#02- TOTALE ÉCLATE
Scénariste(s) : Éric Buchshacher dit BUCHE
Dessinateur(s) : Éric Buchshacher dit BUCHE
Éditions : Glénat
Collection : Tchô! la collec...
Série : Franky Snow
Année : 2000 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Gags en une planche
Genre(s) : Humour
Appréciation : 2.5 / 6
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Si lui s'éclate, il est bien le seul!
Écrit le dimanche 29 août 2010 par PG Luneau
Je vous l’ai déjà dit, je suis d’un naturel bon public. J’ai beaucoup de difficulté à ne pas voir du bon dans toutes réalisations. En contrepartie, j’ai le génialissime quasi impossible à atteindre! C’est pourquoi mes notes sont rarement en bas de trois et rarement en haut de cinq : je suppose qu’on peut dire que je n’aime pas les extrêmes?!
Donc, j’aime à peu près tout, au moins minimalement. Mais qu’est-ce que j’ai du mal à trouver un intérêt à ce recueil de gags de Franky Snow!! Je connaissais ce personnage de vue. J’ai plusieurs fonds d’écran à son effigie, que j’ai glanés sur Internet, et je le savais membre de la collection Tchô!, ces BD pour les jeunes publiées par Glénat et ayant un humour apparenté à celui de Titeuf, que j’adore. D’où mon étonnement, tout au long de ma lecture.
D’abord, la clientèle visée m’apparaît difficile à établir. Quelques gags portent sur les aventures sentimentales de Franky et de ses potes. Quand je dis sentimentales, je devrais plutôt dire sexuelles, car ce que veulent surtout ces grands ados (ou jeunes adultes?), c’est des «plans-sexe» qui fonctionnent minimalement! Donc, on pourrait conclure que ces gags s’adressent à un lectorat d’au moins quatorze ou quinze ans… Mais dans ce cas, pourquoi tant de gags banals et déjà-vus, de type «tarte à la crème»??? Ceux-ci ne font rire que les neuf ans et moins, et encore! En fait, la plupart des planches de ce tome n’est même pas en mesure de faire sourire les tout-jeunes… ni les autres, d’ailleurs! Sans blague, je cherche avidement ce qu’il peut bien y avoir de drôle dans cet album. Prenons un exemple : à la page 9, Franky enfile des lunettes de plongée et va filmer les dessous marins avec sa nouvelle caméra sous-marine. Il patauge entre les baigneurs et leur filme les jambes et le postérieur. Une grosse dame s’en rend compte, se fâche et lui court après en le traitant d’obsédé.
Je vous laisse un temps pour que vous puissiez reprendre vos esprits, vous éponger les yeux et vous les remettre en face des trous. Après tout, tant d’humour raconté en trois lignes, ça frappe. Comment?! Vous ne vous marrez pas? Vous n’êtes pas en train de vous tenir les côtes? Pfiouf! Je ne suis pas le seul à ne pas voir ce que cette situation a de comique !!
Et cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres! Tout l’album est garni de situations de ce genre, parfois à peine cocasses ou, plus généralement, d’une banalité sans nom. Seuls un ou deux gags sont minimalement intéressants. C’est fort peu, ce me semble.
Non pas que l’album soit mauvais! Je dirais même que, techniquement parlant, tout y est correct… mais sans saveur! C’est sans intérêt, tout simplement, sans que l’on puisse vraiment dire que tel ou tel aspect soit bâclé ou incorrect. Ce qui m’étonne, c’est le nombre d’albums déjà édités dans cette série : dix, à ce jour!! Il y a certainement quelque chose que je ne saisis pas. Et dire que ce tome s’intitule Totale éclate !! À mon sens, voilà un excellent exemple d’antiphrase!
Bref, j’ai lu un Franky Snow. J’ai pu satisfaire ma curiosité de collectionneur et réaliser qu’on est en présence d’un genre de Titeuf devenu ado… mais l’humour en moins. Maintenant que c’est fait et que j’en ai un exemplaire dans ma collection, je peux passer à autre chose. Sans aucun regret.
Plus grandes forces de cette BD :
- les couleurs de la couverture. Elles sont les seules à être éclatantes et pleines de vie, autant en profiter!
- le lettrage du nom de la série. Il est moderne, vif et jeune, tout en restant lisible. Bon choix typographique!
- les beaux efforts pour varier les situations, malgré le fait que c’est toujours dans l’univers des planchistes. La partie où Franky et ses copains sont en vacances au bord de la mer entraîne des situations un peu différentes, qui rappellent le Surimi de Sergio Salma. Puis, l’avènement du chien de la tante et des mini-planches à doigts permet à Buche de varier, très minimalement, le contexte dans lequel ses gags surviennent. Mais à la longue, la monochromie thématique… ça doit finir par «tanner». J’ai de la difficulté à comprendre que la série perdure encore!
- LE gag amusant de tout l'album. Autant le souligner! Il s'agit de celui de la page 46, portant sur le look très androgyne de Dominique, le nouveau venu au parc de planches. Tous se demandent s'il est un gars ou une fille! La chute est très originale et amusante. On en aurait pris bien plus, des gags de cette qualité, monsieur Buche!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le titre du tome qui n’apparaît que sur la tranche. Ça fait en sorte que lorsqu’on regarde la couverture, on ne peut connaître que le nom de la série, son auteur, son éditeur et le numéro du tome. Il est vrai qu’avec un titre aussi trompeur que Totale éclate, il vaut peut-être mieux de ne pas trop le mettre en premier plan, afin d’éviter les poursuites pour publicité mensongère!
- la banalité des dessins. Ils sont très corrects, je n’ai aucun reproche technique à leur faire… mais qu’ils sont banals! Rien de particulier, rien d’amusant, d’original, de hors de l’ordinaire. L’extrême fadeur des couleurs, à l’intérieur, n’aide en rien, évidemment!
- le style «in» franchouillard, avec ses ridicules expressions à l’anglaise. Je veux bien croire que la planche à roulettes, le surf et toutes les autres formes de loisirs du même acabit sont presque tous popularisés par les Américains, et que les ados adorent paraître branchés en s’exprimant à moitié en anglais… mais je ne m’y fais pas! À la limite, je comprendrais pour les termes techniques qui n’ont pas encore trouvé d’équivalent en français. Mais en quoi c’est plus puissant de dire «la big wave» (p.4) au lieu de la grosse vague?!?!? Mon sincère attachement pour le français fait en sorte que les oreilles me frisent même quand je ne fais que lire des expressions telles que : «les gros swells», «le line up est glassy» ou «le rider»!
- la difficulté de cibler le public-cible. Comme je l’expliquais plus haut, on oscille entre les préparations de plans-sexe et les gags pour les quatre ans et moins! C’est très déroutant!
- l’absence d’humour!!! Je n’insisterai pas davantage sur ce point : on ne doit plus frapper un adversaire lorsque celui-ci est déjà effondré par terre!
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