#02- DANS UNE SOMBRE FORÊT
Scénariste(s) : François DEBOIS
Dessinateur(s) : Montse MARTIN
Éditions : Glénat
Collection : Grafica
Série : Talisman
Année : 2009 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (2 & 3 / 3)
Genre(s) : Fantastique, Conte réinventé, Aventure, Drame familial
Appréciation : 4.5 / 6
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De magie, comme de toute chose, on ne doit point abuser...
Écrit le samedi 08 octobre 2016 par PG Luneau
Tomes lus : #02 - Dans une sombre forêt...
#03 - le Chaperon rouge (2010, 5/6)
Il y a belle lurette que j'ai lu le premier tome de cette série : c'était au tout début de cette Lucarne, durant la première année de ce blogue! Il était grand temps que j'en lise sa conclusion, vous ne trouvez pas??! ;^)
Je l'ai fait récemment, non sans relire le premier tome, dont j'avais gardé de très bons souvenirs. Question que vous puissiez bien suivre, rappelons les faits : le père de Tara est un écrivain en panne d'inspiration qui, soudainement, trouve un filon qui lui inspire un nouveau best-seller. Seulement voilà : dès la parution du dit bouquin, le pauvre homme tombe dans un état comatique inexplicable, qui perdure! Tara et sa mère doivent galérer pour subvenir à leurs besoins, et la pauvre jeune fille devient le bouc émissaire d'une bande de riches parvenus à la méchanceté particulièrement exacerbée.
Alors qu'elle farfouille dans le grenier, Tara découvre une boîte verrouillée contenant une cape rouge qui, selon toute apparence, appartiendrait à son père. Mieux encore : il semblerait que l'étonnant objet aux propriétés magiques exhausse les vœux de la personne qui la porte!! :^0 Mais est-ce bien sécuritaire de l'utiliser? N'y aurait-il pas un coût caché à l'employer trop souvent? Voilà où s'arrêtait le premier tome.
Le tome #2 reprend au moment même où on nous avait laissés, alors que Tara et son grand copain Tom venaient de mettre la main sur un étrange carnet... qui s'avère rempli d'un charabia encodé impossible à interpréter. Qu'à cela ne tienne : quand on possède une cape à vœux, il n'y a plus grand-chose qui puisse nous résister!! Nos deux amis décident donc d'interroger la cape : «(...) je veux connaître toute l'histoire de ce carnet!» À leur grande surprise, les voilà entraînés dans le passé, où ils découvriront leurs parents alors qu'ils étaient adolescents!! :^0 Ils réaliseront alors que les vieilles amitiés et les rancœurs que les adultes de leur entourage ressentent aujourd'hui trouvent leurs racines dans une fascinante expérience surnaturelle qu'a vécue la petite bande de copains qu'ils formaient à l'époque!!
Fort de ces révélations, Tara et Tom devront ensuite, dans le tome final, s'organiser pour garder la cape (qui suscite encore bien des convoitises!) et tenter de sortir le père de Tara de l'étrange coma surnaturel dans lequel il se trouve. Pour ce faire, ils devront passer des alliances contre nature et explorer le territoire fantastique qui avait tant troublé leurs parents, des années auparavant, un endroit aussi fabuleux qu'inquiétant... Qui écopera, cette fois??
Toujours superbement servis par les pinceaux de Montse Martin, les deux derniers tomes de ce triptyque nous entraînent vers des avenues étonnantes, auxquelles rien ne nous avait préparés dans le premier opus. La présence du fantastique, qui y était subtile et minimale, prend ici toute son ampleur! On comprend enfin le fin fond du mystère et le rôle que chacun a joué dans cette histoire. Tous s'y révèlent sous leur véritable jour, et de belles surprises nous y attendent.
Le plus important bémol que j'ai dénoté, toutefois, c'est celui du public visé. À qui est-elle destinée, cette série?? Le scénario en est par trop étoffé pour les jeunes de moins de 12 ou 13 ans... Ce serait donc une série pour les ado-adultes. Mais alors, pourquoi les dessins des créatures fantastiques rencontrées sont-ils si souvent exagérément enfantins? J'éclaircis ce point plus bas, dans ma critique.
Sinon, je me dois de préciser que j'ai pris bien du bon temps en compagnie de Tara, de Tom et de leurs proches. Vous devriez en prendre aussi, je présume! ;^)
P.S. : Le 2e tome nous explique enfin le sens du titre donné au premier album (le Grimoire des souhaits). Rappelons que je l'avais trouvé très mal choisi, compte tenu du fait qu'il ne faisait référence à rien de ce qui se passait dans le premier tome!? À la lecture du 2e, les choses s'éclaircissent!... Mais je demeure persuadé qu'il s'agissait là d'un très mauvais choix éditorial! ;^)
Plus grandes forces de cette BD :
- la trame de fond du récit, qui remonte à la jeunesse des parents des protagonistes. Le premier tome ne laissait rien transparaître de cet état de fait! Ainsi, la surprise de voir l'histoire prendre cette tangente est agrémentée par notre découverte des secrets de jeunesse d'Amélie, d'Edwin, d'Henry... mais aussi d'Arnaud, le père de Mathilde... et même de Nola, la folle du village (qui ne l'est pas de naissance, manifestement)!!?? Des secrets troublants et riches de conséquences, où souvenirs de vacances et triangle amoureux seront chamboulés par l'émergence d'un monde féérique, où pullulent autant de créatures merveilleuses que de bestioles inquiétantes!!... ;^)
- des péripéties divertissantes et entraînantes. Le mystère nous tient, on veut poursuivre notre lecture pour en savoir plus... Et quand des passages comme l'attaque de l'ours ou la montée de la marée surviennent, ça devient vraiment haletant!! On tourne les pages sans même s'en rendre compte! ;^)
- la malebête. La représentation que madame Martin en a faite est très originale. On est loin des loups-garous traditionnels : elle a plutôt conçu de toutes pièces une espèce de mélange de loup, de cheval et d'humain des plus inquiétants!! Chapeau!
- une trame somme toute satisfaisante, qui vient racheter les nombreux petits défauts que j'ai dénotés. Par exemple, après les révélations de Nola et le revirement (sincère ou non??) d'Arnaud, dans le tome #3, le mystère est à son comble : on ne sait réellement plus qui croire! ;^) Puis la finale du récit reste suffisamment intéressante pour qu'on se donne la peine de tenir le coup. C'est déjà beaucoup, en littérature fantastique!! :^S
- un élément qui m'a bien fait rire : quand Nola la folle, à l'asile, tente désespérément de faire le décompte des Barbapapas et de leur associer leur couleur et leur champ d'expertise!! L'amusant de la chose... c'est que c'est là une activité à laquelle je me plie assez régulièrement (une fois par année, disons)!! Aussi dingue qu'une internée... serais-je à enfermer, moi aussi!!!??? ;^D
- l'approche novatrice avec laquelle monsieur Dubois traite la déconstruction des contes de fée. En fait, j'aime l'idée que les frères Grimm et Charles Perreault aient tout simplement eu accès au monde fantastique que l'on découvre dans cette série, et qu'ils s'en soient inspirés pour écrire leurs contes devenus classiques. Ça fait qu'on peut trouver quelques réminiscences à certains contes (Boucle d'or, le Chaperon rouge ou le Petit Poucet, par exemple), mais dans une transposition moderne et très originale, loin de ce que nous offre la série-télé Il était une fois, ou ma série BD fétiche Fables, par exemple.
Ce qui m'a le plus agacé :
- les petites aquarelles des quatrièmes de couverture et des pages de titre. Celles du premier tome ne m'avaient pas marqué outre mesure, mais celles du tome #2, principalement, me déplaisent assez. Heureusement que ce ne sont que des expérimentations décoratives : cette façon de coloriser ne m'accroche pas du tout! Je n'aurais probablement même pas pris la peine d'ouvrir ces albums s'ils avaient été entièrement illustrés de cette façon.
- la narration du tome #2 qui, trop souvent, souffre de déboulite aigue. Tant au début (à la p.4) que vers la fin (p.38-39), les actions se bousculent si rapidement, sans raison, qu'on dirait qu'elles déboulent un escalier!! À la p.4, que ce soit la violente réprimande que reçoit Mathilde l'arrivée impromptue d'Amélie en détresse ou le plan machiavélique du père de Mathilde pour lui venir en aide, chacun de ces trois moments aurait mérité au moins le double des cases qu'on leur alloue ici pour qu'on en savoure véritablement la méchanceté... Même chose pour les p.38 et 39 : l'apparition inopinée du plan de la forêt et toutes les déductions que les enfants établissent s'enchaînent ridiculement trop rapidement! Ça sent le scénariste coincé par ses 46 planches!! :^P
- l'espèce d'écart un peu trop marqué entre le réalisme (relatif, ça reste du fantastique!!) du récit et les dessins parfois très enfantins, quand les personnages découvrent les créatures féériques. Le monde fantastique qui nous est proposé est bucolique et mignon à souhait : il donne vraiment envie d'y retourner... mais était-ce vraiment nécessaire que madame Martin transforme autant son style graphique?? Les petites lucioles (notamment celles qu'on aperçoit sur la couverture du tome #3) semblent sortir tout droit d'un dessin animé de la chaîne Youba!! Je suis convaincu que cet espèce de grand écart visuel en rebutera plus d'un... ou en poussera d'autres à destiner cette série à un public trop jeune, qui ne saurait pas l'apprécier à sa juste valeur.
- le personnage de Mathilde. Cette garce de riche, pernicieuse et cruelle, reste, comme je le disais déjà dans ma critique du premier tome, trop caricaturalement «méchante» pour être crédible. Elle serait digne de figurer au palmarès des super-vilains de la vieille télé-série Batman de mon enfance, aux côtés du Sphinx, du Pingouin, de la Femme-Chat et du Joker (celui incarné par Cesar Romero)! C'est dire combien on y est allé trop fort! La crise qu'elle fait, à la p.45 du tome #2, est particulièrement grotesque!...
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