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#01- Un chariot dans l'Ouest
#01- UN CHARIOT DANS L'OUEST
Scénariste(s) : Raoul CAUVIN
Dessinateur(s) : Louis SALVÉRIUS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Tuniques bleues
Année : 1972     Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Western / Amérindiens / Nlle-France, Aventure humoristique
Appréciation : 3.5 / 6
les Tuniques d'un gars qui n'a rien d'un bleu!
Écrit le mardi 19 juillet 2011 par PG Luneau

Voici la deux centième critique de ma Lucarne! Comme toujours, pour souligner l’événement, je vais vous présenter un classique parmi les classiques. Cette fois-ci, j’ai opté pour une série incontournable, et j’ai nommée : les Tuniques bleues!

 

Cette série est véritablement un monument, tant dans le catalogue Spirou que dans le monde de la BD en général. D’abord, à cause de sa longévité (le tome #55 sortira cet automne!! – ce qui n’est pas, je vous l’accorde, un gage de qualité… ce serait même généralement pas mal le contraire!!), mais aussi parce qu’elle a permis à un bonze du neuvième art de faire sa marque, et je parle bien évidemment de son scénariste, Raoul Cauvin.

 

Voilà, le nom est lancé! Cauvin, LE scénariste devenu omnipotent dans les bureaux de Marcinelle, celui qui, depuis maintenant plus de quarante ans, a pondu pas moins de 339 scénarii!! Pour les néophytes, sachez que c’est lui le père des Tuniques bleues, certes, mais aussi de Cédric, de Cupidon, de Pierre Tombal, de Sammy, des Psy, des Paparazzi, des Femmes en blanc, de l’Agent 212… pour ne nommer que ses séries les plus connues! Car il a aussi contribué à plus d’une quinzaine d’autres séries, comme collaborateur ou comme auteur principal! Quand on veut parler de productivité, on n’a qu’à évoquer le vieux Raoul qui, en plus, reste alerte et a surpris tout le monde en lançant, en 2008, à l’âge de 70 ans, son blogue personnel, qu’il tient, ma foi, pas mal à jour (avec un peu d’aide!), malgré la demi-douzaine de scénarii qu’il doit pondre par semaine !! Où prend-il le temps de faire tout ça??

 

Bon, c’est vrai : les méchantes langues (et même les moins méchantes!) diront que si Cauvin est si productif, c’est qu’il a totalement abandonné l’idée de viser la qualité. Ses séries, presque exclusivement des séries de gags en une planche (à part Sammy et les Tuniques bleues), sont des gros vendeurs qui ne surfent que sur leur réputation respective, et elles tournent à peu près toutes en rond depuis plusieurs années. Si l’intelligentsia de la BD a toujours craché sur son travail, c’est rendu que même les amateurs généralistes et bon public, comme moi, s’entendent pour dire que les œuvres du pauvre Cauvin (à l’instar de celles d’Uderzo) se complaisent amèrement dans une stagnation assez catastrophique. Mon ami Yaneck y va même de l’expression très franco-française «il ne fait plus que de la  daube» pour qualifier le récent travail du vénérable bonze.

 

Reste que si ses séries peuvent surfer sur leur réputation, c’est qu’il a d’abord fallu qu’elles s’en fassent une, de réputation! Et sur ce point, on ne peut dénier que Cauvin y est pour beaucoup! Et comme les Tuniques bleues est sa série-phare, celle qui l’a littéralement lancé, et bien c’est elle que j’ai décidé de vous présenter aujourd’hui.

 

D’abord, plusieurs associent les Tuniques bleues au duo Cauvin-Lambil, ce qui n’est pas faux puisqu’ils en sont à leur 49e album ensemble. Mais il faut savoir que Lambil a repris le flambeau d’un dénommé Louis Salvérius, réel créateur graphique de la série, décédé en 1972 (à 38 ans!) après seulement 6 albums! Pour les gens habitués, comme moi, au graphisme net, très maîtrisé et soigné de Lambil, revenir à l’origine et lire les premiers albums de la série peut être un choc. Salvérius avait donné à ses personnages des traits franchement plus rondouillets, qui leur donnait des airs beaucoup plus rigolards ou cartoonesques. De plus, Salvérius n’a pas eu le temps, en 6 tomes, de développer l’aisance que Lambil a développé depuis (forcément, après 49!!). Donc, j’avoue personnellement moins apprécier le graphisme de ces premiers albums… même si c’est toujours intéressant de monter à la source d’une œuvre! Et, parlant de source, voici donc le tome #1 de cette série! Pour les bleus d’entre vous (remarquez le jeu de mot : bleu = néophyte, dans un texte qui parle des Bleus = les Yankees durant la Guerre de Sécession!), je vous présente le contexte.

 

Nous sommes dans l’Amérique profonde, là où la cavalerie doit s’installer même en pleine région désertique pour assurer la paix avec les Amérindiens. Le sergent Chesterfield, un fier sous-officier à la carrure solide, reçoit la mission de conduire un chariot chargé de munitions au fort voisin, qui en est non seulement à court mais qui subit des attaques incessantes de la part des Comanches. Pour venir à bout de cette mission, le sergent s’entoure de ses trois acolytes habituels, les soldats Bryan, Tripps et Blutch. Si les deux premiers ne sont pas des plus valeureux, ils font office de soldats d’élite comparativement au troisième, qui est caporal mais qui se moque éperdument de son supérieur et n’arrête jamais de se prendre la tête avec lui. L’expédition sera périlleuse, les attaques indiennes incessantes et les embûches nombreuses, comme il se doit.

 

Cauvin nous offre donc un premier scénario bien ficelé, qui se tient honorablement. Les confrontations sont viriles, mais le sang en est toujours occulté, comme c’est toujours le cas en BD jeunesse. L’humour est bien présent, et les revirements, assez classiques, sont quand même parvenus à me surprendre. C’est de la très bonne BD familiale, accessible dès l’âge de 9 ou 10 ans… à l’image des trente premiers tomes de la série! C’est après que ça se complique… mais nous en reparlerons en temps voulu!

 

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • l’espèce de vieille lithogravure historique qui illustre la page de titre. Je ne saurais dire s’il s’agit d’une reproduction ou si Salvérius en est véritablement l’auteur, mais elle nous entraîne instantanément à la belle époque du Far West avec sa monochromie beige parcheminé!

 

  • les personnages de Tripps et Bryan. J’ai toujours apprécié ces deux soldats, surtout Tripps avec ses deux gigantesques incisives qui lui donnent des airs de lapin géant. Je trouve qu’ils permettaient une plus grande variété de situations dramatiques, et j’ai toujours trouvé dommage qu’ils aient été si rapidement mis de côté par le scénariste.

 

  • quelques belles pointes d’humour, principalement les remarques antimilitaristes. Qu’elles soient lancées par Blutch, comme c’est souvent le cas, ou par Chesterfield, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, elles sont toujours subtilement subversives. À titre d’exemple, le classique : «(…) un sergent de la cavalerie des États-Unis ne pense jamais! Il agit!» Quel joyeux double sens dans cette petite réplique si fièrement lancée par le pauvre Chesterfield!

 

  • le béguin du sergent Chesterfield pour la belle Amélie, fille du commandant Appeltown, à Fort Bow. Déjà dans ce premier tome, cette histoire (qui s’étire encore jusque dans les plus récents tomes) était en place! J’en suis étonné!

 

  • la présence des Amérindiens. Elle explique le nom de la série, puisque le terme Tuniques bleues était le surnom que ceux-ci donnaient aux soldats de la cavalerie. Mais comme les tomes vont s’éloigner assez rapidement, au bout de quelques albums, de la thématique amérindienne pour plutôt s’ancrer dans l’univers de la Guerre de Sécession, ce terme s’est vu pas mal abandonné, dans les tomes subséquents, au détriment de celui de Yankees.

 

  • une dizaine de grands plans d’ensemble, en demi-page. Ces visions plus vastes nous permettent souvent de mieux voir les détails, comme si Salvérius était trop coincé dans une vignette standard. C’est dans ces grandes cases qu’on est le mieux à même d’admirer la composition de ses illustrations et d’ainsi constater son grand talent!

 

  • un scénario bien construit, avec toutes les situations propres au genre : attaques, combat en duel, alliances et trahisons, poursuites infernales, messages en signaux de fumée, coups de feu incalculables, flèches à profusion… et, comme chanterait Richard Séguin, «la cavalerie qui se garde le punch pour la fin!!»

 

 

Ce qui m’a le plus agacé :

 

  • la couverture. Quelle bizarre idée de mettre son personnage principal en trois-quarts arrière!! Surtout pour un premier tome, alors que le personnage n’est pas encore établi! Il me semble que c’est le genre de composition d’image que je ne ferais qu’une fois mon héros devenu populaire, pas avant!!??

 

  • plusieurs aspects des dessins. Par exemple, les chevaux sont beaucoup plus réalistes que les personnages. Les visages des Amérindiens sont si plissés qu’on n’arrive jamais à bien les voir, et encore moins à les distinguer. Et, avec surprise, je constate qu’il n’y a aucun gros plan, ce qui fait qu’on ne voit presque jamais les détails des visages ou des regards, en général.

 

  • la fadeur délavée des couleurs. Je sais bien que le récit se passe dans l’Ouest sauvage, poudreux et infertile, mais ce n’est pas une raison pour n’y mettre que des ciels presque blancs et du sable jaune pâlot!!

 

  • le visage d’Amélie, la fille du commandant, qui détone énormément par rapport aux visages masculins. Avec ses grands yeux ronds, on jurerait qu’il a été dessiné par quelqu’un d’autre! Salvérius semble s’inspirer (surtout à la p.7) des traits que Claude Marin donnait à ces héroïnes d’un autre temps qu’étaient Fan Fan, Éva, Mireille ou Frimousse… Malheureusement, il est loin d’avoir le talent de Marin!  

 


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@ Yaneck : C'est vrai!! J'avais oublié ce détail (pourtant majeur!!) à propos des scénarii. Peut-être que si Cauvin se mettait au scénario pour Uderzo, ça pourrait donner quelque chose??... À non, pas plus : il reste le problème de la tremblotte d'Uderzo, et le fait que ce soit ses assistants qui fassent tout, maintenant! Une seule solution, donc : la retraite!!
Rédigé par PG Luneau le mercredi 20 juillet 2011 à 15:20


Non, je ne pense pas qu'Uderzo pourrait renouveler le cou d'éclat d'Astérix, pour une raison simple: ce qui a fait connaître le petit gaulois, ce sont aussi les excellents scénarios de Goscinny. Or, à lui seul, Uderzo en est incapable. Par ailleurs, rappelons que l'homme ne dessine plus tout seul non plus. Bref, il est temps pour lui aussi de penser retraite.
Rédigé par Yaneck le mercredi 20 juillet 2011 à 15:04


Non, je ne pense pas qu'Uderzo pourrait renouveler le cou d'éclat d'Astérix, pour une raison simple: ce qui a fait connaître le petit gaulois, ce sont aussi les excellents scénarios de Goscinny. Or, à lui seul, Uderzo en est incapable. Par ailleurs, rappelons que l'homme ne dessine plus tout seul non plus. Bref, il est temps pour lui aussi de penser retraite.
Rédigé par Yaneck le mercredi 20 juillet 2011 à 15:04


@ Jérôme : Je connais bien évidemment les albums du Pauvre Lampil... mais je me rappelle avoir eu un peu de difficulté à accrocher à l'humour, quand je les ai lus, au début... J'étais peut-être trop jeune!! Chose certaine, je suis très ouvert à les relire (il ne m'en manque que deux dans ma bédéthèque, les tomes #2 et #7)!
Rédigé par PG Luneau le mercredi 20 juillet 2011 à 13:51


Une série que j'ai adoré et qui se termine actuellement en eau de boudin, comme tant d'autres... Du duo Cauvin Lambil, je te conseille Pauvre Lampil, une série qui met en scène les deux auteurs dans leur vie quotidienne... L'autodérision à son sommet ! En plus, la série ne compte que 7 albums et est terminée depuis 1995. Ils n'ont donc pas trop tirer sur la ficelle. Les éditions Dupuis doivent sortir une intégrale de 360 pages fin août. Une occasion en or de découvrir cette bien belle série !
Rédigé par Jerome le mercredi 20 juillet 2011 à 12:25


@ Yaneck : C'est vrai qu'il y en a qui s'accroche, Uderzo étant probablement le pire de tous! Et c'est d'autant plus dommage que ces créateurs ont tellement de talent qu'ils pourraient facilement «refaire» fureur avec une nouvelle série! Imagine : Uderzo (ou Cauvin!) qui lance un nouveau personnage, dans un nouveau contexte qui l'inspire davantage! Ça ferait des flammèches, c'est sûr!
Rédigé par PG Luneau le mercredi 20 juillet 2011 à 10:24


Bonne chronique, très complète. Je reste très fan de la trentaine de premiers tome des Tuniques. A l'époque, c'était nettement plus dynamique, et plus inspiré. Au moins, Van Hamme a-t-il su quitter Thorgal lorsqu'il n'a plus rien eu à dire sur le personnage...
Rédigé par Yaneck le mercredi 20 juillet 2011 à 2:29


Bonne chronique, très complète. Je reste très fan de la trentaine de premiers tome des Tuniques. A l'époque, c'était nettement plus dynamique, et plus inspiré. Au moins, Van Hamme a-t-il su quitter Thorgal lorsqu'il n'a plus rien eu à dire sur le personnage...
Rédigé par Yaneck le mercredi 20 juillet 2011 à 2:29




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