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#01- Fils d'Iroquois
#01- FILS D'IROQUOIS
Scénariste(s) : Jean-Sébastien BÉRUBÉ
Dessinateur(s) : Jean-Sébastien BÉRUBÉ
Éditions : Glénat
Collection : Glénat-Québec
Série : Radisson
Année : 2009     Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1/4)
Genre(s) : Biographie, Western / Amérindiens / Nlle-France
Appréciation : 5.5 / 6
En Nouvelle-France, l'Aventure... la pure et dure!
Écrit le jeudi 12 avril 2012 par PG Luneau

Radisson. Non non, pas la station de métro montréalaise : le personnage historique! Pierre-Esprit Radisson. Comment se fait-il qu’un homme ayant mené une vie si chargée ne soit pas plus connu et reconnu?! Notre devise n’est-elle pas : Je me souviens?!? Bien que son rôle en Nouvelle-France n’ait pas été des plus primordiaux (il n’était ni dirigeant, ni fondateur de quoi que ce soit), il n’en demeure pas moins qu’il a vécu une vie suffisamment mouvementée et hasardeuse pour mériter qu’on le connaisse mieux, même 360 ans plus tard!

 

C’est peut-être pourquoi l’historien Martin Fournier a publié, en 2011, un premier roman d’une série qu’il a intitulé les Aventures de Radisson, livre qui trône sur ma table de chevet mais que je n’ai pas encore débuté. C’est peut-être aussi pourquoi Jean-Sébastien Bérubé, jeune bédéiste talentueux découvert par l’entremise du concours Glénat-Québec en 2009, a décidé, lui aussi, de nous raconter l’histoire de cet homme au destin fabuleux, le plus célèbre des coureurs des bois ayant sillonnés nos forêts. Mais Bérubé l’a fait à sa manière, sous forme d’albums. Le troisième vient de sortir, mais je n’en suis personnellement qu’au premier, aussi paru en 2009. Mais ne vous inquiétez pas : j’ai tellement adoré ce premier tome que je ne traînerai pas à lire les deux suivants!!

 

En effet, quel coup de cœur!! Dès la p.5, j’ai été happé!! Comment rester de marbre face à ce jeune homme qui se fait enlever par les Iroquois alors qu’il était parti chasser avec deux amis, aux abords des Trois-Rivières, en 1651?! Il est vrai que même une telle activité, aux allures banales, pouvait s’avérer dangereuse, au XVIIe siècle! Pierre-Esprit l’a appris à ses dépens! Son séjour chez ces «sauvages» nous permet d’en apprendre beaucoup sur les us et coutumes de ces derniers : tant leurs méthodes de torture, que le jeune homme dut expérimenter bien malgré lui, que leur habitude «d’adopter» les «braves» qui savaient traverser ces souffrances infligées sans se plaindre! C’est ainsi que Radisson deviendra un membre à part entière de la tribu… et qu’il sera taraudé pendant des mois à savoir s’il accepte son sort ou s’il tente de fuir et de regagner les siens… Mais qui peut-on appeler «les siens», après deux ans entouré d’une famille aimante et fière?

 

Ce palpitant récit est d’autant plus intéressant que Jean-Sébastien le tire tout bonnement de l’autobiographie même de Radisson!! Les faits sont donc tous véridiques… enfin, aussi véridiques que puissent l’être les écrits d’un homme ayant vécu entre les années 1650-1700! N’ayant jamais lu la dite autobiographie, je ne peux pas vraiment juger de la qualité du travail d’adaptation effectué par le bédéiste, mais je sais que le résultat est tout simplement passionnant! Tant et si bien qu’il me tarde maintenant de lire et les deux tomes suivants, et le roman de monsieur Fournier qui traîne près de mon lit, question de comparer les deux écrits et, peut-être, en apprendre plus!

 

Sur le plan graphique, Jean-Sébastien Bérubé possède un style très agréable. S’il est moins précis quand vient le temps de représenter certains éléments plus techniques (bâtiments, animaux), il est très légèrement caricatural pour les visages, ce qui donne aux personnages des expressions faciales fort sympathiques, qui nous les rend d’emblée attachants. En fait, il emploie un trait abordable et clair, que je n’hésiterais pas à présenter à mes jeunes élèves de dix ans. D’ailleurs, de manière générale, l’auteur a réussi à garder son récit très accessible à cette tranche d’âge, malgré les combats qui se terminent en massacre et en torture, ou les scènes qu’on pourrait imaginer plus olé olé, quand les nouvelles «sœurs adoptives» de Pierre-Esprit viennent partager sa couche. En fait, toutes ces scènes, qui pourraient facilement être offensantes, restent très délicatement suggérées, de manière à ce que les plus jeunes les survolent sans vraiment en comprendre toute la portée d’horreur… ou de doux plaisirs!!

 

Bref, non seulement cet album est-il génial sur le plan du contenu et du dessin, mais l’auteur a su faire en sorte que les surprenantes aventures de son héros restent abordables pour toute la famille. Saura-t-il garder cette ligne de conduite tout au long des quatre tomes que devrait comporter la série? Je ne saurais dire, mais je l’espère de tout cœur, car j’en ferais un outil de choix dans mes cours d’histoire!!

 

À lire aussi : la critique de Kikine.

 

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • le dessin légèrement caricatural de Bérubé. Sans être parfaitement de la ligne claire, son style est assez net pour que notre œil puisse assimiler facilement tous les détails qu’il nous donne à voir. Malgré toute attente, j’apprécie beaucoup ce style! Même le nez crochu de son héros, qui apparemment a fait couler beaucoup d’encre chez les critiques, me semble donner un certain caractère à son personnage!...

 

  • la carte illustrée, à l’ancienne, sur les pages de garde. Elle est non seulement instructive et joliment décorée, mais l’auteur a eu la brillante idée d’y tracer le trajet parcouru par son héros dans le cadre de cet album : chaque album présentera donc un trajet différent sur la même carte!! Brillante idée!

 

  • les beaux panoramas, illustrés en demi-planches richement détaillées. Que ce soit Trois-Rivières (à la p.3), le village iroquois (à la p.10), ou même Fort Orange (en plus petit, à la p.37), ces plans généraux des petits villages de l’époque sont bien exécutés et nous donnent un bel aperçu de ce à quoi devaient ressembler ces lieux. Pour un passionné comme moi, ils sont à faire rêver!

 

  • l’époque représentée. Je n’aime aucune période de l’Histoire comme j’aime celle où la France a tenté de coloniser le nord de l’Amérique. La Nouvelle-France est, pour moi, synonyme d’aventure, purement et simplement, et le fait que mes racines y soient plongées ne fait que renforcir mon attachement à cette période… et à tout ce qui s’y rattache!

 

  • les péripéties! La vie de ce pionnier de chez nous est une succession d’événements et de circonstances plus incroyables les uns que les autres! Kidnapping, torture, adoption, fuite, re-torture, guerre fratricide, conspiration… Je ne sais pas trop si la cadence ralentira dans les tomes à venir, mais jusqu’à maintenant, Radisson, c’est de l’aventure à l’état pure… et j’adore ça!!

 

  • un découpage intéressant, qui laisse de la place pour des moments de transition empreints de poésie (l’aigle de la p.7, la nuit à la p.42, le navire qui s’éloigne à la p.47…). C’est notamment grâce à ce genre de belles longues vignettes toute étroites que Jean-Sébastien identifie ses transitions…  Il est de plus passé maître dans l’art de la variété visuelle grâce à son utilisation d’angles de vue variés et étonnants. En effet, Bérubé place souvent son «œil» de manière à ce que le dessin paraisse de travers dans la vignette! Ça donne une impression de caméra à l’épaule très vivant.

 

  • les traductions des mots amérindiens, en bas de page. Tous les mots ou les expressions nous sont bien expliqués, brièvement, de même que certains détails culturels, parfois. C’est très aidant pour bien s’imprégner dans le monde amérindien, pour mieux comprendre le mode de vie de ces Iroquois.

 

  • les magnifiques maquillages de guerre. L’artiste parvient à en concevoir de très hideux qui jouent très efficacement leur rôle d’intimider les ennemis les plus faibles. En tout cas, ça fonctionne avec moi!

 

  • le dilemme qui tracasse Radisson! Quel beau levier dramatique que celui d’un déchirement entre deux mondes, entre deux modes de vie totalement différents! Tel Tarzan, divisé entre sa jungle et son manoir de Greystoke, Radisson fait face à un dur choix qui pèse lourd sur sa conscience : chercher à retourner aux Trois-Rivières pour retrouver sa sœur et les siens, chez qui il vivait (mais au risque de se refaire capturer et d’être discrédité aux yeux des Iroquois), ou rester auprès de la vieille Anowara et de sa famille aimante, auprès de qui il remplace maintenant un fils disparu à la guerre?

 

  • la chronologie, en fin d’album. Elle nous dresse un petit aperçu du temps qui passe, mais aussi des événements majeurs qui se produisent sur les rives du Saint-Laurent, à Québec et Trois-Rivières, pendant la captivité de Pierre-Esprit.

 

 

Ce qui m’a le plus agacé :

 

  • la complexité des noms amérindiens, tant ceux des individus que ceux des différentes tribus. J’ai bien de la difficulté à retenir ces noms interminables et difficilement prononçables, ce qui fait que je me demande toujours à qui font référence les personnages quand ils s’interpellent les uns, les autres! Pour ce qui est des diverses appellations des tribus, elles sont rendues encore plus complexes par le fait que certaines ont plus d’un nom, et que plusieurs possèdent, en plus, des surnoms!!! Pas évident de s’y retrouver!

 

  • quelques petites faiblesses mineures dans le dessin de certains éléments plus techniques. Par exemple, les canards des p.4 et 5, ainsi que le gros navire qu’on retrouve sur la quatrième de couverture (mais qui provient de la p.47) manquent un peu de finesse.

 


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@ Allie : Passionnée d'histoire comme tu l'es, tu devrais l'adorer tout autant que moi... J'ai pour ma part très hâte de m'enfiler le second tome!
Rédigé par PG Luneau le jeudi 19 avril 2012 à 22:08


Cette série me tente! Et tu la cotes vraiment bien en plus!
J'ai lu un roman sur P.E. Radisson récemment. Je suis certaine que j'aimerais la bd. On parle si peu des personnages historiques de notre propre pays je trouve.
Rédigé par Allie le jeudi 19 avril 2012 à 21:31


@ Arsenul : Je te comprends : vivement la fin de semaine que je me «recrinque» un peu!! Je file lire ton nouveau billet à l'instant!
Rédigé par PG Luneau le mardi 17 avril 2012 à 21:55


Il ne devait pas être si dur à attraper, mais j'avais mon quota. De mon côté, j'ai fait mon petit tour du festival sur mon blog, c'est court un peu, mais on fait avec l'énergie qu'on a. C'est moi qui est sur le carreau maintenant!
Rédigé par Arsenul le mardi 17 avril 2012 à 19:38


@ Arsenul : Mais qui parle de virer fou?? Il a fait plusieurs séances, durant le salon, et je n'ai pas l'impression que ses files d'attente étaient très longues! Moi, j'ai eu la chance de pouvoir l'attraper le dimanche matin, alors qu'il n'y avait personne à son stand! Je conterai tout ça dans ma prochaine chronique!
Rédigé par PG Luneau le mardi 17 avril 2012 à 16:34


Bon sang! 5,5 c'est définitivement une série que tu aimes. Il fait partie de ceux que j'aurais aimé rencontrer, mais il ne faut pas virer fou non plus.
Rédigé par Arsenul le mardi 17 avril 2012 à 8:13


@ Kikine : Je n'en suis pas encore aux autres tomes, mais ça viendra : je viens de les déposer sur ma table de nuit, ce qui est très bon signe!! Par contre, j'ai croisé monsieur Bérubé, cette fin de semaine, au Festival de la BD de Québec, et il m'a fait une splendide dédicace dans mon tome #1!!! Il est très sympathique et m'a parlé de ses recherches et de ses futurs projets... mais il faudra attendre mes chroniques/comtes-rendus sur ce festival, dans les prochains jours, pour avoir les détails!! ;-) À plus!
Rédigé par PG Luneau le lundi 16 avril 2012 à 18:14


J'avais vraiment bien aimé ce premier tome et nettement moins le second, si bien que je ne me suis même pas arrêtée pour lire le 3ème. Pourtant, historiquement parlant, je trouve que cette BD illustre très bien une période charnière pour le Québec et que ce livre servirait très bien comme outil pour les cours d'histoires.
Comme tu l'a lu dans mon billet, je fais partie de celle qui a eu du mal avec les nez crochus :)
J'espère que tu arriveras à me convaincre de lire le 3ème tome ;)
Rédigé par kikine le vendredi 13 avril 2012 à 22:16




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