#04- LES GEÔLES DE NÉNUPHE
Scénariste(s) : Christophe ARLESTON
Dessinateur(s) : Philippe PELLET
Éditions : Soleil
Collection : X
Série : Forêts d'Opale
Année : 2005 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (4/9)
Genre(s) : Heroic fantasy
Appréciation : 5 / 6
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Que choisir : venin mortel ou trahisons à répétition?...
Écrit le mercredi 08 août 2012 par PG Luneau
En transit à Nénuphe, cité qui contrôle (et fait payer!) le passage entre les mers intérieures de Symphre et d’Oryampe, Urfold et sa bande se font arrêter suite à une accusation mensongère. Cet intermède forcé dans les Geôles de Nénuphe pousse nos amis à côtoyer des malfrats peu recommandables, mais aux mains desquels ils devront remettre leur destin puisque Darko a été solidement mordu par un serpent de mer et qu’eux seuls connaissent l’antidote au lent venin mortel qui s’est infiltré en lui!
Arleston et Pellet signent un quatrième opus parfaitement palpitant, qui ne laisse aucun répit à notre quatuor de héros préféré. Quand ils ne sont pas aux prises avec les voraces créatures qui hantent la mer de Symphre, Darko, Tara, Sleilo et Urfold slaloment de trahison en trahison, de la racaille à la noblesse! Ils devront déployer toute l’ampleur de leurs ressources pour survivre aux nombreuses embûches qui leur tombent dessus… et aux innombrables pièges dans lesquels eux-mêmes tombent! ;-)
Pour sa part, le grand pontife Xarchias n’en peut plus de l’incompétence de ses hommes et décide de leur couper toute nourriture jusqu’à la capture des rebelles! De plus, sachant qu’un démon du cinquième cercle vient en aide à ses ennemis (le toujours sympathique Ghörg!), il prend les moyens nécessaires pour parvenir à surclasser la puissante créature, doit-il pour réitérer des alliances contre-nature qu’il aurait préféré laisser caduques!
Darko, lui, tarde à comprendre et à contrôler les pouvoirs que lui accorde le bracelet de son ancêtre Cohars. Ça le fait douter de plus en plus en ses capacités et en sa légitimité à accomplir sa quête. Saura-t-il garder le moral jusqu’à la fin?? Peut-être, surtout si la plantureuse mais farouche Tara continue à s’ouvrir à lui, le laissant de plus en plus entrer dans son intimité!...
À recommander, mais pas avant quatorze ou quinze ans compte-tenu de certaines scènes plus tendancieuses.
À lire aussi : mes critiques des tomes #1 , #2 et #3.
Plus grandes forces de cette BD :
- les dessins de Pellet. Toujours aussi fabuleux lorsque vient le temps d’illustrer des paysages (à preuve, les p.4, 12, 26 ou 49), le bédéiste commence à beaucoup mieux maîtriser les visages de ses personnages, qui sont maintenant sans commune mesure avec ceux qu’il nous offrait dans les tomes #1 ou 2!! Superbe évolution graphique pour ce très talentueux illustrateur, chapeau!
- les couleurs, d’un dénommé Christian Goussale. Elles sont toujours aussi vives et vibrantes. J’adore leur brillance éclatante!
- le début de relation entre Tara et Darko. C’est d’autant plus mignon que ça reste encore discret et malhabile, des deux côtés… Sleilo s’en moque d’ailleurs avec beaucoup d’à-propos, pour notre plus grand amusement!!
- la grande efficacité de toutes les horribles bestioles rencontrées. Ghörg nous avait habitués à du laid… mais le démon du onzième cercle le détrône haut la main sur le plan de l’atrocité! Tant par leur aspect visuel (des cornes, des dents, de dégoûtants appendices par pelletées!) que par leur malignité naturelle (comme pour ces imparables serpents de mer : quelle voracité!?!), les auteurs ont visé juste!
- la méchanceté, omniprésente sous toutes ses formes! Celle de Xarchias, d’abord, beaucoup plus crédible que dans le tome#2!! Mais aussi celle de toute une panoplie de personnages secondaires! C’est à croire que tous les gens que notre quatuor rencontre se sont ligués contre eux!! De la mauvaise foi du joueur roulé sur le bateau à la cruauté du duc Bruloin, de la perfidie de sa duchesse (avec, notamment, son presse-oisillon, pour en faire du jus!) au sadisme de leur «bête», Dwär… et que dire de Poil-Luisant?! Non vraiment, il n’est pas souhaitable d’errer dans ces terres étranges!
- le grand nombre de scènes mémorables. Que l’on pense à la visite de Lestyg chez Kamphre, le sorcier d’Yrkhone (et de ce qu’il advient de son cheval!), à l’épisode sur la «charmante» terrasse du duc (incluant le saut de l’ange de Tara!) ou à la fuite avec Poil-Luisant via le chemin des contrebandiers… Arleston est vraiment en très grande forme, et nous offre beaucoup d’action et de revirements palpitants!
- les pages de garde arrière : quel bon gag, que les lecteurs insouciants risquent de rater, en refermant leur album trop rapidement!
Ce qui m’a le plus agacé :
- l’illustration de la couverture. Quoi que très jolie, encore une fois elle ne reflète pas une scène de l’album. Si ces créatures marines jouent un rôle primordial dans cet épisode, jamais elles n’ont attaqué Darko sous les quais… C’est d’ailleurs un des seuls endroits où elles l’ont laissé tranquille! ;-)
- la nouvelle carte en page de garde avant. Elle fait plus réaliste, avec ses airs parcheminés… mais elle est bien plus difficile à lire! D’ailleurs, pourquoi est-ce que le poste de Nénuphe n’y apparaît pas, alors que toute l’action de ce tome s’y déroule??
- l’âge de Tara! Dès la p.8, on apprend qu’elle n’a que 17 ans!!!?? Ridicule! Compte-tenu de ses courbes et de ses talents de bretteuse, on lui en donnerait 24 ou 25, pas moins!
- Quelques petites maladresses visuelles. D’abord, à la p.16, neuvième vignette, Xarchias s’adresse à son second, Pharlio… mais l’appendice du troisième phylactère pointe clairement vers un fantassin… et je ne crois guère qu’un simple soldat oserait répliquer ainsi à ce despote sans y avoir été invité! Puis, la prise de lutte entre Tara et Fronxe, à la p.19, vignette #4, rend impossible la chute de la vignette suivante! De plus, j’ai été très déçu, à la p,22, de constater que Pellet reprenait intégralement ses dessins précédents : son insert de la onzième vignette est exactement la même illustration que celle de la p.12! La preuve? Tous les oiseaux voletant autour des tours du château sont TRÈS exactement aux mêmes endroits!! Finalement, la très grande variété de races humanoïdes intégrées à cet univers me semble un peu excessive! On découvre toujours de nouveaux personnages reptiliens, ursidés ou ayant des airs d’extraterrestres… mais on ne recroise jamais d’autre personnage (ni même en tant que simple figurant) de ces espèces!!? C’est très varié et original… mais ça ressemble surtout à du grand n’importe quoi! Pour plus de crédibilité, il serait bon de limiter ces races, mais de les exploiter plus sérieusement!
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