#18- LES MONSTRES PERDUS
Scénariste(s) : Katja CENTOMO, Bruno ENNA
Dessinateur(s) : Marcello DE MARTINO, Antonello DALENA, Manuela RAZZI, Giorgio PONTRELLI
Éditions : Soleil
Collection : Start
Série : Monster allergy
Année : 2008 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Fantastique humoristique
Appréciation : 4 / 6
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Qui est le vrai renégat rebelle?
Écrit le samedi 30 janvier 2010 par PG Luneau
Saviez-vous que nous sommes continuellement entourés par une variété de monstres globuleux, gélatineux et joueurs de tours? Bien sûr que vous ne le saviez pas puisqu’ils sont invisibles! Seuls les abriteurs, les dompteurs et les tuteurs étoilés ont le pouvoir de les voir! Et c’est grâce à ces trois catégories d’individus qu’on peut se permettre de vivre insouciants malgré la densité de cette faune qui nous entoure. En effet, les premiers accueillent dans leur demeure les monstres délinquants que les dompteurs capturent et éduquent sous l’œil protecteurs des tuteurs étoilés, ces esprits supérieurs qui camouflent leur puissance sous l’apparence de banals chats!
Entrer dans l’univers de Monster allergy, c’est plonger dans un intéressant monde fantastique qui se révèle de plus en plus complexe au fil des albums. C’est en compagnie de Zick, un gamin d’une dizaine d’années souffrant d’allergies (mais ce n’est que très accessoire, pour donner son titre à la série), que nous découvrons tous ces secrets. Quelle surprise, pour lui, de découvrir que sa maison abrite des créatures monstrueuses en réadaptation, que sa mère a le mandat de les garder chez-elle et que son chat est en fait un génie hyperpuissant! Quelle surprise, aussi, de réaliser qu’il possède, lui, des dons de dompteur, qu’il tient de son père qu’il croyait disparu! Au fil des dix-sept premiers tomes de la série, les revirements et les révélations chocs n’en finissent plus de nous surprendre… et toujours avec beaucoup d’humour!! Car, il faut bien le préciser, Monster allergy est une série tout public, une des belles réussites jeunesse des dernières années : mes élèves (9-10 ans) l’apprécient particulièrement! Mais assurez-vous de les lire dans l’ordre, en commençant du début. Sinon, vous risquez de vous emmêler dans tous les méandres de cet univers touffu et de n’y plus rien comprendre!
Dans ce dix-huitième album, alors que les dompteurs qui avaient été bannis viennent d’être réhabilités et que la «Société des Monstres» reprend du poil de la bête (au point même de rouvrir l’école de formation des aspirants Dom!), les banques de la ville sont attaquées par un mystérieux assaillant invisible! Tout porte à croire que ce serait l’œuvre de l’un des dompteurs rebelles qui n’a pas répondu à l’appel lors du grand ralliement! Zick et Elena, sa copine, voudront aider à retrouver ce mystérieux renégat qui cause tant d’émoi en ville… et qui n’est peut-être pas celui qu’on pense!
Une bonne lecture familiale, pour tous ceux qui aiment les sagas palpitantes et un brin déjantées!
Plus grandes forces de cette BD :
- la relative vitesse de parution entre chaque album. Grâce à une équipe de scénaristes, de dessinateurs, d’encreurs et de coloristes constituée de plus d’une trentaine de personnes (toujours scrupuleusement identifiées sur la page titre), l’écurie Monster allergy est parvenue à faire traduire vingt albums en français, chez Soleil en seulement six ans, soit plus de trois albums par année!! C’est sans compter tous les produits promotionnels et… la série de dessin animé qui en a été tirée! Monster allergy, c’est plus qu’un univers : c’est une machine!!
- la touffeur relativement complexe de l’univers. Heureusement qu’on nous le présente petit à petit, car il serait très facile d’être submergé par la quantité fabuleuse de détails, de créatures, de fonctions, de pouvoirs spéciaux… sans compter leurs innombrables interrelations! Sans contredit, il faut lire cette série en commençant par le tome #1, et ne pas faire l’erreur d’en sauter. D’ailleurs, aucun des tomes n’est réellement autonome. Dans chacun, on fait référence à ce qui se passait à la fin du précédent, et plusieurs éléments nouveaux abordés dans un tome verront leur développement se poursuivre dans le suivant… et probablement même se conclure dans l’autre d’après! Heureusement, de manière générale, tout se tient assez bien, et quand un nouveau personnage, un nouveau monstre ou de nouveaux pouvoirs font leur apparition, ils cadrent assez bien avec la structure déjà établie. Une certaine cohérence, bien qu’un peu enfantine, est respectée.
- les personnages de Bombo et Bombolo. Ces gros monstres rougeauds, en rééducation chez Zick, sont tout ce qu’il y a de plus «premier degré», je le sais, mais ils n’ont de cesse de me faire éclater de rire! Le premier, personnage secondaire récurent depuis le tome #1, est débilement drolatique avec ses nombreuses maladresses et ses réactions d’enfant de cinq ans. Le second, arrivé depuis moins longtemps, est comme la version junior du premier, mais ne sait faire qu’une chose : remplir sa couche en un temps record! C’est le seul être que je connaisse qui puisse éjecter dans sa couche le double de son volume… et le tout, en moins de deux secondes! C’est un peu scatologique, mais terriblement efficace!
- la relation «béguin/agacement» que vivent Elena et Zick. Évidemment, les deux jeunes voisins nous jouent depuis le début de la série la valse amicale de l’attraction/répulsion. C’est prévisible et pas très original, mais je dois avouer que c’est fait ici avec beaucoup de délicatesse, tout en non dit, et que c’est assez discret pour qu’il s’en dégage un certain charme. On en retrouve d’ailleurs un bel exemple à la dernière planche de cet album si on regarde attentivement le regard que les deux jeunes se portent quand ils apprennent que l’un d’entre eux n’aura pas à déménager loin de chez l’autre!!
- la finale, montée en contre-point. Le suspense est bien amené par l’entremise du procédé narratif qui fait alterner l’avancée stratégique de Zick et son père versus celle d’Elena, qui a préféré faire cavalier seule. Même si on voit venir le revirement final assez d’avance en tant qu’adulte, je crois que la plupart des jeunes doivent s’y laisser prendre!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le titre et l’illustration de couverture, qui n’ont à peu près aucun lien avec le récit!
- quelques aspects moins clairs dans le scénario. À certains moments, on dirait que les auteurs ont dû couper certaines vignettes (comme à la page 12, entre les cases 3 et 4), ce qui rend la narration moins fluide. D’ailleurs, certains enchaînements d’actions (comme le lancement de la voiture, à la page 26 ou l’affrontement d’Elena avec le monstre de son enseignante, à la page 38) manquent un peu de clarté : il m’est arrivé à quelques reprises de devoir «m’inventer» une intercase pour être certain d’avoir bien compris ce qu’on avait voulu me présenter.
- un léger relâchement au niveau du graphisme. La page 38 est encore un bon exemple de ce fait : Elena y est représentée dans plusieurs plans différents, à des distances différentes à chaque fois, mais le style graphique de son visage est trop changeant.
- avoir attendu si longtemps entre ma lecture du tome #17 et celui-ci. Les événements des deux ou trois derniers tomes avaient fait bouger bien des choses à Bigburg, la ville où se situe la série. Ils avaient même contribué à faire la lumière sur le bannissement des dompteurs et avaient permis à ces derniers d’être réhabilités. Mais ma lecture de ces tomes remontait à si longtemps que les premières pages de celui-ci m’ont complètement confondu. D’où l’importance de ne pas trop attendre avant de lire la suite… même si je préfère habituellement lire mes séries «à suivre» en rafale, pour mieux les apprécier. En fait, j’aurais dû relire quelques tomes avant de plonger dans celui-ci!
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