#01- LES PLUS BELLES ANNÉES
Scénariste(s) : Daniel SHELTON
Dessinateur(s) : Daniel SHELTON
Éditions : les 400 coups
Collection : Strips
Série : Ben
Année : 1996 Nb. pages : 104
Style(s) narratif(s) : Strips
Genre(s) : Humour tendre, Quotidien
Appréciation : 4 / 6
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Enfin la retraite!
Écrit le dimanche 21 août 2011 par PG Luneau
Quel plaisir de retrouver ce bon vieux Ben! Surtout de le redécouvrir à ses tout premiers débuts!! Et même si j’avais déjà lu la presque totalité de ces premiers gags dans deux albums couleur, grand format, que les éditions Mille Îles avaient édités, en 1998 et 2000, je suis quand même content de relire ces strips en noir et blanc. C’est en effet plaisant de les savoir sous la même jaquette que tous les autres de la série, que les 400 coups nous publient maintenant, au rythme d’un par année.
Surtout que certains de ces strips m’avaient bien fait rire. C’est le cas, notamment, de ceux où cette coquine d’Olivia prend ses premiers cours de dessin et qu’elle réalise qu’elle devra dessiner un modèle masculin… nu! Rires assurés! D’ailleurs, je ne me rappelais pas qu’elle était si coquine, notre OIivia, et que Ben était si rabat-joie, quand elle se fait trop insistante!
Pour ceux qui ne la connaisse pas encore (et ceux qui n’ont pas eu la chance de lire ma critique du tome #2!!), précisons que cette série – et encore plus particulièrement cet album! – nous présente Ben Hatley, un gentil monsieur chauve et bedonnant qui pourrait bien être votre voisin, aux tout premiers jours de sa retraite. Après 35 ans de bons et loyaux services, il est maintenant prêt à se la couler douce en s’adonnant à ses quatre activités favorites : dormir, jouer au golf, écouter la télé… et prendre soin de sa famille (son épouse Olivia, évidemment, mais aussi sa fille Linda, son gendre Nathan et son petit-fils, le tout jeune Nicolas!). À travers le quotidien de cet heureux grand-père et de ses proches, l’excellent Daniel Shelton nous amuse en croquant avec humour les petits tracas qui sont le lot de notre train-train quotidien!
Ainsi, que ce soit lors de sa première vente de garage ou même lors de la visite de son insupportable frère (ce dernier est millionnaire et effrontément condescendant), on aura tous des impressions de déjà-vu, causées par une situation, un personnage ou une remarque qui nous rappellera une situation similaire, une connaissance à nous ou une tirade qu’on a déjà dite… ou qu’on s’est déjà fait dire!! D’ailleurs, Shelton a non seulement le chic pour bien saisir l’humour tendre qui jaillit dans le quotidien de qui veut bien le voir, mais il possède en plus un talent indéniable pour le croquer d’un trait rond, fluide et sympathique, parfaitement maîtrisé. Ses longues années d’illustrateur lui servent bien, car même si les protagonistes de sa série n’ont pas encore tout à fait leurs traits définitifs (ne trouvez-vous pas qu’Olivia a des airs de Délima Caillou?! Et que Ben a des bajoues beaucoup plus carrées que maintenant?), on voit néanmoins tout de suite que l’artiste contrôle son crayon depuis longtemps : ses lignes sont sûres et précises, d’une souplesse exemplaire.
Bref, j’ai retrouvé ce bon vieux Ben (que je lis quotidiennement sur le web) comme on retrouve une paire de vieilles pantoufles : avec un bonheur rempli de satisfaction! De par ses thèmes somme toute banals et proches de nous, cette série, bien que familiale, risque surtout d’intéresser les adultes au cœur d’enfant.
P.S. : J’aime encore plus Ben depuis que je viens de (re)découvrir qu’il est un collectionneur de bandes dessinées! Je me retrouve donc avec un point commun avec lui (et non, mauvaises langues, ce n’est ni son âge, ni sa calvitie!!) !
Plus grandes forces de cette BD :
- la maquette de la série. J’aime beaucoup ce format carré, couleur jaune beurre uniforme, avec le titre et le dos d’une couleur terreuse un peu vieillotte (ici, un vert olive). Ces choix cadrent bien aux personnages et à l’ambiance recherchée. De plus, encore une fois, je trouve que cette uniformisation fait très jolie quand on dispose nos tomes côte à côte dans une bibliothèque! D’ailleurs, le fait de compiler une année de parution par album nous permet de faire le tour du calendrier. Ainsi, on vit réellement au rythme des saisons et des fêtes : on passe l’Halloween, Noël, la Saint-Valentin, la Fête des Mères…
- les précisions données par rapport à la réédition. C’est vraiment gentil de spécifier que ces gags ont déjà été publiés dans d’autres albums. Ça évite à ceux qui les ont déjà la mauvaise surprise de les avoir en double… à moins de l’avoir désiré!
- les soixante nouveaux strips (parus dans les journaux mais non sélectionnés dans les deux albums couleurs). C’est toujours agréable de savoir qu’on est en présence de l’intégralité d’une œuvre. Je dois avouer que, maniaque comme je suis, j’ai tenté de faire le décompte et de dénicher desquels il s’agissait… mais j’ai fini par me perdre dans mes calculs et par faire confiance aux éditeurs! Maniaque, mais pas trop!!
- le fait d’assister au début de tout! D’ailleurs, le premier gag se déroule même le matin de son tout premier jour de retraite!! Mais ce n’est pas tout! Les connaisseurs seront contents d’assister à la toute première vente de garage de Ben et d’Olivia! J’avoue avoir une prédilection pour ces événements qui s’échelonnent sur une série de plusieurs gags qui s’enchaînent (comme le rhume d’Olivia, la sortie au cinéma, etc.).
- plusieurs très bons gags qui m’ont fait rire aux éclats. Je pense entre autre à celui où Ben veut vendre, pendant sa vente de garage, une perceuse empruntée à un voisin.
- la quantité. Oui, je sais, je me répète (et je le ferai encore, j’en suis sûr!), mais je suis toujours étonné par le temps de lecture que ces genres de recueils de strips me procurent. On en a vraiment pour son argent!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la pagination microscopique. Tant qu’à l’imprimer si infinitésimalement petite, autant ne pas l’imprimer du tout!!
- un même gag utilisé deux fois. Il s’agit de celui où Ben cuisine pour plaire à sa douce moitié… mais laisse la cuisine dans un état lamentable! Il le fait une première fois quand Olivia a le rhume à la page 18, puis lors de la Fêtes des Mères, à la page 59… Et ça ne semble manifestement pas avoir été fait pour instaurer un running gag…
- une réplique qui sème un doute. Dans le bas de la page 65, Ben dit : «À cette époque (…), nous avions la maison, les enfants, la voiture!...» Est-ce que Ben et Olivia auraient eu un autre enfant?? Si c’est le cas, on n’en a jamais entendu parler!! Serait-il décédé? Tout cela est fort mystérieux… et ressemble plus à une erreur de raccord : la bible de la série n’était peut-être pas encore tout à fait au point…
- une coquille, au centre de la page 79. Linda dit : « Nathan et moi, on envie de partir en voyage et…». Ça pourrait aussi être une erreur de syntaxe, il faut voir, mais je penche plus pour l’hypothèse de la coquille car si monsieur Shelton est anglophone de naissance, il parle un excellent français (comme j’ai eu la chance de le constater lors de ma rencontre avec lui au dernier Salon du livre de Montréal!) et traduit lui-même ses textes.
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