ou d'Oracle, alias Barbara Gordon (l'ex-Batgirl condamnée au fauteuil roulant, elle aussi et, accessoirement, fille du célèbre commissaire!). J'aurais aimé les voir plus longtemps...
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Commentaires plus pointus sur le travail des dessinateurs
Le pire d'entre tous, c'est Kelley Jones. Heureusement pour moi, il ne dessinait que les couvertures de fascicules (qu'on retrouve au début de chacun des chapitres). Les éditeurs ont quand même fait appel à ses services pour illustrer (pour ne pas dire gâcher!) 27 des 45 chapitres inclus dans ces trois premiers tomes!! Sa ridicule habitude de surdimensionner les oreilles du casque de Batman (les deux légendaires pointes sont une fois et demie plus longues que son visage!!?? :^O) m'a horripilé tout du long, et la proportion des têtes de la Femme-Chat (p.70 du tome #2) ou de Cindy Brooke (p.344 du tome #3) me confirme qu'il dessine comme un beigne, désolé pour ceux qui l'apprécient! Et Sam Keith qui y va dans le même sens, avec des oreillettes encore plus hautes, sur son horrible couverture du chapitre 8 (dans le tome #1)! :^P
Pour ce qui est des dessinateurs principaux, tous ont des plus et des moins à leur crédit! Janson et Giarrano ont un style trop anguleux et un encrage trop hachuré à mon goût... mais je leur concède que leurs traits sont beaucoup plus originaux que les autres, étonnamment très modernes, pour ne pas dire avant-gardistes! On jurerait des BD stylisées contemporaines! J'aurais aimé y accrocher, surtout que Giarrano donne à ses personnages des silhouettes funkies qui rappellent le style de Cyril Pedrosa! :^S
Aparo dessine un Joker très convaincant, mais il est celui dont le style fait le plus ancien... et sa Poison Ivy ressemble à un grand travelo mal fagotté! :^P
Balent a un style beaucoup plus fin (son Killer Croc semble tellement plus réaliste que celui d'Aparo, qui a l'air d'une fade copie du Gollum de Tolkien!), mais sa Catwoman est exagérément voluptueuse : on jurerait qu'elle est nue avec de la peinture mauve sur tout le corps!? De plus, de nombreuses bévues gâchent certaines de ses planches (comme cette pauvre femme au cou tordu, à la p.215 du tome #3!?)...
Idem pour Manley : toujours dans le 3e tome, il poursuit avec la même Femme-Chat quasi à poil et lui tord les membres à sa guise (voir la 4e vignette de la p.266 : j'ai mis presque une minute à trouver sa jambe gauche!! ;^). Et pour ce qui est de ses combats, ils manquent atrocement de fluidité (à preuve les p.32-33, 48-49 ou 264 de ce même tome).
Brent Blevins nous sert un très intéressant épisode avec un Épouvantail vraiment effrayant. Ses dessins (sur fond noir) y sont très dynamiques, avec de très efficaces mises en pages hyper angulées, qui ajoutent à la folie du machiavélique personnage... mais ses trois chapitres qui présentent l'épisode de Bruce en Angleterre (à la fin du tome #3) manquent d'âme, de conviction...
Sal Velutto nous étale, sur les deux chapitres tirés de la série Justice league - Task force, sa totale incompréhension de l'anatomie humaine!! Son Tigre de bronze (héros peu connu de la franchise) possède probablement plus de 800 muscles de trop (!??!), tant dans les cuisses que sur le torse et ce, tout du long de l'épisode (mais c'est particulièrement perceptible aux p.307 et 308 du tome #2)... Mais Batman / Azrael n'est pas en reste non plus à p.317, page où Robin semble, lui, avoir une jambe atrophiée!? Et je ne vous parle pas de son Bruce Wayne, qui n'est jamais tout à fait pareil et qui ressemble, par moment, à un Jean-Paul Belmondo vieillissant... mais en plus laid!! Au moins, ses mises en pages sont variées et dynamiques... :^S
Quant à Graham Nolan, le dessinateur le plus présent de ces trois tomes, il nous offre de beaux Batman ou Robin en contre-jour, sur la lune, alors qu'ils s'élancent sur une liane... attachée après quoi, pour l'amour?? Ils sont presque en rase campagne, sans aucune construction à des kilomètres à la ronde (p.210 et 251 du tome #1) ! C'est très esthétique, mais très ridicule, aussi! :^S De plus, il choisit parfois des poses étranges, qui ne facilitent pas la compréhension de l'action (ex. : p.360 du tome #3). Heureusement, son Joker est très efficace... tout comme celui d'Aparo!
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