#05- LE NERF DE LA GUERRE
Scénariste(s) : Benoît Drousie dit ZIDROU
Dessinateur(s) : Serge ERNST
Éditions : Bamboo
Collection : X
Série : Boule à zéro
Année : 2016 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Quotidien, Humour tendre, Humour social, Humour mordant, Drame familial, Récit psychologique, Hommage
Appréciation : 5.5 / 6
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Du rire aux larmes, avec Zidrou le magénicien!
Écrit le samedi 22 septembre 2018 par PG Luneau
Tomes lus : #05- le Nerf de la guerre (Quotidien, Humour tendre, Humour social, Humour mordant, Drame familial, Hommage)
#06- le Grand jour (2017, Quotidien, Humour tendre, Humour social, Humour mordant, Drame familial, Récit psychologique, 5/6)
Ah!!! Zita! Zita! Ma très chère Zita!! Comment ne pas tomber en amour avec cette si charismatique jeune femme, qui est hospitalisée depuis 9 ans... et qui n'en a que 13??!! De la retrouver ainsi, dans les tomes 5 et 6 de sa série, m'a, à nouveau, chaviré le cœur...
Mais j'aurais probablement mieux fait de dire : Ah!!! Zidrou! Zidrou! Mon très cher Zidrou!! Comment ne pas tomber en amour avec les récits de ce si talentueux scénariste!! De ce génie! De ce magicien! Tout ce qu'il écrit transpire l'humanisme! Il sait jongler avec nos émotions de si élégantes façons qu'on s'abandonne sans retenue dans les histoires qu'il nous concocte avec tant de justesse. Car Monsieur Drousie (de son vrai nom!) n'est pas seulement doué pour venir pincer certaines cordes universellement sensibles (comme l'injustice des maladies infantiles, ou l'amour inconditionnel d'une mère pour ses enfants), non! Il sait aussi saupoudrer ses récits de touches d'humour d'une drôlerie indéniable! Encore cette fois, à deux reprises, cet auteur a su me faire éclater de rire, une demi-planche après m'avoir fait verser une larme!!! Et ce, sans compter toutes les autres fois où j'ai souri les yeux sec, ou pleurer sans avoir envie de rire!! ;^) Bref, ce scénariste génialissime a encore su tricoter notre âme avec brio à coup de tordantes mailles à l'endroit et de déchirantes mailles à l'envers. Merci de bien vouloir partager votre talent avec nous, monsieur Drousie, de manière à nous faire grandir...
Mais qu'en est-il spécifiquement de ces deux albums-ci? Le tome #5 nous montre une Zita en mode action-solution! En effet, comme bien des clients de l'hôpital, cette entreprenante jeune fille n'arrive pas à accepter le manque de services offerts aux parents des enfants malades (apparemment, cette situation semble aussi difficile en France qu'ici! :^0) Comment peut-on tolérer qu'on refuse aux parents de gamins de 2 ou 3 ans, hospitalisés pour plusieurs jours, la possibilité de dormir près de leur enfant malade??! Faisant fi des raisons administratives et ne misant que sur sa détermination et sa débrouillardise, voilà Zita qui embarque toute sa bande (le gang des Crocodiles, comme ils s'appellent depuis le tome #2! ;^) dans le laborieux mais très stimulant projet de convertir un local abandonné en chambre pour visiteurs!... Un projet qui ne sera pas de tout repos!
Dans le tome suivant, on passe en mode plus intime! L'adolescence est, on le sait, un âge où les jeunes commencent à ressentir plus sérieusement des sentiments envers autrui. Mais qu'en est-il quand on est malade ou, comme notre héroïne, condamnée à rester dans un hôpital?? On connaît, depuis quelques tomes déjà, l'attirance de Zita pour le beau Pierre. Mais quand celui-ci répond favorablement aux subtiles petites avances de la jeune fille, c'est l'apothéose d'émotions! Rappelez-vous simplement les incroyables papillons accompagnant votre premier baiser!! ;^) Mais, les gens quittent... Certains pour la morgue, d'autres parce qu'ils sont guéris! Combien de temps pourra durer ce jeune couple naissant? Zita verra son petit cœur balloté dans bien des directions! :^S
Avec des thèmes pareils, vous comprendrez que Zidrou et Ernst frappent encore en plein là où on est le plus sensible! Et c'est tellement fabuleux!! Mon seul conseil, c'est celui-ci : foncez vous procurer tous les tomes de cette série!! Ils sont trop géniaux!! Mais, surtout, plongez-y avant de les refiler à vos jeunes de 10 ans ou plus : cette série, véritable bouillon pour l'âme (pour reprendre l'expression consacrée!), mérite d'être lue par tout le monde, de 10 à 210 ans!
À lire aussi : ma critique des tomes #1 à 4 et celles que mon ami Yaneck a faites des tomes #5 & 6.
Ce qui m'a le plus agacé :
- une seule chose!!!:^0 La représentation graphique du petit Rafaël, dans le tome #5. Ce gamin, que sa mère doit abandonner tous les soirs pour aller dormir dans un hôtel situé très loin de l'hôpital, est supposé avoir moins d'un an... Pourtant, graphiquement, on pourrait souvent lui en donner deux, ou même trois! M. Ernst n'a pas su trouver les proportions - de la tête, notamment - ni l'habillement pour me faire croire à ce personnage. Dommage... Mais comme c'est le seul détail qui m'a fait tiquer, ça me chagrine moins d'en parler! ;^)
Plus grandes forces de cette BD :
- le fait de retrouver toute cette bande de personnages que j'avais tant appréciés! Que ce soit les membres du gang (dont la jeune Asiatique très prude ou la fillette aux os fragiles, qui dit toujours: «Très spirituel!») ou les autres personnages secondaires (comme le docteur Semoun ou Cécile, l'infirmière maintenant en mode cruise!??), c'était comme si je retrouvais un groupe d'amis que je n'avais pas revus depuis quelques années et que je redécouvrais avec encore autant de plaisir! C'est vraiment super!!
- la force des émotions présentées! J'en ai déjà abondamment parlé, mais je dois insister: Zidrou sait toujours trouver la phrase juste, celle qui nous fera basculer du sourire aux larmes ou vice versa! Il est vraiment incroyable!! ;^) Et puis, traiter - INTELLIGEMMENT! - de thèmes aussi forts que les peines d'amour entre personnes chroniquement malades ou les aberrations de nos systèmes de santé, ça ne peut être que gagnant, sur le plan émotif! Le miracle, c'est de pouvoir en parler si brillamment dans une série pour la jeunesse! ;^)
- le grand nombre de cases «passe-temps»! Je veux dire par là les cases où l'on ne voit qu'un paysage ou une scène du quotidien, sans rapport réel avec le propos ou l'action, simplement pour nous faire comprendre que le temps passe. Ces cases sont très fréquentes dans les mangas, mais moins dans le franco-belge, où le petit nombre de pages (généralement 48) oblige les scénaristes à couper court, parfois. Ici, Ernst parvient à en inclure un nombre assez impressionnant (pour du franco-belge)... C'est peut-être l'une des raisons qui expliquent que les émotions passent si bien?!
- certains gags récurrents. Celui du buste du fondateur de l'hôpital est amusant. Celui des tasses à café humoristiques, dans le salon du personnel, est souvent très drôle. Il ajoute surtout des éléments comiques pour adultes, en fait! ;^)
- l'authenticité des réalités présentées. Quand bien même ils s'adressent aux jeunes, les auteurs ne tombent pas dans le positivisme gnagna à outrance. Ils choisissent, au contraire, de présenter des situations ou des personnages qui, parfois, ne sont pas agréables ou sympathiques... comme dans la vraie vie! On a donc droit à quelques visiteurs ou à certains employés qui sont casse-pieds, rabat-joie ou désagréablement à cheval sur les principes... Comme dans la vraie vie, je vous dis!! ;^)
- la belle pluriethnicité de la série! Tant chez les membres du personnel que chez les malades (et leurs visiteurs, il va sans dire!), toutes les origines ethniques sont bien représentées: maghrébine, caucasienne, africaine, asiatique... Cette grande diversité représente bien nos réalités urbaines contemporaines!
- quelques petits clins d'œil amusants. Outre la présence (encore!) de quelques exemplaires du Bamboo mag, on retrouve une autre allusion à la maison d'éditions à la p.45 du tome #5, dans l'appellation de la roulotte... en même temps qu'une subtile allusion à l'album Coup de griffes chez Bouglione, de la série Ric Hochet ! ;^) Toujours dans le tome #5, mais durant la tombola, cette fois, on peut apercevoir Jojo et son ami Gros-Louis, de Geerts, parmi les visiteurs! ;^) Bien sûr, il y a les murs de la salle de lecture de l'hôpital, entièrement décorés de belles grandes fresques de Yakari et des posters de Léonard le génie et de Sibylline, alors que traînent partout des albums de Gaston Lagaffe ou de Clifton ainsi qu'un essai sur René Hausman, célèbre bédéiste des belles années du magazine Spirou...
- un nouvel arrivant, chez les petits vieux de l'étage de gériatrie. En fait, on l'avait peut-être déjà aperçu, mais je ne crois pas qu'on nous ait dit son nom. Ce vieil homme, qui commence à être un peu sénile ou Alzheimer, se nomme monsieur Drousie!!? Avec ce nom, à n'en point douter, c'est l'alter ego du scénariste!! Sa lubie de toujours vouloir acheter le Journal de Tintin est très amusante! ;^) (P.S. : Mon ami Yaneck me fait réaliser, dans sa critique du tome #6, qu'Ernst AUSSI est patient de l'hôpital!! On le voit tenir la grande banderole, à la p.5... avec Monsieur Drousie, justement!! ;^)
- l'intéressante construction scénaristique du tome #6. Les premières pages sont assez déstabilisantes... jusqu'à ce qu'on comprenne qu'il s'agit d'un rêve! Mais cette fantasmagorie cauchemardesque nous permet de revoir tous les personnages de la série, ce qui est chouette en soi. Puis, les auteurs y font référence à deux reprises au cours de l'album, dans des moments-clés, de manière super touchante et horriblement efficace! Encore une fois, bravo, M. Zidrou le génie, M. Zidrou le magicien, M. Zidrou le magénicien!!
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