#03- LE CONVOI (1RE PARTIE)
Scénariste(s) : David CHAUVEL
Dessinateur(s) : Jérôme LERECULEY
Éditions : Delcourt
Collection : X
Série : Wollodrïn
Année : 2012 Nb. pages : 56
Style(s) narratif(s) : Récit en 2 tomes
Genre(s) : Heroic fantasy, Horreur
Appréciation : 6 / 6
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Du parfait Donjons et Dragons : intelligent et magnifique!
Écrit le mercredi 28 août 2024 par PG Luneau
Tomes lus : #03- le Convoi - 1re partie
#04- le Convoi - 2e partie (2013, 5 /6)
#05-Celui qui dort - 1re partie (2014, 5,5 /6)
#06- Celui qui dort - 2e partie (2015, 5 /6)
C'est quoi?
Il s'agit en fait des 2e et 3e cycles de la série Wollodrïn, dont j'avais lu le premier cycle il y a de nombreuses années. Et quel bonheur de retrouver l'excellent duo Chauvel-Lereculey!
Le premier cycle avait laissé Onimaku, une femme ouverte aux autres et d'une grande humanité, en compagnie de Hazngar, un orque guerrier d'une force incroyable... mais éminemment amoureux d'elle! Le 2e cycle (le Convoi, en deux tomes) nous ramène ces deux personnages, devenus comparses, qui se font engager par un genre de secte aux croyances un peu vieillottes (qui rappelle beaucoup les Amishs) pour les guider jusqu'à leur Terre promise, à l'autre bout du continent. Chemin faisant, la caravane devra s'arrêter dans une petite ville mal famée qui se transformera (la faute à qui?) en une armée de morts-vivants, rien de moins !?
Pour ce qui est du 3e cycle (Celui qui dort, aussi en deux tomes), on se retrouve complètement ailleurs! Exit, Onimaku et Hazngar !? Non, ici, on est chez les Nains, avec Tridïk, un jeune gamin handicapé, qui rêve de conquérir le cœur de sa dulcinée en lui offrant une fleur mythique, que l'on ne trouve que dans les profondeurs des grottes, dans un secteur interdit et condamné! Il y fuguera et découvrira bien plus que sa fleur : un elfe qui y dort depuis des centaines d'années, soit depuis la fin des terribles guerres où leurs deux peuples, si différents, se sont affrontés! La rencontre de ces deux personnages ne se fera pas sans heurt!
C'est comment?
Ça frôle tout simplement la perfection! Tant sur le plan des scénarii que sur celui des dessins, du découpage et de la virtuosité du montage des planches, c'est sublime! Je ne sais pas si David Chauvel est un adepte de jeux de rôles de type Donjons & Dragons, mais il en a très certainement compris tous les codes, et il les maîtrise à merveille! Il en profite surtout pour montrer de superbes exemples de découverte de l'autre, de respect des différences et de lutte pour faire tomber les préjugés.
Pour ce qui est du dessin de Jérôme Lereculey, je vous en ai déjà dit tout le bien que j'en pense, mais je réitère mon jugement tellement tout est parfait : il est actuellement l'un des meilleurs dessinateurs de la planète! (J'ai tellement hâte de me plonger dans sa dernière série, les 5 terres, un genre de Trône de fer animalier des plus sublimes!)
Et le plus beau, dans l'affaire, c'est qu'il me reste encore 4 tomes de Wollodrïn à découvrir... et qu'ils vieillissent très bien : ceux-ci datent déjà d'une douzaine d'années, et n'ont pas pris une seule ride. Des classiques en devenir : j'adore!
Mes bémols
- l'attaque des morts-vivants, qui couvre tout le tome #4. C'est vraiment très personnel, mais je déteste cet aspect du fantastique, qui fait un peu trop appel à l'horreur à mon goût. Autant j'accepte de croire à la magie, aux elfes, aux orques, aux kobolds, aux hippogriffes et à toutes les autres bestioles qu'un Maître de Jeu peut mettre dans un donjon,autant les morts-vivants me font complètement décrocher. Vous pouvez toujours aller lire ce que j'ai pensé des premiers tomes de la série Walking dead, pour plus de détails ...
- quelques petites imprécisions dans le tome #5... pour pinailler! J'ai trouvé que les tunnels et corridors de la ville souterraine des Nains étaient étrangement bien éclairés... surtout qu'ils n'ont aucune source d'éclairage apparente: ni torche, ni flambeau !?! De même, il m'a fallu longtemps avant de comprendre que le passage découvert par Tridïk ne débouchait pas AUX portes sacrées, mais bien DE L'AUTRE CÔTÉ des portes sacrées. Ça aurait pu être plus explicite.
- le (très) long narratif historique du début du tome 6. Il était important et nécessaire... mais 5 pages avec autant de texte, ça fait lourd.
Les plus grandes forces de cette BD
- tout l'aspect graphique. Je pourrais en parler pendant des pages! M'extasier sur tous les petits détails,comme les insectes, araignées, renards, ratons et écureuils qui fourmillent dans les coins de cases ; sur la richesse et la précision des traits ; sur les superbes paysages, tant souterrains qu'extérieurs ; sur les bestioles horribles à souhait ; sur les faciès variés et très recherchés (c'est fou comme les Elfes de Lereculey sont étranges et loin de la beauté plastique qu'on leur attribue traditionnellement!). Et que dire des mises en page, toujours différentes et inventives, et en parfaite cohésion avec la narration! Lereculey est vraiment un maître du montage, en plus d'être un génie du dessin! Si on ajoute à cela l'impeccable travail de coloration de Christophe Araldi, Xavier Basset et Lou, on se retrouve avec ces 4 bijoux! Bravo à tous!
- une habile construction scénaristique, qui fait en sorte que l'intro mystérieusement incompréhensible du tome 3 trouve son explication BEAUCOUP plus loin... mais on finit par comprendre!
- le fait de retrouver Onimaku et Hazngar dans le deuxième cycle. En fait, ce 2e cycle est la suite directe du premier, et c'est un peu déboussolant de débuter le 3e cycle complètement dans un autre milieu, avec un nouveau duo. Il faut attendre la toute dernière planche du tome 6 pour retrouver le couple interracial... et comprendre que le cycle suivant fera se rencontrer ces quatre personnages très attachants! Chic chic chic!
- l'intérêt des personnages, justement! La secte, genre amishe, est très inspirante, je trouve, de même que la vieille sorcière qui trône sur la couverture du tome 4. Le sympathique mais très téméraire Tridïk, avec son handicap, est tout à fait touchant... sans compter qu'il est accompagné d'une petite bestiole, trognonne tout plein, qui n'est pas sans rappeler le Fourreux, « l'animal » de compagnie de la belle Pélisse, dans la très célèbre Quête de l'Oiseau du temps, de Loisel et Le Tendre.
- un super punch, à la fin du tome 4, et qu'on nous rappelle à la fin du 6. Mais je ne vous en dirai rien: lisez la série, mes amis, lisez-la en entier: c'est du bonbon!
Les petits plus
Wollodrïn, c'est quoi (ou qui?), au juste? Après 6 tomes, je n'en ai pas encore la moindre idée !? Est-ce le nom de l'univers, de la contrée ou du continent où se déroulent toutes ces passionnantes aventures? Peut-être, mais pour le moment, c'est encore un gros mystère!
Saurez-vous retrouver la coquille du tome #3 (un mot écrit en double!)? Bonne chasse!
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