#04- LE SECRET DE L'ÉVENTAIL
Scénariste(s) : Serena BLASCO, Nancy SPRINGER
Dessinateur(s) : Serena BLASCO
Éditions : Jungle
Collection : X
Série : Enquêtes d'Enola Holmes
Année : 2017 Nb. pages : 72
Style(s) narratif(s) : Récits complets, à suivre
Genre(s) : Aventure policière, Adaptation littéraire, Historique, Hommage, Drame familial
Appréciation : 4.5 / 6
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Digne de son frère, la touche féminine en plus...
Écrit le jeudi 24 décembre 2020 par PG Luneau
Tomes lus : #4- le Secret de l'éventail
#5- l'Énigme du message perdu (2018, 4 /6)
#6- Métro Baker Street (2019, 64 p.)
C'est quoi?
Comme je l'expliquais dans ma critique qui portait sur les trois premiers tomes de la série, les Enquêtes d'Enola Holmes est la transposition en BD d'une série de six romans jeunesse écrits par Nancy Springer et ayant connu un certain succès. Cette fois-ci, je me suis penché sur les trois derniers tomes de la série.
Au détour d'une balade, Enola recroise lady Cecily Alistair, celle qu'elle avait retrouvée au cours de l'aventure du tome #2. Mais la jeune femme est sévèrement encadrée par deux matrones et, à en croire le message qu'elle communique à l'aide de son éventail, via le code secret qui existait à l'époque entre les jeunes femmes, la pauvre lady serait en danger!!? Il n'en faut pas plus pour qu'Enola se mette à la résolution du Secret de l'éventail.
Dans le 5e tome, l'Énigme du message perdu, Enola découvrira avec stupeur que sa logeuse, Miss Tupper, a disparu suite à d'étonnantes révélations! L'enfilade d'événements mystérieux qui en découleront amènera notre héroïne à croiser la route de Florence Nightingale, la célèbre infirmière britannique!
Finalement, dans le dernier tome de la série, Métro Baker Street, Enola bouclera la boucle en retrouvant, avec l'aide de ses frères Mycroft et Sherlock, une fiancée en déroute, mais aussi en dénouant enfin l'écheveau de la disparition de sa mère, disparition qui servait de trame de fond à toute la série.
C'est comment?
J'aurais tendance à dire : fidèle au début de la série! Le tome #5 m'a semblé un peu moins intéressant que les autres, parce que plus complexe, c'est vrai. Mais, de manière générale, j'ai adoré la reconstitution historique de tous les tomes et, surtout, la tonne d'étonnantes petites coutumes véridiques et bien représentatives de l'époque victorienne que l'auteure originale, Nancy Springer, a pu intégrer dans ses récits, en plus des mystères et de l'action.
Les intrigues sont assez bien ficelées, avec parfois une ou deux ficelles trop grosses pour être crédibles, mais rien de majeur. L'héroïne a du caractère, de l'instinct et, tout comme son célèbre frère, une intelligence à toute épreuve. Son désir de réussir en tant que femme dans un monde où les hommes ont tout le temps le dessus fait plaisir à voir. D'autant plus qu'elle reste attachante et intéressante à voir cheminer. De plus, la relation qu'entretient Enola avec sa mère, partie sans laisser de trace, ajoute une couche d'émotion et de véracité à l'ensemble.
Graphiquement, je suis moins convaincu. C'est surtout que je ne suis pas un grand adepte des couleurs pastel et des dessins avec force fioritures... mais je conviens que, dans le genre, c'est excellent, et ceux qui apprécient ce style pourront se gaver à souhait, madame Blasco, la bédéiste, s'étant joyeusement défoulée dans ce crémage! Ses nombreuses pleines planches en jettent souvent plein la vue, leur mise en page étant toujours soumise à une recherche esthétique fort élaborée... et j'aime bien le petit côté «carnet de travail» qu'offrent les couvertures : ce style trouve écho dans les pages finales de chacun des albums, où l'on retrouve les «carnets secrets» d'Enola, avec ses passionnantes notes d'enquêtes.
Bref, un travail plus qu'honnête, qui réjouira tous les passionnés des romans Nancy Springer... et une bonne partie de ceux de Conan Doyle, dont je suis.
À partir de 10 ans.
Autres
J'apprends à l'instant que le premier tome de la série, la Double disparition (dont je parlais dans ma première critique), vient d'être adapté en film! Cet opus est sorti sur Netflix, cet automne!! Millie Bobby Brown incarne Enola alors qu'Henry Cavill interprète Sherlock et Helena Bonham Carter tient le rôle de la mère.
Ce qui m'a le plus agacé :
- les quelques moments où les intrigues me paraissaient un peu incongrues... Le fameux saut-de-loup, cette fosse dissuasive, qu'est-ce qu'elle fait là, juste derrière la grille d'entrée du manoir des Merganser? C'est peut-être un bon moyen de défense, mais comment ils font, les Merganser, pour sortir de leur manoir, à pied ou en carrosse, avec un tel fossé entre leur porte d'entrée et la rue?? :^0 Et puis, j'ai quelques réserves sur les correspondances codées que pouvaient s'échanger certaines personnes via les annonces classées... Ça me semble un peu complexe, de lire les petites annonces de TOUS les journaux de la ville afin de trouver les deux ou trois lignes sibyllines qui correspondraient à un message nous étant adressé... Les espions se servaient apparemment de ce moyen, mais il me semble assez peu pratique, et laisser trop de place au hasard... Et puis, il y a toute l'intrigue du tome #5... Très sincèrement, je ne suis pas certain d'avoir tout saisi... peut-être qu'une relecture à tête reposée règlerait le problème mais, pour le moment, je suis un peu dans la brume...
- les couleurs pastel, très girly. Je me suis déjà bien expliqué à ce sujet plus haut et dans ma critique précédente...
- une coquille. Une en trois tomes: c'est une nette amélioration sur les tomes précédents (voir ma première critique)!!? Dans le #5, on a droit à Lord Wimbrel ET Whimbrel. Lequel choisir?? Serait-ce que les réviseurs se soient tellement penchés sur le texte qu'ils en aient oublié l'image?? ;^)
Plus grandes forces de cette BD :
- la foultitude de détails historiques captivants et totalement inusités. Il y a, bien sûr, de nouveaux codes secrets (comme celui des éventails), mais aussi plein de faits historiques passionnants: la présence des épouses de soldats lors de la Guerre de Crimée, les premières toilettes publiques pour dames, la mode des «thés en rose»... Le Londres victorien nous réserve apparemment encore beaucoup d'étonnantes surprises!? ;^)
- les mises en page souvent éclatées. J'en ai abondamment parlé, tant ici que dans la première critique.
- la réflexion sur la condition féminine de l'époque. Les autrices (Springer dans les romans et Blasco dans les BD) présentent de fort intéressants plaidoyers sur le rôle des femmes dans la société, sur la place qu'elles avaient et qu'elles auraient dû avoir... et, par le fait même, sur celle que, parfois, elles peinent encore à avoir de nos jours, malheureusement! L'épisode du corset du dernier tome est particulièrement atroce! Je n'en dirai pas plus, pour vous garder la surprise, mais jetez-vous sur cet album pour le découvrir!
- l'intrigue de la mère, qui a abandonné sa fille sans explication, au début du tome #1. Cette cassure, inexplicable, vient teinter tous les tomes, et trouve sa résolution dans le tome final... une résolution pas complètement rose bonbon, en plus, quoi que les teintes générales des albums pourraient laisser suggérer! ;^D
- les pages de carnets de notes d'Enola, en fin d'album. Elles regroupent tous les petits éléments particuliers de chaque album (coutumes, codes secrets, personnages particuliers...). Je l'ai dit et me répète: ça ajoute un petit plus très agréable.
- le format. On en a pour notre argent avec ces albums de 72 ou 64 planches! C'est rare qu'on présente des récits aussi longs au rayon jeunesse! Ça permet aux bédéistes de bien asseoir leur récit. Bravo aux éditeurs de prendre ce beau risque!
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