#01- RÉVÉLATIONS
Scénariste(s) : Adeline BLONDIEAU
Dessinateur(s) : Emilio URBANO, Manuela RAZZI
Éditions : le Lombard
Collection : X
Série : Célimène
Année : 2011 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Récit psychologique, Quotidien, Drame familial
Appréciation : 5 / 6
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C'est, c'est, c'est Célimène!...
Écrit le lundi 06 avril 2015 par PG Luneau
La jeune Marie-Cécile de St Hubert, alias Célimène, est orpheline, et elle vit chez ses grands-parents depuis aussi longtemps qu'elle se souvienne. Elle y baigne dans l'opulence, mais Clotilde, sa grand-mère, n'est pas facile à vivre : stricte et exigeante, elle met tout en œuvre pour que sa petite-fille devienne une écuyère de renom et qu'elle accède à tous les podiums, comme elle le faisait pour sa fille Marie, la mère de Célimène. En fait, Clotilde est si contrôlante que Lolie, la tante de Célimène (et sœur jumelle de la défunte Marie) préfère depuis toujours vivre sa vie en marge de la famille, au grand malheur de la jeune fille, qui reconnaît dans les traits de sa tante les quelques bribes de souvenirs qui lui restent de sa mère!!
Mais voilà que, pour son 16e anniversaire, notre belle adolescente reçoit de Lolie une curieuse bague très ancienne, d'origine russe. Une bague qui lui rappelle vaguement quelque chose, mais qui déterrera surtout une foule de souvenirs auprès de son entourage. Si la belle adolescente vivait jusqu'à maintenant une vie sans histoire, elle découvrira sous peu que ses grands-parents ne lui ont pas tout dit de ses origines! Ni sur le cirque qui, de passage près du village, n'a pas le droit de s'y produire, ordre du maire... qui est nul autre que le grand-père de Célimène!?!... Il n'est pas toujours facile d'apprendre la vérité sur ses origines, surtout quand on a 16 ans et que cette vérité, que tout le monde nous cachait depuis toujours, est à cent lieues de ce qu'on s'imaginait!
Que voilà un beau drame familial qui plaira aux jeunes filles de 11 à 17 ans!! En plus d'être bien ficelé, prenant, rempli d'émotions et de retournements, on y trouve des jeunes sains, déterminés et pour qui l'amitié est une valeur primordiale! Si on rajoute à cela des chevaux et un cirque, on a tous les ingrédients pour en faire une série à succès!!
D'autant plus que, graphiquement, cet album est une merveille! Il est un pur exemple de ce que la BD italienne peut produire de meilleur!! En effet, il m'apparaît clair que les écoles de dessin italiennes et les studios Disney installés là-bas ont façonné toute une génération de dessinateurs fabuleux, qui ont appris à travailler en équipe, ce qui leur permet de produire en masse de très belles séries. Leur style est assez homogène et reconnaissable, j'en conviens, mais c'en est un que je trouve tellement plaisant et adapté aux jeunes que je ne leur en ferai jamais le reproche!! Un style lancé avec de grands noms comme Barbucci ou Canepa, sur des séries comme Sky-doll, Monster allergy, Lys, W.I.T.C.H., Sybil la Fée cartable, Princesse Sara, Ernest & Rebecca... ou même X-Campus, que j'ai critiqué ici même il y a peu! Célimène reste un produit de ce calibre, mais avec une certaine maturité, une élégance graphique qui rend le contenant aussi plaisant que le contenu, et tout aussi adapté à l'âge de son lectorat. Les jeunes adolescentes ne pourront qu'être ravies! Je leur recommande d'y plonger vivement, sans plus tarder : il y a même quelques histoires de cœur!! Quoi demander de mieux? ;^)
P.S. : Désolé pour mon choix de titre particulièrement moche : c'est simplement que, depuis une semaine que je travaille sur cet album, je suis dans l'impossibilité absolue de ne pas entendre le célèbre (et unique!) succès de David Martial : Cé, Cé, Cé, Célimène à chaque fois que je vois le nom de la série!! Comme ver d'oreille, on fait difficilement mieux!! ;^)
Plus grandes forces de cette BD :
- les superbes dessins à la mode italienne. J'en ai déjà fait l'éloge plus haut, je ne récidiverai donc pas ici. Mais si vous n'avez pas d'image précise en tête, quand je parle de ce style, songez à certains films de Disney, comme Atlantis, Tarzan ou la Planète aux trésors, ou encore, plus ancien, les 101 Dalmatiens. C'est ce genre de graphisme semi-caricatural dont on parle, où les hommes ont souvent la mâchoire coupée au couteau, par exemple. ;^)
- des mises en pages modernes, avec superpositions et inserts. C'est très dynamique et pleinement maîtrisé. Celle des pages 24 et 25, qui recoupe l'exploration de l'album-photos, est aussi très conceptuelle. C'est sympathique.
- l'intrigue, amenée tout doucement. D'abord, ce sont de petits commentaires de la grand-mère qui éveillent nos soupçons : on nous cache quelque chose... mais quoi??! Puis, il y a l'effet mystérieux de la bague, et les souvenirs qu'elle déclenche... Puis ce surprenant édit qui interdit à tout cirque de se produire au village!! Le «mystère», bien que classique, s'étale peu à peu pour ensuite se dévoiler de la même manière... J'ai bien aimé!!
- les petites intrigues amoureuses, apparemment indispensables pour rejoindre la clientèle féminine!! ;^) On a droit, ici, à la pimbêche chiante de service, au triangle amoureux (qui s'enligne peut-être pour devenir un quatuor?), à un amour impossible à la Roméo et Juliette... On a même droit au classique : «Je t'aime, tu m'ignores; Je l'aime, tu m'en veux!!» Tout pour satisfaire votre tendre fibre émotive, mesdemoiselles!! ;^)
- plusieurs beaux personnages secondaires. J'aime beaucoup la tante Lolie, la seule de la famille à tenir tête à la rigide Clotilde. Brice et Christiane forment un couple très sympathique, et on souhaite ardemment que Célimène les choisisse comme parents de substitution! Finalement, Damien est parfait dans le rôle de l'éternel ami, et l'entrée en scène du beau Firmin, le gentil rebelle à l'aura de mystère, ajoute du piquant dans l'histoire... même si on se doute un peu de son identité réelle!! ;^)
- une planche parfaitement muette! La p.43 se veut une petite bulle de pur romantisme. Elle fait du bien, au milieu de tout ce blabla!!
Ce qui m'a le plus agacé :
- la petitesse de la police de caractères choisie. J'imagine que mes yeux ne sont plus ce qu'ils étaient, mais il n'y a pas que ça, tout de même!! Le texte, très présent, est ridiculement petit, et c'est d'autant plus étrange que les phylactères qui les entourent, eux, sont très souvent étonnamment trop grands (ex.: p.44)!!? Résultat : ces grosses bulles nous coupent de l'image, mais le texte, qui semble perdu en plein milieu de ces immenses ovales blancs, est presque illisible!! Le summum de cette absurdité, c'est sur la quatrième de couverture!! Le petit texte de présentation de la série qui s'y trouve s'en veut un de promotion, pour attirer les lecteurs potentiels mais hésitants... Et bien je ne suis pas sûr que le fait de devoir sortir un microscope pour décoder ces infimes pattes de mouches est un plus!! :^O Elles auraient facilement pu être trois fois plus grosses!!
- le caractère très verbeux de cet album. Ceux qui se plaignent que «la BD n'est pas de la vraie littérature parce qu'il n'y a pas assez de textes» n'ont certainement jamais mis le nez dans cet album!! ;^) Un simple coup d'œil aux p.8, 18, 23, 24, 25, 35, 39 ou 40 suffira à les convaincre du contraire!! En fait, c'est peut-être à cause de toute cette somme de texte que les créateurs ont choisi une typographie si petite : avec des lettres plus grosses, ces pages auraient été de véritables éteignoirs. Déjà que...
- quelques petites ombres à la clarté scénaristique. Certains passages me sont apparus plus obscurs, et ce, même après trois ou quatre relectures!! :^0 C'est le cas pour le troisième strip de la p.22 : Où Célimène vient-elle de rentrer? Qui sont Ninette et tous ces gens? Des artistes-peintres, dirait-on? Mais quels sont leurs liens avec la famille de St Hubert? De même, dans le haut de la p.26, la distinction entre Lorenzo et Bruno n'est pas évidente, ni la formulation du premier pavé de texte qui tente de nous expliquer qui prend les décisions.
- l'ordre de lecture de certains phylactères, qui n'est pas toujours évident. C'est le cas, notamment, aux p.22 (5e vignette), 23 (4e et 5e) et 25 en haut. Ce genre d'ambiguïté dérange toujours la fluidité de la lecture... C'est dommage!
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