#04- SAISON CORSE
Scénariste(s) : Nicolas BARRAL
Dessinateur(s) : Olivier TaDUC
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Mon pépé est un fantôme
Année : 2011 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Quotidien, Aventure humoristique, Humour fantaisiste, Humour tendre
Appréciation : 4.5 / 6
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la Corse : là où on ne niaise ni avec l'honneur, ni avec l'amour!
Écrit le samedi 28 janvier 2012 par PG Luneau
Ce quatrième tome des aventures de Napoléon Tran nous offre une surprise de taille : un récit complet, de 46 planches!! Disparues, les historiettes de cinq ou six pages! Y reviendra-t-on? L’avenir nous le dira. Mais pour l’instant, Barral s’attaque à une aventure plus substantielle aux effluves de voyage en Corse!
En effet, pour les vacances d’été, Napoléon rend visite à ses grands-parents maternels, les Gracematolli, en compagnie de sa mère… et de ses copains Amadeus et Miguel! S’il est très content de retrouver sa Mina et son Missia, de même que les copains qu’il s’est faits au village lors des étés précédents, Nap se demande un peu comment son Pépé fantôme va supporter la «concurrence»!
Comme dans la plupart des histoires de vacances, l’amour sera au rendez-vous : c’est que la petite Clara, c’est un peu «l’amoureuse d’été» de Napoléon!! C’est du moins l’entente qu’ils avaient pris, lors de leur dernière rencontre… deux ans auparavant!! Mais maintenant que notre héros s’est épris de la belle Joséphine, une consœur de classe (voir le tome #3), comment le pauvre bourreau des cœurs jonglera-t-il avec tout ça?! C’est qu’on peut difficilement rigoler avec les sentiments amoureux, et encore moins chez les Corses, où l’honneur est si important qu’il est codifié en règles plus que strictes, non-écrites mais incontournables!
Aussi, avec la chaleur, l’odeur ineffable du fromage local, les revendications terroristes, les potions du sorcier, les caprices de Pépé, les amours de sa mère, ceux de Miguel et les siens, Napoléon a fort à faire! Ce sera un été chargé, et riche en émois!
Pour ce premier long récit, monsieur Barral s’en tire assez bien. Son histoire est vivante, agréable, et m’a permis de découvrir un peu de cette fameuse perle de la Méditerranée qu’est la Corse. Toutefois, personnellement, je préfère quand même mieux la formule des courts récits. Elle semble lui permettre de mieux focaliser sur certaines problématiques spécifiques. Ici, tout s’entremêle, et les thématiques abordées sont plus banales : les amourettes, l’intimidation, la fugue… tout ça, c’est vraiment de l’ordre du déjà vu. Heureusement, Barral les traite avec son grand talent de conteur et son regard tendre habituel, et TaDuc nous illustre une île de Beauté plus majestueuse que nature!! À ce propos, je ne peux passer sous silence les incroyables coloris et les splendides jeux d’ombrage qui ornent chaque page de cet album : ils sont dus au grand talent de Nadine Thomas. Un chef d’œuvre visuel!
C’est vrai, ce quatrième tome nous garde quand même certains thèmes plus particuliers, comme les techniques de baiser et les amours intergénérationnels!! Toutefois, Pépé fantôme y joue un rôle beaucoup plus effacé, et on y retrouve des péripéties moins percutantes que dans les premiers albums.
Il est clair que je sauterai sur le prochain album de cette série avec autant de fougue. Ça reste un produit de très grande qualité… mais je crois qu’en mon for intérieur, je souhaite que les créateurs en reviennent aux courts récits. Mais comme dit le proverbe : une fois n’est pas coutume. Alors n’ayez pas peur d’oser!!
À lire aussi : mes critiques des tomes #1 et #2.
Plus grandes forces de cette BD :
- la magnificence des bleus pétants! Tant les ciels azur que les mers turquoise de Nadine Thomas, la coloriste, sont à couper le souffle! L’île de Beauté ne l’aura jamais tant été!! D’ailleurs, tous les coloris et les ombrages sont fabuleux, d’une brillance à faire rêver! Bravo!
- la personnalité d’Amadeus, qui s’affine. Dans les premiers tomes, ce fils de directeur de pompes funéraires était peu crédible car trop axé sur la profession de son père : ça avait l’air forcé. Ici, il entre dans la norme… peut-être même un peu trop!
- un environnement nouveau, qui nous présente les personnages qu’on aime bien dans des contextes très différents de ce à quoi ils nous avaient habitués. Ça brise la routine, tout en faisant ressortir d’autres aspects de leur personnalité… Évidemment, le fait qu’on soit en présence d’un récit plus long y joue aussi un peu!
- encore quelques thèmes novateurs. Si le concept de triangle amoureux n’est pas particulièrement nouveau, même en BD jeunesse, Barral est quand même parvenu à me surprendre avec des discussions sur les techniques d’embrassade (avec ou sans langue?) et, surtout, en abordant un thème pourtant assez fréquent dans la vraie vie : un enfant qui tombe éperdument amoureux d’un adulte! C’est d’autant plus original que c’est très pertinent! Bravo!
- quelques bons gags. Celui de la mémé empaillée, à la page 23, m’a particulièrement fait rire!
Ce qui m’a le plus agacé :
- l’absence d’Aboubakar. Ce copain de Napoléon était celui que j’appréciais le plus, mais il n’est malheureusement pas du voyage. Par contre, son absence a permis aux deux autres gamins de prendre un peu plus de place dans la série! Miguel est même devenu un personnage particulièrement intéressant… il déloge peut-être même Abou dans mon cœur, à présent! Comme quoi : loin des yeux…
- la difficulté, souvent, à lire le journal de Napoléon, écrit sur des fonds aux couleurs souvent trop foncés! La somptuosité des fonds colorés est magnifique, mais pas très pratique quand vient le temps de lire les pattes de mouche déjà tordues que Napoléon trace dans son journal intime!
- une petite crainte que la série se termine là!! En effet, la finale est un peu ambigüe, et on pourrait y comprendre que le problème de la présence du fantôme de grand-papa Tran est maintenant résolu… Bien qu’une suite puisse aussi être possible! Bref, Barral et TaDuc nous laissent dans l’expectative! Vivement que je sois fixé… et que la balance penche pour que la série continue!!
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