#03- POURQUOI TOUJOURS MOI?
Scénariste(s) : Bob DE GROOT
Dessinateur(s) : Michel RODRIGUE
Éditions : le Lombard
Collection : X
Série : Doggyguard
Année : 2000 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Gags en une ou quelques planches
Genre(s) : Humour, Héros animalier
Appréciation : 3 / 6
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Quand un garde du corps n'a pas de bol...
Écrit le mercredi 26 mai 2010 par PG Luneau
Quand on lit un album de la série Doggyguard, on a véritablement l’impression de lire un ersatz de Robin Dubois ou de Léonard. Même humour un peu burlesque, même dessin rondouillet. Mêmes personnages qui se font calciner le visage par une explosion sur une vignette pour se retrouver guéris cinq secondes plus tard, sur la vignette suivante. De fait, il est un peu normal qu’on y trouve un air de ressemblance, puisque le scénariste de ces trois séries est le même : Bob De Groot, pour ne pas le nommer!
Le temps des trois albums de cette série, il a délaissé momentanément son comparse de toujours, Turk (avec qui il commet les incontournables Robin Dubois et Léonard), pour retrouver un autre illustrateur au style presque jumeau, et j’ai nommé : Michel Rodrigue. Celui-ci a d’ailleurs déjà travaillé avec De Groot sur trois des plus récents albums de Clifton, une série policière à saveur humoristique. Avec Doggyguard, ils font plutôt dans la série humoristique à saveur policière !?!
En effet, De Groot, délaissant l’époque médiévale de Robin Dubois ou la Renaissance italienne de Léonard, nous plonge cette fois-ci dans la modernité et utilise la toujours trépidante ville d’Hollywood pour nous faire découvrir le quotidien fort mouvementé d’un garde du corps (plutôt minable!) qui loue ses services à tous les riches de ce monde qui craignent pour leur sécurité… et aux moins riches aussi, puisqu’il ne charge que 200$ (plus les frais), peu importe le niveau de complexité du dossier à traiter!
Scheiks arabes ou mégastars de cinéma à protéger, gosses de milliardaires à surveiller ou dictateurs à défendre, le pauvre Chuck Bones en voit de toutes les couleurs… et ce n’est certes pas Tex Maverick, le bras droit le plus empoté de tout Hollywood, qui pourra lui venir en aide dans toutes ces malchances! C’est à croire que tout le monde veut faire appel aux services de ce bon gros toutou qu’est Chuck! Car, en effet, même si tous les personnages sont des humains (caricaturaux, soit, mais humains tout de même), le héros principal, lui, est une espèce de gros chien, qui marche sur deux pattes comme vous et moi et que Rodrigue habille d’un complet-cravate très élégant! Pourquoi cet anthropomorphisme pour le personnage principal?? Je n’en ai aucune idée, et d’ailleurs, ça n’ajoute absolument rien à l’histoire. Qui plus est, personne ne semble s’en formaliser : les gens d’Hollywood sont si «open» !!
Des gags burlesques, donc, dans des récits qui font généralement trois, quatre ou cinq planches… Des gags plus ou moins amusants, en fait. Sur la douzaine qui parsème l’album, c’est à peine si trois d’entre eux m’ont fait frémir les commissures des lèvres! C’est bien peu! Heureusement, le dessin est sympathique et certaines bouilles sont très drôles. Sûrement que les plus jeunes se satisferont de ce genre d’humour… du moins, je leur souhaite!
Plus grandes forces de cette BD :
- le graphisme simple mais très efficace. C’est vraiment amusant de voir les personnages traversés de part en part par des balles ou des obus qui laissent de parfaits trous tout ronds, bien nets, comme dans un vieux gruyère (voyez sur la couverture!). Pas une goutte de sang, juste une bouille tristounette, une larme et un petit «Ouille!» désopilant! Ça dédramatise la relative violence du propos, surtout qu’on retrouve toujours les personnages dans leur intégralité dans la vignette qui suit!
- certains éléments burlesques intéressants. Par exemple, l’idée du tapis en laine de quatre mètres de profondeur est pleine de potentiel… même si l’idée d’y avoir implanté une tribu d’indigènes est assez incongrue merci!! Les montagnes russes du dernier gag valent aussi un petit coup d’œil : impressionnantes!!
- le clin d’œil au Gowap. À la page 25, sur l’affiche de cinéma que les héros croisent, on peut lire que Pamela Silicone incarnera le personnage du Gowap, dans un film de Mythic et Ridel. Bien sûr, il faut connaître ces deux créateurs de BD, et leur série pour enfants le Gowap pour apprécier l’allusion!
- le personnage de la fille du milliardaire, qu’on retrouve dans le dernier gag. Bien que le gag soit très ordinaire (en fait, il ne s’y passe absolument rien d’original!!), la jeune fille semble avoir un bon potentiel comme personnage secondaire, surtout que, d’après la note de bas de page, elle avait déjà été vue dans le tome #1 de la série.
Ce qui m’a le plus agacé :
- le nom anglophone de la série. Quelqu’un peut-il m’expliquer en quoi cette série est meilleure parce que son nom est en anglais?!?! Parce que les Français veulent montrer qu’ils ne sont pas chauvins en privilégiant l’hégémonie américaine au détriment de leur propre culture?!?! Pffouaaahhh! Allez conter ça à d’autres!!!!
- l’identité canine du héros. Pourquoi Chuck Bones est-il un chien? Tous les autres personnages sont humains (sauf le chat, qui est un chat qui agit en chat : il dort presque tout le temps!)! Les gags auraient été aussi efficaces si Bones avait été un humain! Pourquoi l’avoir dessiné sous les traits d’un gros chien? Je ne comprends pas ce que c’est censé ajouter à la série… Et si c’est juste à cause de l’expression «Chien de Garde»… et bien ça vous donne une idée d’à quel point la série ne fait pas dans le très subtil!
- les gags, relativement redondants, et qui tournent souvent à vide. Soit que la série s’essoufflait, soit que le scénariste était au bout du rouleau. Dans les deux cas, on peut laisser tomber l’idée de produire un tome #4. D’ailleurs, je ne crois pas qu’il verra le jour, après dix ans!...
- le gag récurrent du 200 $ (plus les frais!). Il n’est pas drôle, et revient si souvent que je me demande s’il ne me manque pas un référent pour y comprendre une allusion quelconque à quelque chose d’amusant !?!
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