#01- MASH BURNEDEAD ET SES MUSCLES D'ENFER
Scénariste(s) : Hajime KOMOTO
Dessinateur(s) : Hajime KOMOTO
Éditions : Kazé
Collection : Kazé Shônen
Série : Mashle
Année : 2020 Nb. pages : 224
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (Manga)
Genre(s) : Fantastique, Humour parodique, Hommage
Appréciation : 5 / 6
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Parfait (...ou pas !?) pour les maniaques de Potter!
Écrit le mardi 22 août 2023 par PG Luneau
Tomes lus : #01- Mash Burnedead et ses muscles d'enfer
#02- Mash Burnedead et la magie de fer (208 p., 4,5 /6)
#03- Mash Burnedead et le sorcier masqué (208 p., 4,5 /6)
C'est quoi?
Dans une forêt isolée, loin de la cité la plus proche, le jeune Mash Burnedead vit des jours tranquilles avec son grand-père. Sa principale occupation (outre se goinfrer de choux à la crème)? Soulever de la fonte !!? Il en soulève tellement qu'il développe une force musculaire incroyable, presque surnaturelle... Et c'est tant mieux!
Car le monde dans lequel ces reclus évoluent en est un où seule la magie est valorisée. Pire : tous les non-magiciens sont éliminés, carrément! Et au grand dam du grand-père, Mash ne possède pas la moindre étincelle de mana !? Il lui est donc impossible de puiser dans cette énergie vitale pour provoquer des éclairs, des téléportations, des transformations et tous autres sorts dignes de ce nom.
Sous peine d'être dénoncé par un inspecteur de la magie qui a découvert son secret, Mash se voit dans l'obligation de s'inscrire au plus prestigieux collège magique du pays... et d'en devenir le meilleur élève, l'élu divin!
Comment ce pauvre gars, un peu simple d'esprit mais si grand de cœur, parviendra-t-il à passer les intransigeantes qualifications pour rejoindre ces jeunes issus de l'élite mondiale de la magie? Comment réussira-t-il à déjouer tout le monde (profs, direction et élèves) pendant toutes les années que durera sa formation? Comment parviendra-t-il, de par sa force, sa vitesse et son agilité surhumaines, à donner le change et à faire croire à tous qu'il sait utiliser ce mana qu'il n'a pas?
C'est ce que la série Mashle raconte... et elle en est à son 16e tome à ce jour! :^O
C'est comment?
Je dois avouer que je suis dubitatif. Plusieurs éléments surprennent, étonnent... D'abord, le personnage principal est relativement froid. Benêt, pour ne pas dire idiot (il ne sait pas comment ouvrir une porte, et croit que le résultat de 5-2 est 28!), il a toujours le même visage fermé, impassible, éteint. Heureusement, il est brave, fidèle et généreux. Ces quelques atouts lui permettent de peu à peu élargir son cercle d'amis... et ils font en sorte qu'on peut finir par le trouver minimalement attachant.
Puis, l'humour y est grotesque, ce qui n'est pas au goût de tous! Les blagues de potaches ne sont pas rares, et si elles sont souvent basiques, elles frôlent parfois le ridicule : vous en êtes prévenus!
Finalement, et c'est l'élément qui me chicote le plus, l'univers magique présenté est tellement calqué sur celui que J. K. Rowling a mis en place dans sa saga Harry Potter et ses œuvres dérivées que c'en est presque du plagiat !?! Que le château, les cours de balai volant et la volière à hiboux soient identiques, passe encore : on peut mettre ça sur le compte des archétypes de la sorcellerie. Mais que les racines de mandragores soient visuellement identiques à celles des films, qu'un sport de ballon sur balai volant (le duelo) se pratique dans un enclos extérieur tout pareil à celui du quidditch et que les élèves récoltent des points (pardon : des «pièces»!) pour élire la maison la plus glorieuse (pardon : le «dortoir» le plus glorieux), la copie devient flagrante! Ça se voudrait donc un hommage ?! Mais aucune mention n'est faite en ce sens !?? Même que la fameuse notice «toute ressemblance avec des personnes, des organisations ou des événements réels serait purement fortuite» se retrouve au début de chacun des tomes! Je veux bien croire que la saga Potter n'a rien de réelle, mais c'est quand même étrange que l'auteur ne mentionne nulle part une «inspiration» aussi flagrante. Tous ces facteurs me laissent un sentiment mitigé...
Ceci étant dit, les méchants (du dortoir Lang) sont cruels à souhait... et, souvent, visuellement effrayants! Les péripéties sont jusqu'à présent variées et originales... quoique souvent calquées, elles aussi, sur l'épopée de Potter (comme la répartition dans les «dortoirs» qui s'effectue via un squelette de licorne plutôt qu'un Choixpeau magique!).
Sur le plan graphique, on est dans la norme acceptable pour du manga. Mais rien de subjuguant : ça reste correct, je dirais, honnête... Au bout de trois tomes, la série me plait quand même bien... mais je ne suis pas sûr que je me rendrai jusqu'au 16e tome, même si (ou peut-être «parce que») je suis un grand fan de Potter. Bref, il y a de la matière à vous faire votre propre idée. À partir de 10 ou 11 ans.
Mes bémols
- les décors. Outre quelques rares illustrations plus fouillées (comme celle du fameux château, qui est d'ailleurs reprise plus d'une fois), les décors sont d'une désarmante simplicité... lorsqu'ils ne sont pas, tout simplement, absents! Toutes les vignettes, allant du plan américain au gros plan, se retrouvent à avoir un fond blanc, noir ou tramé, sans aucun élément de décor. Les plans plus larges, montrant les vues d'ensemble, sont rarissimes... et c'est bien dommage, car ils sont bien plus jolis et travaillés...
- l'espèce d'hommage parodique qui frôle le plagiat. Je me suis abondamment expliqué plus haut. Résumons par la phrase suivante: je trouve la ligne entre inspiration, imitation et plagiat vraiment trop mince. Un remerciement à J.K. Rowling ou, minimalement, une mention à Harry Potter m'aurait paru nécessaire, pour ne pas dire essentielle. Dans le genre, la série Harry Cover était beaucoup plus transparente!
- le héros. Malgré les belles valeurs qu'il démontre (grandeur d'âme, dévouement, vaillance...), son caractère atone et son visage perpétuellement béat et neutre ne le rendent en rien attachant. Il est froid et distant... Et sa bêtise, vraiment prononcée, n'attire pas plus notre sympathie! C'est supposé être le héros de la série, tout de même! :^0
- quelques éléments scénaristiques décevants. C'est d'autant plus difficile à pardonner qu'une TRÈS grande partie du reste a déjà tout été pondue par madame Rowling! Ainsi, le Sphinx qui y va de sa véritable énigme, qu'on a entendu 100 fois (la créature à 4 puis 2 puis 3 pattes), je trouve ça assez éculé merci! Et que dire de la page où on nous explique comment Mash peut voler sur son balai MALGRÉ le fait qu'il n'a aucune étincelle de magie: j'ai trouvé ça franchement ridicule, rien de moins! Si c'est tout ce que monsieur Komoto peut pondre de lui-même, je comprends pourquoi il «s'inspire» des œuvres d'autrui !! :^P
- l'argot, encore. C'est moins intense que d'autres séries (ou je commence à m'y faire ?!), mais il reste qu'on a parfois droit aux boloss qui ont de la niaque, ici aussi! :^(
Les plus grandes forces de cette BD
- l'humour... Il est absurde, assumé et, parfois, très drôle (moi, un douchebag qui a baptisé chacun de ses muscles, ça me fait beaucoup rire!)... mais je ne suis pas sûr si, à long terme et dans un tel contexte, ça tiendra la route très longtemps: il me semble que ça me lassera, à la longue...
- des méchants d'une redoutable efficacité! D'abord, ils sont nombreux et partout, chez les profs comme chez les élèves. La bande des Magia Lupus, tous du dortoir des Lang (lire Maison Serpentard), est particulièrement cruelle, l'un de ses membres est laid à en faire des cauchemars et un autre rappelle beaucoup le Joker de Batman, tant par son regard que par sa façon de se délecter de la peur de ses victimes! Et l'avantage d'avoir des méchants aussi détestables, c'est la jouissance ressentie lorsque Mash parvient à leur démolir le portrait! C'est jubilatoire et, sans doute, d'une certaine façon, cathartique! ;^)
- les couvertures. Le dessin de la jaquette et celui de la couverture cartonnée se répondent, de manière à représenter une situation cocasse. Amusante idée, simple mais sympathique.
Le petit plus
Mise en garde : À noter, la présence d'au moins 5 doigts d'honneur dans ces 3 premiers tomes. Ça peut être bon à savoir si vous voulez faire lire cette série à de très jeunes lecteurs. De plus, le thème du suicide de déshonneur, cher à la culture japonaise, y est aussi abordé, dès le début du tome #1. Le grand-père de Mash se rappelle qu'un homme lui a déjà conseillé de se suicider ainsi, simplement parce qu'il avait échoué un truc. Ce n'est que mentionné, mais avouez que c'est intense, comme insulte! Ça pourrait impressionner certains jeunes, ou leur donner la mauvaise idée d'utiliser cette insulte à leur tour !?
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