#01- ROBOTIQUE 101
Scénariste(s) : Maxim CYR
Dessinateur(s) : Maxim CYR
Éditions : Michel Quintin
Collection : X
Série : Victor et Igor
Année : 2015 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Gags en une planche
Genre(s) : S.F. humoristique, Humour fantaisiste, Humour naïf, Hommage, Héros animalier
Appréciation : 4 / 6
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Devenir un vrai geek, ça s'apprend jeune!
Écrit le mercredi 07 mars 2018 par PG Luneau
Tomes lus : #01- Robotique 101
#02- Que le meilleur gagne! (3,5/6)
#03- Game on! (2016)
#04- le Monde virtuel (2017, 3,5/6)
Quand j'ai rencontré Maxim Cyr, lors du dernier Salon du livre de Montréal, je lui ai fait une promesse : celle de me plonger dans sa dernière série, Victor et Igor, et de lui donner mon avis de geek adulte. J'ai depuis honoré ma parole en lisant les tomes actuellement disponibles (qu'il a pondu en un impressionnant temps record : 4 tomes en 2 ans... sans compter qu'il a aussi travaillé sur quelques albums des Dragouilles, durant cette même période! :^0). Me voici prêt à partager mes bien modestes impressions.
D'abord, il faut savoir qu'Igor est un robot aux allures de singe ou de yéti, conçu par Isaac et Ernest, deux inventeurs experts autant en robotique qu'en manipulation génétique. Quand le premier tome débute, on assiste à la mise au point finale d'un deuxième robot, un iota plus perfectionné, mais ayant une apparence plus humaine, celui-là : Victor, qui prend vie sous nos yeux!
En un rien de temps, les deux créatures se lient d'amitié fraternelle et s'entendent comme larrons en foire pour commettre les 400 coups qu'on peut imaginer (et même quelques-uns qu'on n'imaginerait pas!?) dans ce genre de série humoristique...
Le premier tome, Robotique 101, nous permet de faire connaissance avec ces deux zigotos et leur environnement. On en apprend plus sur leur quotidien, leurs relations avec leurs deux «papas», leurs goûts et intérêts (Igor RAFFOLE trop des bananes!), les autres membres de leur entourage... On leur découvre, par exemple, des «animaux» de compagnie : d'abord une joyeuse pieuvre-robot-cyclope baptisée Lola, puis Molécule, une flaque polymorphe vert fluo, résultat d'une expérience ratée...
Dans le second tome, Que le meilleur gagne!, Ernest et Isaac sont invités à venir présenter Victor, leur meilleure création, à une exposition scientifique... au Japon!!? Il n'en fallait pas plus pour que Victor et Igor explorent un peu plus les cultures kawaii et manga... et internationalisent leurs facéties!! ;^D Se faisant, ils se retrouvent avec un double maléfique de Victor, qui leur rendra la vie un peu plus compliquée en leur mettant des bâtons dans les roues!
Le tome #3 les ramène au bercail, où nos deux amis continueront d'en faire voir de toutes les couleurs à leurs proches. Les jeux vidéo, qui ont toujours été une grande préoccupation pour les deux charmants garnements, prendront peut-être ici une place un peu plus importante... d'où le titre : Game on! Au point où nos deux héros trouveront le moyen de s'enfoncer eux-mêmes dans une dimension alternative et deviendront, tout au long du tome #4, les personnages customisés d'un jeu vidéo dont ils devront s'évader, en traversant tous les tableaux de ce Monde virtuel!
Sur un ton humoristique très léger, accessible à tous, Maxim exploite toute l'étendue de sa passion pour la geekitude : jeux vidéo, jeux de rôle, films de science-fiction de série B, téléséries fantastiques, dessins animés de Disney, tout y passe! D'Astroboy à Harry Potter en passant par Naruto, les Jetson, les superhéros de DC ou de Marvel... ou même certaines vedettes québécoises comme Guiby ou Billy Stuart (!!?), Maxim ratisse large et semble s'en donner à cœur joie!! Comme il me le disait malicieusement lors de notre dernière rencontre : «Après tout, il est grand temps qu'on leur dise qui est le Dr Who, à ces jeunes-là!!»
S'il parvient, scénaristiquement parlant, à varier ses propositions (notamment grâce à la bonne idée qu'il a eue d'alterner «un tome à la maison, un tome en voyage»), un seul bémol m'a fait un peu tiquer : la surexploitation des blagues à saveur (ou à «odeur» devrais-je peut-être dire?! ;^) scatologique. Bien sûr, le jeune lectorat à qui la série s'adresse ne s'en plaindra pas (bien au contraire!!), et je n'ai moi-même rien contre une bonne joke de pet, une fois de temps en temps, mais Maxim insiste peut-être un peu trop, surtout dans les premiers tomes, sur le pipi-caca-pet. Un dosage plus judicieux devrait pouvoir calmer les appréhensions des parents ou enseignants trop-bien-pensant qui, eux, pourraient s'en plaindre.
Sinon, le charme des dessins rondouillets et très nets de Maxim, reconnaissables entre tous depuis le grand succès de ses Dragouilles, opère encore, malgré des choix de couleurs fluo assez intenses! ;^) Il est clair que tous les jeunes vont dévorer ces recueils de sympathiques gags dès 7 ans ... Et, Maxim, ne t'inquiète pas : je ne sais pas à quel point je peux être représentatif d'une certaine catégorie d'adultes geeks, mais je peux t'assurer que j'ai pris grand plaisir à dépister tes références! Victor et Igor, c'est vraiment pour tous les âges! ;^)
Plus grandes forces de cette BD :
- l'objet-livre. J'aime bien le fait que la couverture soit partiellement pelliculée. Ça donne un petit relief à l'illustration... et un petit stimulus supplémentaire aux bouts des doigts! ;^) De plus, j'apprécie la générosité de l'auteur / illustrateur qui a gratifié chacun des quatre tomes d'une planche de garde différente, souvent à thématique de jeux vidéo... Super!
- les quatre dédicaces dont Maxim a honoré mes albums.
- certains personnages fort divertissants. Igor est particulièrement intéressant, de par son imperfection: j'adore le bogue qui nous le montre en train de chanter la Macarena!:^) De plus, il peut lire les phylactères de pensées des autres!!:^O Il est particulièrement charmant quand il porte le filet (p.23 du #1), les bigoudis (p.44 du #2) ou qu'il a le visage tout déformé par un aquarium (p.19 du #1)! Dommage que ses mains soient si étranges! Perso, j'adore aussi Lola et Molécule, les deux «bestioles» de la famille. Elles sont particulièrement mignonnes, et j'aimerais bien qu'elles deviennent plus importantes dans les albums!
- la subtile représentation de l'homoparentalité. En effet, au même titre que Spirou et Fantasio, Tintin et Haddock ou Bruce Wayne et Dick Tracy, Ernest et Isaac vivent ensemble au quotidien, ce qui, en soit, ne nous aiguille aucunement sur leur possible homosexualité. Ce en quoi ils diffèrent, c'est qu'ils assument clairement leur rôle de parents des deux robots, non seulement en tant que leurs créateurs, mais aussi en tant qu'adultes responsables de leur bonne éducation. Souvent, on les voit en train de les sermonner, de leur dicter des règles à suivre («Rangez-moi votre chambre!») ou d'en prendre soin. En ce sens, ils font tout à fait office de parents, les deux «papas» travaillant de concert. Ainsi, sans qu'on insiste ou que ce soit clairement précisé, on est bel et bien en présence d'un «couple» de «papas»... C'est beau, quand même, l'évolution des mentalités!! ;^)
- toute la multitude de références! J'en ai listées plusieurs dans mon texte d'ouverture, mais il y en a des tonnes d'autres: les trois lois de la robotique d'Asimov, Star Wars, Mario Bros, Sailor Moon, Totoro, Son Goku et ses Dragon Balls, les Pokemon, les Transformers, Wall-E, Obélix, Batman, le Grumpy cat et... les Dragouilles! L'auteur y va même d'un clin d'œil à lui-même et d'un autre à son éditeur (chez qui ses héros veulent acheter des actions!! ;^) C'est un réel plaisir de s'amuser à chercher toutes ces références: j'ai failli ne pas reconnaître la célèbre annonce de Coppertone, avec la fillette qui se fait tirer le maillot par un chiot!! Et je ne parle pas de toutes celles en lien avec les jeux vidéo, que je connais très mal (j'ai quand même débusqué le célèbre Craque-Bonbons!! ;^)! Deux de mes coups de cœurpréférés? Le Robot-Dépôt, aux couleurs bien reconnaissables (premier tome, p.36), et l'onomatopée «ONOMATOPÉE» (id., p.23), rappelant la vieille mais désopilante télésérie Batman des années 60!! ;^D
- une grande présence musicale! En effet, à de nombreuses reprises, Maxim insère des extraits de chansons très variées, passant de Blanche-Neige à Mister Roboto ou de Lavez, lavez! à la Macarena! C'est assez kitch-clectique, vous ne trouvez pas?? Tout à fait dans mes cordes!! ;^)
- le niveau d'humour général. Outre quelques exceptions (voir plus bas), la plupart des gags sont sympathiques. Quelques-uns sont gentiment plus critiques (sur la technologie, notamment, avec l'intelligence superficielle ou la montre qui fait tout sauf donner l'heure! ;^), mais toujours sur un ton léger, visant à amuser. Quelques autres frôlent la tendresse, ajoutant une petite touche d'émotion (comme la p.8 du premier tome ou la p.33 du 4e)... Certains sont plus recherchés, comme le gag sur la paronymie des verbes germer et gerber (p.21 du 4e tome)!! ;^D
- la belle variété de mises en pages. Certaines sont bien originales, plus éclatées: quelques pleines pages, quelques cases avec des éléments qui sortent des cadres, quelques gaufriers parfaits, des contours de planche décorés... Le tout savamment dosé: bravo!
- la conclusion de chacun des tomes, qui annonce toujours, en quelque sorte, la thématique générale du prochain album. Ça démontre une réflexion certaine dans l'élaboration des scénarii!
- la rapidité de lecture. Le peu de texte et le relatif dépouillement des vignettes font en sorte que ces albums se lisent très rapidement.
Ce qui m'a le plus agacé :
- les couleurs, un peu trop intenses... Moi qui suis un fan des couleurs franches, en à-plat, jamais je n'aurais pensé me plaindre d'une surcharge de couleurs vives... Pourtant, ici, ça me semble presque criard... Heureusement que les décors sont, pour leur part, assez minimaux, ce qui permet de garder une certaine clarté!:^S
- des choix graphiques particuliers. Pourquoi avoir assigné des yeux asymétriques à Victor? J'avoue que ça a agacé mon petit côté T.O.C. tout au long de mes lectures! De même, à la p.7 du tome #2, je me suis demandé pourquoi Victor faisait un doigt d'honneur au Blob!??! Ce geste n'a rien à voir avec l'histoire... mais peut-on sincèrement l'attribuer au simple hasard?
- les gags à caractère scatologique. Flatulences à répétition, craques de fesses, papier de toilette coincé, urine dans la piscine, caca-Jell-o, Victor surpris sur la toilette... Manifestement, Maxim a voulu maximiser le potentiel humoristique de tout ce qui est situé sous la ceinture... Un peu de retenue serait peut-être de mise...
- certains gags moins efficaces, principalement dans le 2e tome. Je pense aux p.8 et 20, ou aux duels des p.31 et 39... J'ai ensuite eu une autre petite baisse d'intérêt dans le tome #4, aux p.24 à 27...
- des coquilles... scénaristiques? À la p.44 du tome #2, Victor se vente de pouvoir «...tousser (son) ou-de a-ec (sa) an-gue»... Pourtant, c'est son épaule qu'il lèche!?? Plus tard, dans le tome #3, on nous présente Ernest comme étant le «papa» aux cheveux roux (p.28), puis le «papa» aux cheveux bruns (p.34). Que croire?? ;^)
- quelques petits problèmes de phylactères! D'abord, il arrive à plusieurs reprises que Maxim dispose ses bulles devant un élément (accessoire ou décor) important pour le gag! Elles volent le focus! C'est le cas, par exemple, à la 2e case de la p.32, dans le tome #4. De plus, la présence de phylactères avec des appendices qui se croisent, comme aux p.24 et 25 du même tome, n'est jamais recommandée, question de facilité la lisibilité...
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