Capsule-Pif #027- Gentlemen-cambrioleurs : de très grands seigneurs!
Écrit le dimanche 26 août 2018 par PG Luneau
les Aristocrates
Que voilà une série intéressante que celle des Aristocrates! Sûrement l'avez-vous croisée, en parcourant les pages de vos vieux Pif gadget de 1975! Un tel quatuor en costard, cravate et melon, accompagné d'une jeune et jolie donzelle, très très à la mode, on ne pouvait pas les manquer! ;^) En fait, il s'agissait d'une équipe de cambrioleurs de haut niveau, qui avait fait sienne les préceptes du mythique Robin des bois! En effet, celui qu'on ne connaîtra que sous le titre du Comte, un noble britannique très distingué et assez âgé, a recruté 4 partenaires pour parvenir à exécuter les vols les plus spectaculaires (et improbables!) qui soient, au nez et à la barbe du très réputé Scotland Yard. Mais, toujours, il choisit ses victimes parmi les richissimes corrompus... et toujours dans le but d'en faire profiter les plus démunis!
Pour seconder ce génie de la combine, du vol à la tire, de la prestidigitation et du combat à l'épée (?!), on retrouve quatre complices hyperspécialisés.
D'abord, il y a Fritz, un ingénieux électronicien allemand capable de bidouiller tous les appareils possibles et imaginables, du ralentisseur d'ascenseur au brouilleur d'ondes télévisuelles en passant par le jet-pack ou les bottines et les gants pour grimper aux murs, tel Spiderman!!? Vous l'aurez compris, cet allemand un brin prétentieux, aux airs d'amusant grand-père, rappelle beaucoup le célèbre Q, le concepteur de gadgets de James Bond!!
Puis, il y a Alvaro, un tout petit Italien moustachu, tout mince, auquel aucun coffre-fort ne peut résister! Sa petite taille lui permet de se faufiler partout... mais ne l'empêche nullement de se prendre pour un grand Don Juan!
Moose est le quatrième homme du groupe. Ce gros Irlandais barbu, sosie quasi parfait de Bud Spencer, est doté d'une force herculéenne... qu'il adore mettre à profit!
Finalement, la superbe Jean, jeune nymphette sublime aux allures d'ingénue, s'avère être la nièce du Comte. Bien que le rôle de la belle soit presque toujours d'user de ses charmes pour distraire les autorités ou ensorceler une victime, question de l'entraîner momentanément loin de chez-lui, il n'en demeure pas moins qu'elle a plus d'un tour dans son sac!
Ensemble, sous la houlette de ce mélomane de Comte, ils exécutent «avec la précision d'une montre suisse» (comme ils se plaisent tous à le rappeler) des plans toujours très minutieusement échafaudés.
Comme antagoniste, les auteurs ont pensé ajouter le jeune inspecteur Michael Allen, de Scotland Yard. Ce beau blondinet s'avère en fait être l'allié/ennemi du groupe, car il est perpétuellement torturé entre son béguin pour la belle Jean (elle sait faire fondre le cœur de qui elle veut, la diablesse!), son désir de capturer cette équipe qui transgresse la loi (même si c'est pour de bonnes causes!)... et le fait qu'il doit RÉGULIÈREMENT faire appel aux services des Aristocrates pour l'aider à résoudre certaines de ses enquêtes!!
Si les scénarii avaient tout pour faire rêver les jeunes lecteurs que nous étions, disons qu'avec le recul, je suis plus à même de constater qu'ils souffraient parfois de petites incohérences techniques ou logistiques! Et la longueur des récits, de 10 à 12 planches, faisait en sorte que les auteurs devaient souvent conclure leurs récits de façon plutôt expéditive!
Graphiquement, Tacconi avait le chic pour exploiter les très gros plans et pour nous fagoter des mises en pages vraiment très dynamiques, remplies d'inserts et de vignettes concaves qui s'emboîtent de façon très irrégulière. De plus, ce monsieur pouvait nous pondre des tronches réalistes impayables, avec des mimiques hyperefficaces et mémorables!
C'est pourquoi, avec leurs petites touches d'humour tout ce qu'il y a de plus british, les cambriolages rocambolesques des Aristocrates ont su nous distraire de bien agréable façon. Et ce, malgré leur caractère si peu probable... mais il fallait bien rêver, non??!
Titre : les Aristocrates (mais seulement dans Pif! Originellement, elle s'appelait Gli Aristocraciti, et ailleurs, elle a été popularisée en français sous le titre des Gentlemen!)
Auteurs : Alfredo Castelli (scén.), Ferdinando Tacconi (dess.)
Descriptif : Ces Robins des bois des temps modernes sont en fait une sympathique équipe de cambrioleurs futés et habiles qui dérobent les trésors les plus inaccessibles qui soient à l'aide de bidules technologiques qui rendraient James Bond vert de jalousie! Cette équipe pluridisciplinaire, où chacun a sa spécialité, n'hésite jamais à donner un coup de main à l'un de leur plus fervent admirateur/détracteur, l'inspecteur de Scotland Yard Mike Allen, qui a autant besoin de leurs services qu'il cherche à leur mettre le grappin dessus!
Dessin : Réaliste, en noir et blanc... avec une large dominance de noir! Beaucoup de scènes nocturnes et de clairs-obscurs... Si l'on rajoute les incontournables complets noirs de tous ces messieurs, ça fait sombre longtemps!! Leroulement des bouteilles d'encre noire devait s'effectuer très rapidement chez monsieur Tacconi! ;^)
Genre : Aventure policière... mais de l'autre côté du miroir, en ce sens que nous sommes du côté des as de la cambriole, et qu'on leur souhaite de réussir, puisqu'ils le font toujours pour de bonnes causes!
# d'apparitions : 14 récits complets, généralement de 10 à 12 planches,
Époque des apparitions : Qu'en 1975! Malgré le fait que le scénariste tentait de bien faire comprendre que sa série ne prônait aucunement le banditisme, certains parents de lecteurs auraient manifesté des réserves sur l'aspect plus ou moins moral des valeurs transmises par cette série!!
Des albums? : 7 albums, tous sous l'appellation les Gentlemen, édités de 1979 à 1982 dans diverses collections, chez Hachette et Fleurus.
Note personnelle : Scénario : 4,5/5 Dessin : 4/5 Total : 8,5/10
Importance relative de parution : 173
En couverture? : Jamais!
Clins d'œil et trucs divers :
*Cette série n'en est pas une originale : les gens de chez Pif gadget l'ont achetée au journal italien il Corriere dei Ragazzi, où elle paraissait déjà depuis 1973. Par la suite, la série perdura quelques années dans le magazine français Super As puis dans le mensuel de poche Rodéo, qui en reprenait de vieux épisodes. De nouveaux épisodes ont vu le jour dans Il Giornalino, en 1998!
*Alfredo Castelli, le scénariste, est le père de la future série Martin Mystère, qui fera un tabac en Italie... et ailleurs!
*Ferdinando Tacconi, le dessinateur, se faisait presque systématiquement massacrer son nom par Pif gadget! J'ai vu très souvent des Tacconni et des Taconni... Richard Medioni le baptise même Traconi, tout du long de son livre Mon Camarade, Vaillant et Pif, l'histoire complète ... C'est à en perdre son italien! :^D
*Dans la version originale (et dans toutes les versions des Gentlemen), Fritz s'appelait Kurt et Alvaro, Pédro. De plus, Jean orthographiait son nom Jane. Pourquoi les gens de chez Pif gadget ont-ils décidé de les rebaptiser??
* En plus des expressions Well!, By jove! et My godness!, le Comte lance très souvent des répliques du «grand poète», Shakespeare... qui, généralement, n'en sont pas! :^)
* Pour sa part, Fritz dit toujours Wunderbar! et ne cesse de s'étonner de la naïveté, de l'incompétence ou de tous les travers des Anglais en se demandant sans cesse : «Ces Anglais, comment ont-ils pu gagner la guerre?»
* En caméo très spécial, on retrouve, dans le #326, nulle autre que sa Très Gracieuse Majesté la reine Elizabeth, qui semble très bien connaître - et apprécier! - le Comte. On y précise d'ailleurs qu'une certaine Ann serait nouvellement mariée à un certain officier prénommé Mark... Hors, la princesse Ann, fille d'Elizabeth, a épousé Mark Phillips, officier militaire, le 14 novembre 1973... Ce Pif gadget #326 date de mai 1975... Mais il y a fort à parier que les éditions Vaillant reprenaient parfois des aventures des Aristocrates / Gentlemen déjà publiées quelques années plus tôt, en langue originale!
* Tout l'épisode #337 est un hommage à James Bond. On y retrouve un Sean Connery ventripotent (très drôle!), ses alliés traditionnels, comme Q et Moneypenny, ainsi que le machiavélique Blodfeld, le fameux ennemi au chat angora blanc! D'ailleurs, comme pour enfoncer d'avantage le clou, le scénariste (ou le traducteur?) s'est amusé à insérer plein de jeux de mots avec les titres des films de 007! ;^)
* Manifestement, le traducteur de chez Pif manquait un peu de culture!!? Je m'explique : À deux reprises (Pif #318 et #342), l'enjeu du cambriolage de nos héros est un sceptre, ce bâton richement orné que tiennent les rois pour... montrer qu'ils le sont!! Horrible bévue : tout au long de ces deux récits distincts, on ne cesse de nous parler de SPECTRES!! Ça ne peut plus être une coquille quand l'occurrence apparaît 5 ou 6 fois par récit, et que le vrai terme n'y figure pas!!? Voler un sceptre, c'est déjà pas facile, alors voler un spectre, là, ça m'apparaît carrément impossible! :^)
* Derek Collins est un personnage secondaire qui fait plus d'une apparition dans la série. On le retrouve dans les #318 et #326. On nous le présente comme étant le premier Aristocrate, celui de qui le Comte a tout appris... Mais cet as du maquillage et de la transformation est devenu non seulement le rival du groupe, mais même leur ennemi!
* Notez finalement que l'inspecteur Allen a la fâcheuse habitude de réfléchir à voix haute... Mauvaise habitude dont les Aristocrates profitent, à l'occasion...
|