Du neuf dans le 9e? - Pascal Jousselin au Parc La Fontaine
Écrit le mercredi 11 juillet 2018 par PG Luneau
Festival de BD de Montréal 2018
(Deuxième partie)
Lors du dernier Festival, au parc La Fontaine, bien peu d'Européens étaient présents, il me semble... Les deux principaux qui avaient attiré mon attention, c'était Steve Cuzor et Pascal Jousselin.
Pour Monsieur Cuzor, j'avais apporté mon tome #3 de Quintett, puisqu'il en était l'illustrateur. Malheureusement, dès son arrivée, Cuzor a annoncé à tout le monde (dont certains de mes comparses qui faisaient la file depuis plus d'une heure!) qu'il ne dédicacerait QUE sa nouveauté, Cinq branches de coton noir (un drame de guerre dont j'ai entendu beaucoup de bien) pour des raisons idéologiques qui lui étaient propres. Disons que j'ai entendu de moins belles choses à partir de ce moment-là, principalement de la part de certains de mes confrères déçus, surtout de ceux qui venaient de s'acheter une demi-douzaine des premiers albums de Cuzor, dans le but évident de se les faire dédicacer!! Pour ma part, puisque je n'avais encore rien acheté et que je ne m'étais pas encore mis en file, ma déception a été de très courte durée... Ça ne me donnait que plus de temps pour aller voir ou revoir monsieur Jousselin!
Ce que j'ai eu le temps de faire à trois reprises au cours du week-end, finalement! Pascal Jousselin est un homme très gentil, au tempérament un peu réservé et d'une modestie certaine. On entend pourtant beaucoup parler de lui, depuis quelques années, grâce à l'imprévisible succès de la nouvelle série qu'il conduit en solo pour le Journal de Spirou : Imbattable! Elle présente les aventures délirantes d'un superhéros qui parvient à capturer ses ennemis... en s'extirpant, littéralement, des vignettes pour aller les coffrer dans la vignette du dessous, par exemple! :^0 Comment? Vous ne comprenez pas? Mais si : c'est que le dessinateur s'amuse à transcender les codes de la BD! Vous ne comprenez pas plus??... Bon, comme une image vaut mille mots, voici un exemple, repiqué du Net...

Voilà! Évidemment, les connaisseurs du 9e art comparent tout de suite cet exercice de style à l'œuvre de Marc-Antoine Mathieu (avec son Julius Corentin Acquefacques) ou, plus près de nous, à ce que Jean-Paul Eid fait de son Jérôme Bigras. «Il est vrai que les albums de Marc-Antoine Mathieu m'ont fortement marqué... mais je ne connais pas encore votre Monsieur Eid, par contre. Pourtant, on m'en parle très souvent, tant ici qu'en France d'ailleurs! J'espère que j'aurai la chance de le rencontrer.» On lui souhaite, en effet, car Jean-Paul était, effectivement, bien présent, durant le Festival!
Puis, je lui ai demandé comment la série avait débuté. «D'abord, ce ne devait être que deux ou trois gags, pour boucher des trous dans Spirou. Puis, de fil en aiguille, c'est devenu plus sérieux. Mon gros atout, c'est que j'ai pu obtenir de la rédaction qu'elle m'alloue un nombre de pages variable, plutôt qu'un canevas fixe, comme plusieurs de mes collègues. Ainsi, que j'aie une idée qui s'élabore en 3 planches ou une autre, qui passe mieux en 5, je n'ai pas à me contraindre! J'adore cette latitude, même si ça fait en sorte que mon héros ne paraît pas à chaque semaine...»
Quand je lui demande comment lui viennent ses idées, et s'il n'a pas peur de tomber dans la redite, le piège de ce genre de série étant probablement d'avoir vite fait le tour des possibilités para-narratives du médium, il hésite un peu. Il finit par avouer ne pas avoir à trop réfléchir pour les idées, qu'elles lui viennent, pour le moment encore, assez facilement!! Chose certaine, il y aura un tome #3... «Pour la suite, on verra : je préfère ne pas me mettre de pression à long terme!» 
Quand je l'ai questionné sur le sens du logo qui orne le poitrail de son héros, Monsieur Jousselin a souri... Et juste comme il commençait à me l'expliquer, ça m'est sauté aux yeux : c'est une planche de BD, mais avec un I blanc en son centre, pour Imbattable! Comment ai-je pu ne pas le percevoir tout de suite??! Monsieur Jousselin m'a rassuré : il semblerait que je suis loin d'être le seul à ne pas l'avoir compris du premier coup! Il en a même fait un gag, dans le courrier des lecteurs du Journal de Spirou!
Mais Jousselin ne se limite pas qu'à Imbattable, et j'ai été très content de découvrir qu'il avait participé à la série collective l'Atelier Mastodonte!! J'avais justement mon tome #3, dans lequel Alfred avait déjà entamé une dédicace collective, lors de son passage chez Planète BD, en juillet 2016... J'ai donc demandé à Monsieur Jousselin de me la compléter! Ça tombait bien : c'est le tome où il raconte son arrivée à l'Atelier, d'une façon très amusante! Trop nerveux de rencontrer Trondheim pour un entretien d'embauche, il se sauve en courant sur le toit, où il reste embarré!! :^0 Quand on l'y découvre, quelques jours plus tard, on le prend pour un sans-abri!! ;^) Ça nous a amenés à discuter de la manière dont les trames générales et les gags récurrents des Atelier Mastodonte sont conçus. En gros, il m'a pas mal confirmé le modus operandi que d'autres m'avaient déjà expliqué, il y a quelques années : dès qu'un bédéiste publie sa demi-planche, sur le site web privé des membres de l'Atelier, tous ceux à qui ça inspire une suite en font part au reste du groupe, en rédigeant parfois un petit synopsis! Tout se passe apparemment de manière très organique et naturelle, sans pleurs ni grincement de dents!
Bref, voici comment Monsieur Jousselin a complété le dessin débuté par Alfred... Je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler en le découvrant, surtout que je me suis justement déguisé en magicien, cette année, à l'Halloween, et que je faisais justement sortir des lapins (en papier!!) de mon chapeau!!? Quelle coïncidence!! C'est fou comme tout est dans tout!! ;^D

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