#02 - L'ENVERS DE LA RETRAITE
Scénariste(s) : Daniel SHELTON
Dessinateur(s) : Daniel SHELTON
Éditions : les 400 coups
Collection : Strips
Série : Ben
Année : 1998 Nb. pages : 102
Style(s) narratif(s) : Strips
Genre(s) : Humour tendre, Quotidien
Appréciation : 4 / 6
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Bons vieux, bonne BD!
Écrit le mardi 09 février 2010 par PG Luneau
Une dizaine d’années avant la Mamette du Français Nob, il y avait déjà une personne du troisième âge qui sévissait dans le doux monde de la BD : un charmant retraité, dont les gags, en strips, sont publiés très régulièrement dans une tonne de journaux québécois, canadiens, américains et asiatiques ! Ce précurseur en matière de cheveux blancs dans le neuvième art, c’est bien sûr Ben Hatley… et c’est un québécois!! D’ailleurs, je lis personnellement ses gags tous les jours sur internet.
Daniel Shelton, son créateur, est un anglophone des Cantons de l’Est qui habite maintenant à Hudson, près de Montréal. Son but, en créant cette série, c’était d’explorer le monde de la retraite. C’est pourquoi le tout premier strip de la série (qui date de 1996) présente le premier lundi matin où Ben n’a pas à se lever : ça y est, le jeune vieillard n’aura plus à se jeter dans la cohue quotidienne des automobilistes endormis! Les doux plaisirs d’un repos bien mérité s’offrent à lui.
De strip en strip, on a découvert son épouse, Olivia, puis sa fille, son gendre et leur fiston. Tout comme le faisait Lynn Johnston pour son excellente série For better or for worse, Shelton fait vieillir progressivement ses personnages. Ainsi, dans le tome que je viens de lire, qui présente tous les strips de l’année 1998, les grands-parents n’ont encore qu’un petit fils, Nicolas, qui semble avoir un an environ. Dans les strips que je lis quotidiennement en ligne, en français, sur Sympathico, le troisième garçon de Linda et Nathan vient de naître, alors qu’en anglais, le quatrième bambin a déjà deux ans (et c’est enfin une fille!!)… alors que «bébé» Nicolas a déjà huit ans!
Mais revenons-en à ce deuxième tome de compilation que les éditions les 400 coups ont eu la bonne idée de publier en 2008. Dans un format à peu près carré, sous couverture souple, on peut retrouver trois cents strips du charmant couple Hatley. Tous ne sont pas hilarants (mais il y en a quelques uns, plus que je ne l’avais cru de prime abord !) mais tous sont archi-sympathiques et savoureux. Désirant toucher le plus large public possible, monsieur Shelton nous présente un couple d’aînés en santé, actif, lucide et encore amoureux. Grâce à un dessin simple, dépouillé et tout en rondeur, il parvient à toucher l’âme de la «famille universelle», avec ses hauts et ses bas. Ben est un mordu de golf et de télé, Olivia se passionne pour le jardinage et cherche à développer ses talents en se lançant dans le tai-chi ou la peinture.
En somme, Daniel Shelton me donne ma petite bulle de bonheur quotidienne, et les 400 coups nous permettent de nous offrir ces bulles en rafales! Précisons que les tomes #1 et 3 sont aussi sortis, dans la même collection… et que j’espère que les autres suivront dans un avenir rapproché : j’ai hâte de faire la connaissance de la petite dernière!
Plus grandes forces de cette BD :
- la simplicité des traits. Tous les dessins semblent faits de quelques coups de crayon… mais des coups si efficaces que tout y est, tant au niveau des décors que des expressions faciales des personnages. Très sympathique, tout cela!
- la bonhomie du personnage principal. Ben est un bon diable, un homme ordinaire, armé de son gros bon sens. La grande majorité d’entre nous pourrons se reconnaître en lui.
- les situations très quotidiennes. On peut tous se retrouver dans ces petits gags, car on est tous passés par là… ou ça viendra!
- les épisodes qui s’étirent sur plusieurs strips. J’ai toujours eu un petit faible pour ces gags qu’on fait évoluer sur plusieurs jours (puisqu’on parle généralement d’un strip par jour lors de leur parution originale). Ça ajoute à la véracité : on embarque encore plus dans l’intimité des personnages, on s’intéresse à leurs déboires et on compatit avec eux. Dans ce tome, il y a notamment la fois où Olivia parvient à faire exposer une de ses toiles mais que Nicolas la gribouille la veille de l’expo, les vacances en Winnebago, les anecdotes de la vente de garage, de la sortie aux quilles, de la fraude téléphonique dont Ben et Olivia sont victimes et de l’achat du premier ordinateur… Il y a aussi l’épisode où Ben devient Père Noël de centre d’achat ou, le plus tordant : lorsqu’il se fait chaudement courtiser par Mademoiselle Géraldine, la bibliothécaire de quatre-vingt-six ans! Il n’y a pas à dire, l’humour de Daniel Shelton vise souvent très juste.
- L’adaptation française québécoise. La traduction des gags est très bien adaptée à notre culture spécifique : quand on entend Ben dire qu’il ne peut pas s’empêcher d’écouter les Machos ou la Fureur, on reconnaît notre télévision à nous… enfin, celle de l’époque! Je suis assuré que les émissions citées dans les éditions originales de ces gags n’étaient pas ceux-là!! Même le nom de la fille de Ben et Olivia a été modifié : de Patty, elle est devenue Linda!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- un des strips semble avoir été mal placé dans la ligne temporelle. En effet, à la page 99, alors que Ben et Olivia sont en voyage en caravane depuis cinq pages, et qu’ils le seront encore pour deux pages de plus, on retrouve le couple, à la maison, en compagnie de bébé Nicolas!! Mystère…
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