#02- DE MÂLE EN PIS
Scénariste(s) : Raoul CAUVIN
Dessinateur(s) : David DE THUIN
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Coup de foudre
Année : 2009 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Quotidien, Héros animalier, Humour fantaisiste
Appréciation : 4 / 6
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Meeeuuuuuuuh oui, tu le peux encore!!
Écrit le mercredi 04 janvier 2012 par PG Luneau
Le bon vieux Raoul Cauvin a décidé de nous ramener Désiré, l’adorable «taureau-vache» qu’il nous a présenté dans le premier tome de la série Coup de Foudre. A-t-il réussi à donner un nouvel intérêt à la déconcertante situation vécue par cette bête passablement affligée?
D’abord, rappelons-la partiellement, cette situation : Charles, un fermier pro-naturel, avait fait l’achat d’un taureau qu’il croyait normal, répondant au nom de Désiré, dans le but de permettre à sa vache, Rosette, d’avoir un petit. Malheureusement, le pauvre Désiré s’est avéré être psychologiquement incapable de «remplir la commande»… pour une raison que je vous ai tue jusqu’ici… et que je continuerai à taire, ne vous déplaise!! Après maintes tergiversations, Désiré a finalement entraîné Rosette dans un champ voisin où un tiers taureau s’est fait un plaisir de la contenter! Charles, ignorant ce dernier subterfuge et ne sachant pas encore que sa vachette était maintenant en cloque, avait fini par revendre Désiré à la foire aux bestiaux locale.
Maintenant, le petit veau est né et Charles s’en veut de s’être débarrassé aussi rapidement de celui qu’il croit en être le père. Aussi part-il à la recherche du bon Désiré, afin de lui présenter sa progéniture… et lui demander de réitérer son exploit, pour donner un petit frère ou une petite sœur au jeune Hervé!! Le pauvre Désiré se retrouve donc à la case départ!! Mais il ne pourra plus compter sur l’aide miséricordieuse du taureau voisin, victime d’un cruel accident. Comment faire pour trouver un autre géniteur bénévole??
Sur une trame assez conforme à celle du tome #1, Cauvin a réussi à pondre d’assez intéressantes variations. Les fort improbables déboires (tant internes qu’externes!) de son «taureau-vache» lui permettront d’aborder des thèmes aussi divers que la tauromachie ou l’homosexualité, sur un ton beaucoup plus sérieux qu’on pourrait le croire d’un prime abord. Pour sa part, De Thuin parvient aussi à renouveler ses angles de vue, ce qui nous donne droit à une plus grande variété de décors.
Au final, c’est avec étonnement que je constate que ce deuxième tome parvient à éviter la redite tout en restant accessible à toute la famille. Je ne suis pas sûr du tout qu’un tome #3 tiendrait la route, mais disons que jusqu’à maintenant, le duo Cauvin-De Thuin a bien rendu la marchandise. Dupuis doit être content!
Plus grandes forces de cette BD :
- le dessin de De Thuin. Comme pour le tome #1, ses traits caricaturaux des plus naïfs sont très efficaces. Son veau, le petit Hervé, est particulièrement mignon. Vous ai-je mentionné que ses vaches et ses taureaux rappellent énormément ceux de Gary Larson, le célèbre dessinateur humoristique américain??
- un certain effort dans le découpage des planches. On a droit à quelques inserts (à six reprises!!), et même à quelques fantaisies au niveau des cadres (à la page 40)! Les angles de vue sont aussi plus variés, ce qui dynamise les dialogues.
- l’ouverture toute naturelle face à l’homosexualité. C’est quand même assez étonnant pour une série pré-publiée dans le magazine Spirou! Cauvin fait dire à l’un de ses taureaux que, contrairement à eux, les gais et les lesbiennes humains n’ont pas peur de s’afficher. C’est peut-être un peu utopiste ou réducteur comme affirmation (je ne suis pas convaincu que ce soit aussi simple pour tous!), mais ça a au moins le mérite d’être très positif! On peut se plaire à rêver qu’il dit vrai!
- l’originalité des péripéties. Comme je le disais, il aurait été facile, pour Cauvin, de tomber dans la répétition du tome #1. Toutefois, il parvient à nous entraîner vers d’autres avenues, à nous faire réfléchir sur des sujets comme l’identité ou l’importance de rester authentique, par exemple. C’est assez surprenant, surtout de la part de Cauvin!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les couleurs sont un peu fades, moins pimpantes que dans le tome #1 ou que dans la série Zélie et compagnie. C’est d’autant plus dommage que ce tome renferme deux longues scènes nocturnes, ce qui assombrit d’autant l’album : plus de brillance aurait ravivé le tout.
- la foudre, encore et toujours! Je veux bien croire que c’est elle qui donne la parole à Désiré et qu’elle est un peu l’élément central du récit, mais ça reste un peu exagéré qu’un même animal se fasse foudroyer quatre fois de suite!! Désiré aurait pu tout simplement garder la parole. Ou ne pas avoir à la perdre si souvent. Ou un autre système d’interrupteur (?!) aurait pu être mis en place. Bref, n’importe quoi qui aurait permis une plus grande crédibilité (dans la mesure où tout ceci reste totalement burlesque, on s’entend!).
- le mystère des autres taureaux parlants. Comment se fait-il que tous les taureaux à qui Désiré s’adresse lui parlent de manière tout à fait intelligible, alors que Rosette reste muette comme une carpe depuis son deuxième foudroiement? J’y vois là une incongruité difficilement admissible...
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