#01- PAS DE QUARTIER!
Scénariste(s) : Éric CORBEYRAN
Dessinateur(s) : David DE THUIN
Éditions : Bayard jeunesse
Collection : Bayard BD - les Héros DLire
Série : Zélie et compagnie
Année : 2004 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Courts récits en dix planches
Genre(s) : Quotidien, Humour
Appréciation : 4 / 6
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l'Enfance dans toute sa vivacité
Écrit le mardi 17 août 2010 par PG Luneau
Quel plaisir que de se replonger dans ce qui semble être les toutes premières aventures de Zélie et compagnie, cette bande de joyeux compères que je fréquente mensuellement depuis maintenant quatre ou cinq ans via l’excellent magazine DLire, où leurs aventures sont prépubliées. Si les dessins de David De Thuin étaient à l’époque encore un peu tremblotants, Corbeyran y allait déjà de récits forts sympathiques qui faisaient ressortir tout le dynamisme de ces charmants jeunes à l’imagination débordante.
Zélie est une petite bonne femme qui en a dedans. Grâce aux histoires que lui insuffle son imaginaire surchauffé, elle entraîne ses copains de toujours, Einstein, Boycott et Coin-Coin (celle-ci constamment affublée de son pot-de-colle de petit frère, surnommé Laglu), dans des aventures d’espionnage ou des missions périlleuses afin de secourir la veuve et l’orphelin. Et ce, même si la dite veuve et le dit orphelin ne se sentent aucunement en danger! En fait, disons que notre chère Zélie a un talent fou pour voir des complots partout. Et comme elle est dotée d’un cœur gros comme ça et d’un talent d’organisatrice exceptionnel, ce n’est pas long que tout le groupe la suit joyeusement dans ses folles entreprises.
Ces aventures, toujours en dix petites planches de six ou sept cases, nous dressent un portrait moderne des jeunes d’aujourd’hui et de leur quotidien. La monoparentalité (Zélie vit seule avec son père), la vie communautaire au sein d’un bloc à appartements, la mode, les technologies et l’écologie sont des thèmes qui reviennent fréquemment. Les quatre récits de ce recueil-ci sont toutefois plus légers. Le voisin du 21 serait-il un extraterrestre? Sommes-nous prêts à quitter nos familles pour suivre un pirate sur son bateau? Qui est le tueur (de poupées!) en série qui sévit dans le quartier? Et comment empêcher le Père Noël de commettre un vol?
Comme vous pouvez le constater, on mise ici surtout sur l’imaginaire débridé de Zélie et sur les conséquences qui peuvent en découler! Des histoires à faire rêver tous les jeunes, des thèmes en or pour rejoindre le public-cible. Oui, Zélie et compagnie est vraiment un must pour nos lecteurs de sept à dix ans.
Plus grandes forces de cette BD :
- les belles couleurs vives, toutes en à-plat. Le bleu ciel et le jaune dominent, mais le rouge, le mauve, le vert et le turquoise trouvent aussi leur place.
- les surnoms que les membres de la bande se donnent. Einstein est évidemment celui attribué à l’intello de service, ce qui n’est pas très original. Les autres sont toutefois amusants : Boycott pour le grognon négatif et Coin-Coin pour la placoteuse. Seule Zélie n’en a pas, ce qui est curieux puisqu’elle est la cheftaine de ce petit groupe… et pour ce qui est de Laglu, son surnom dit tout!
- le formidable leadership de l’héroïne. Elle a tout ce qu’il faut pour être à la tête de cette bande de joyeux drilles. Son imagination sans bornes assure une variété inépuisable de situations cocasses.
- le personnage de Laglu, qui traîne toujours à la suite du groupe et ne comprend jamais rien. Il est le pourvoyeur des réactions inattendues et des jeux de mots amusants. L’abus de ses crises de larmes m’a cependant tapé sur les nerfs.
- la longueur des récits. Dix pages, c’est l’idéal pour les sept-dix ans qui s’initient à la lecture de BD.
- le fait que tous les personnages habitent dans une tour à logements. Ce lieu devient un microcosme en soi, ce qui permet des relations particulières entre les différents habitants de l’endroit. Puis, ça donne une tribune positive à la vraie classe moyenne.
- l’énergie communicative qui se dégage de cette bande de bons copains. Enfin, une série qui nous présente la fraîcheur de vrais enfants qui vivent leur enfance sans autre souci que ceux que leur imagination leur crée.
- la présence récurrente, dans cet album, de Monsieur Turpin. Il est maintenant assez rare de revoir un personnage secondaire de cette série dans plusieurs récits (outre les parents des personnages principaux, bien sûr!). C’est dommage car ces récurrences ajoutent au réalisme et fait en sorte qu’on croit davantage à l’univers présenté.
Ce qui m’a le plus agacé :
- le graphisme, encore un peu brouillon. Je préfère de beaucoup le trait plus ferme que monsieur De Thuin peut rendre maintenant aux contours plus ou moins maitrisés de ses débuts, comme dans cet album.
- le troisième récit, qui est confus. Corbeyran y mêle les envies de Zélie de devenir chirurgienne et ses envies de devenir inspectrice. On comprend mal où elle veut en venir. On a même l’impression que c’est elle qui a tout manigancé cette histoire de poupées vandalisées. Une belle idée d’enquête, mais qui se perd dans certains détails.
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