Festival de BD de Montréal 2019

(7^e partie)

Lorsque j'ai abordé Rémi Farnos, bédéiste français qui vient de publier un album à la Pastèque, je lui ai demandé s'il allait bien. Il m'a répondu, tout sourire : «Ça va bien mieux depuis que vous êtes là!» Comment ne pas craquer pour un type aussi avenant?! J'étais, de suite, conquis!! ;^)

Surtout que, de prime abord, je ne m'enlignais pas pour acheter Calfboy, son album. La couverture annonce un petit récit western au dessin assez basique. Heureusement, j'ai eu le réflexe de quand même le prendre pour le feuilleter : Wow!! Le dessin, tout simple, qui rappelle pas mal celui de Tom Gould (comme dans Vous êtes tous jaloux de mon jet-pack, n'est que prétexte à des mises en pages tout simplement génialissimes! Presque une page sur deux, son décor, des paysages de l'Ouest américain remplis de déserts, de canyons et de montagnes, couvre toute la page. Seulement voilà : il est segmenté en gaufrier de 9 ou 12 cases, cases dans lesquelles ses petits personnages minimalistes circulent et évoluent. Cette manière de faire, c'est un peu la marque de commerce de ce jeune artiste : plusieurs de ses albums précédents exploitent ce genre de procédé. En discutant de son style graphique et de l'ingéniosité de ses mises en pages, j'ai découvert un artiste fort sympathique et généreux, dont je n'hésiterai plus à acheter les albums. D'autant plus qu'il m'a avoué qu'un Calfboy - tome #2 est déjà en préparation!!? Et si vous doutez encore de la générosité du bonhomme, et bien sachez qu'outre le titre, la page ci-dessous était blanche, avant qu'il n'y fasse sa dédicace! :^O

Parmi les autres Français de passage pour le festival, il y avait Jocelyn Joret, l'illustrateur du récent diptyque KidZ, paru chez Glénat. Ma rencontre avec lui s'est déroulée sous le signe de la douceur et de la tendresse : un peu paradoxal, pour un dessinateur qui vient promouvoir cette (autre!) histoire d'invasion de zombies! ;^) En fait, j'ai tout de suite entamé la discussion en précisant que je trouvais intéressant l'idée d'employer un dessin un peu cartoonesque, question de dédramatiser les possibles scènes d'horreur du récit. Ce sur quoi monsieur Joret a tout de suite réagi : «Oh! Mais ce n'est pas un récit pour la jeunesse! Je tiens tout de suite à le préciser parce que ça fait déjà quelques personnes qui sont revenues se plaindre de la dureté de certains passages! On n'a jamais voulu s'adresser à un public jeunesse. C'était clair, dès le départ, que c'était un projet ados-adultes! Si le dessin fait plus léger, c'est que je n'aime pas les trucs trop gores : je ne suis pas du tout fan de films d'horreur!» À partir de là, on s'est super bien entendus car j'ai pu lui révéler que... je ne l'étais pas non plus!! ;^)

Entre cœurs tendres, on s'est bien compris! «En fait, je ne ferai pas lire cet album à mon fils de 5 ans avant plusieurs années, et ce, même s'il me le demande presque tous les jours (forcément : il me voit bosser dessus depuis des mois!). Le pire, c'est qu'il invite ses amis dans la cour pour jouer à KidZ, même s'il n'a aucune idée de ce que c'est, finalement!» ;^)

Puis, monsieur Joret m'a parlé de l'album comme tel : «Au début, on avait conçu l'histoire pour un one shot, mais l'éditeur a insisté pour le sortir en deux tomes. Au final, je crois que c'est une bonne chose.»

Alors que le tome #2 (et final) sortira cette année, monsieur Joret m'a révélé un scoop : «Il y aura peut-être d'autres récits dans ce même univers... mais si c'est le cas, ce sera avec de nouveaux protagonistes... et en moins grand nombre!!» En effet, KidZ met quand même en scène 9 personnages principaux! Mais avec un graphisme aussi chouette (le seul qui puisse me faire aimer l'horreur!), je nous en souhaite plusieurs autres. Pas vous?

P.S.: Mon ami Jean m'apprend un détail important que j'ignorais : Jocelyn Joret, bien que Français d'origine, habite à Montréal!! Il travaillerait d'ailleurs au même studio que Jean-Sébastien Bérubé (Radisson, Comment je ne suis pas devenu moine...)! :^0