#03- LA LANCE DE LUG
Scénariste(s) : Jean-Luc ISTIN, Thierry JIGOUREL
Dessinateur(s) : Jacques LAMONTAGNE
Éditions : Soleil
Collection : Soleil Celtic
Série : Druides
Année : 2007 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (3/6)
Genre(s) : Fantastique médiéval, Historique, Thriller fantastique
Appréciation : 5 / 6
|
Après la pluie, le... déluge!!!
Écrit le dimanche 14 octobre 2012 par PG Luneau
Si, à la fin du deuxième tome de leur passionnante série les Druides, Istin, Jigourel et Lamontagne ont eu l’odieux de nous laisser sur les toits, alors que Gwenc’hlan, ce druide-détective dont ils nous racontent l’enquête, se retrouvait face à face avec son mystérieux ennemi (malheureusement toujours capuchonné!)… et bien ils nous font au moins le plaisir de reprendre leur narration à la seconde exacte où il l’avait laissée! C’est donc sous la pluie, par un palpitant combat sur les tuiles glissantes des toitures d’Ys que s’ouvre le troisième tome de cette série, la Lance de Lug!
Non, l’enquête que mène ce druide au faciès de Sean Connery ne se simplifie pas dans ce troisième opus, bien au contraire!! Outre ce combat épique, le bon Gwenc’hlan vivra bien d’autres rebondissements imprévus : une «visite onirique» sur Avalon (ou Abalonia, pour parler celte!), une embardée jusque chez son ancien maître, un autre détour jusqu’à un monastère saccagé (mais qui en cache plus qu’on ne l’aurait pensé)… et, finalement, une descente jusqu’au cœur de la cité d’Ys… qui aura des répercussions cataclysmiques!! C’est que ses ennemis sont nombreux, bien puissants et bien «réseautés»!! Et malgré qu’on n’en soit qu’à la mi-parcours (le cycle complet comporte 6 tomes), j’avoue que la grandiose finale de ce tome-ci me laisse tout à fait pantois!!! J’ai particulièrement hâte de voir comment les auteurs pourront donner suite à un tel punch!! Personnellement, je suis soufflé… et je ne suis certainement pas le seul!!
Après deux tomes qui ont plutôt servi à la mise en place de la trame générale du récit, nous sommes maintenant en présence d’un album où les événements se bousculent de façon beaucoup plus notable. On y découvre («Enfin!», diront certaines méchantes langues, desquelles je me dissocie, bien sûr!! ;^) ) des cascades d’action, de découvertes et de révélations, plus fascinantes les unes que les autres. Un petit vent de bon aloi soulève légèrement certains pans du voile de mystère qui nous séparait de la compréhension! Ainsi, Gwenc’hlan finit par mettre la main sur des écrits mythiques qui nous poussent à croire que les racines de cette conspiration pourraient être le désir de mettre la main sur de puissants artefacts de la mythologie celtique, dont la lance mentionnée dans le titre de l’album! De plus, certains capuchonnés laissent tomber leur masque… mais ceux-là ne seraient-ils pas que des pions entre des mains plus expertes??! Ça me semble presque inéluctable!!
Chose certaine, j’ai bigrement hâte de retrouver l’efficace plume d’Istin et les si fabuleux pinceaux de Lamontagne dans le tome #4, que je m’en vais lire derechef! Je vous en reparle d’ici peu… mais en attendant, vous pouvez aller lire ce que j’ai pensé des tomes #1 et #2 de cette même série!
Plus grandes forces de cette BD :
- ma superbe dédicace de l’horrible Gwénolé!! Comme je l’ai toujours dit, Lamontagne a un talent sans pareil pour faire de «sublimes laideurs»!!? L’expression a d’ailleurs eu l’heur de lui plaire, quand je la lui ai dite, lors de notre rencontre, au dernier ComicCon : en effet, il n’a pu qu’y acquiescer en souriant! ;^)
- un début de piste, d’explications. Sans qu’on sache encore qui tire les ficelles de tout ce complot, on commence à avoir une idée du but visé. De plus, je suis bien content que les items sacrés de la mythologie celtique aient un rôle à jouer dans tout ça. Ça me permet de revoir la lance de Lug, le chaudron, l’épée et la pierre dans un autre contexte que celui où j’avais découvert ces items, c'est-à-dire en lisant le premier tome de la série la Quête du Graal!
- les yeux de Gandalf, aux p.23 et 24!! Ou plutôt, ceux de Ian McKellen, le grand comédien qui incarnait ce rôle. En effet, il est clair que le personnage du maître de Gwenc’hlan, qu’on aperçoit sur la couverture, est plus que fortement inspiré par cet excellent comédien, du moins sur le plan graphique!
- les grandioses illustrations pleine planche, ou double planche! Celle où l’on peut admirer la bibliothèque secrète des druides (p.30), ou la double planche de la déferlante (p.46 et 47) sont carrément à couper le souffle. Quel talent! Quelle beauté! Quelle puissance!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la dichotomie entre le dessin du personnage, sur la couverture, et celui de son décor. Il me semble que monsieur Lamontagne nous a habitués à plus! J’aime l’effet brumeux, sur les monolithes moussus, ainsi que l’arbre délicieusement tortueux en arrière-plan, mais son sage en méditation semble un peu en deçà de ce qu’il nous offre habituellement, du point de vue de la netteté du trait et des proportions. Sa tête ne vous semble pas trop grosse, à vous?
- bien que j’aie été très heureux d’enfin découvrir l’issue du combat sur les toits, entamé à la fin du tome #2, je réitère mon objection : ça ne se fait pas de prendre ses lecteurs en otage de cette façon, et de les faire attendre pendant des mois avant de leur faire connaître la suite!! Par ailleurs, je trouve assez tiré par les cheveux qu’au cours de tout ce combat, malgré toutes les chutes et tous les coups portés, la capuche du «méchant» n’ait jamais fait place au visage du coupable! À la limite, que les lecteurs ne le voient pas, c’est une chose concevable, mais que Gwenc’hlan n’aperçoive rien de ce visage qu’il frappe, ou qu’il ne reconnaisse pas la voix ou la physionomie de cet adversaire qu’il empoigne à bras le corps, c’est un peu aberrant!
- l’impossibilité de certaines constructions souterraines. Si la splendide bibliothèque des druides reste à la limite du réalisme, la cachette souterraine des items sacrés est, pour sa part, totalement incongrue tellement elle est vaste et polie, avec son escalier en colimaçon (p.39) et son gouffre sans fond parsemé de dizaine de passerelles sculptées à même le roc (p.40) ! Ce genre d’extravagance tout à fait irréaliste heurte toujours violemment mon côté cartésien (j’ai déjà effleuré ce sujet, notamment ici, dans ma critique du premier tome de la série l’Ordre des Dragons), et ça mine un peu mon engouement pour un récit qui se veut à dominance réaliste. Bédéistes, essayez de ne pas trop abuser de ce moyen scénaristique qu’est l’extravagance outrancière!!
- le manque de constance dans l’orthographe celte! Après le «Is vs Ys» que je déplorais dans ma critique du tome #2, voilà que le lexique nous offre Aballonia… là où le tome #1 nous écrivait Abalonia. Alors, je mets un ou deux L?? Bien sûr que c’est un détail (et oui, Yaneck, je chipote encore!!), mais je ne parviens pas à concevoir qu’il n’y ait pas quelqu’un, un correcteur ou un vérificateur quelconque, dans une maison d’éditions, dont c’est le boulot de vérifier ce genre de détails et d’uniformiser le tout!! Ça m’agace et m’enrage, tout à la fois!!… Mais ne vous en faites pas : je vais fort probablement m’en remettre!! ;^)
|