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#INT01- Intégrale #1
#INT01- INTÉGRALE #1
Scénariste(s) : Raoul CAUVIN
Dessinateur(s) : Luc Maezelle dit MAZEL
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Câline et Calebasse
Année : 1969     Nb. pages : 296
Style(s) narratif(s) : Gags et Récits de longueurs diverses (1/3)
Genre(s) : Aventure humoristique de pirates / de cape et d'épée, Héros animalier
Appréciation : 4.5 / 6
Une (grosse!?) jument pour tous et tous pour une!!
Écrit le samedi 26 juillet 2014 par PG Luneau

Il y a une douzaine d’années, quand j’ai lu intégralement les trois tomes de mon Dictionnaire encyclopédique des héros et auteurs de BD, d’Henri Filippini, et que j’ai décidé d’officialiser mon statut de collectionneur de BD, je me rappelle avoir fait de belles découvertes. L’une d’entre elles a été lorsque je suis tombé sur l’énoncé qui parlait de la série Câline et Calebasse, parfois aussi appelée les Mousquetaires. En voyant la vignette qui servait à illustrer le paragraphe, j’ai tout de suite eu une réminiscence, un flash d’avoir déjà goûté à ces aventures humoristiques de cape et d’épée, étant tout jeune. Aussi me suis-je mis à la recherche des œuvres du dessinateur concerné : Mazel.

Je suis rapidement tombé sur sa série d’alors, les Paparazzi, une série de gags plus sympathiques que franchement drôles. Puis, en fouillant en bouquineries, je suis tombé sur ses œuvres de jeunesse : les Jungles perdues (plutôt inintéressantes), Jessie Jane (que j’ai adoré… mais qui ne comporte que deux tomes, dont le #1 qui est introuvable : je le cherche encore!!), puis, finalement, de peine et de misère, sur les chers Mousquetaires que je souhaitais tant retrouver! Au fil des ans, j’ai pu dénicher 2, puis 3, et finalement 4 albums avec Câline et Calebasse. Malheureusement, fort peu de leurs aventures ont été éditées de façon conventionnelle.

Heureusement, depuis l’an passé, Dupuis est en train de réparer cet impardonnable erreur en publiant, en gros volumes, l’intégrale de tout ce que Mazel a réalisé pour le Journal de Spirou en lien avec ces personnages, tant leurs aventures que les gags en une ou deux pages, les couvertures et les encadrés publicitaires qui ont servi à annoncer les récits à venir!! Je me suis donc fait plaisir, cette année, et je me suis procuré le premier de ces gros volumes… Miam miam!... ;^)

De superbe facture, ce bouquin débute par un très intéressant dossier sur Mazel, un illustrateur méconnu et, oserai-je dire, sous-estimé du Bel âge de la BD franco-belge classique. En effet, il est clair que ce dessinateur a au moins autant de talent qu’Uderzo, Peyo, Franquin ou Roba : comment se fait-il qu’il ne se soit pas plus démarqué du lot?? Je termine la lecture du dossier avec l’impression que ce dessinateur de grand talent avait peut-être le malheureux don de passer «sous les radars», de faire son chemin proprement, mais de façon si effacée qu’on en venait à l’oublier… Et c’est très dommage, croyez-moi!

Pendant les premières années de Câline et Calebasse, il faisait équipe avec Raoul Cauvin, devenu depuis le grand bonze de l’écurie Dupuis. Quoi que je sois souvent assez dubitatif à l’égard des talents de scénariste de ce dernier, je dois avouer qu’il m’a ici très agréablement surpris! Avec beaucoup d’originalité et d’efficacité, monsieur Cauvin a d’abord su composer de beaux personnages colorés, pour ensuite leur concocter de très intéressantes péripéties, riches de toute la fantasmagorie chevaleresque à laquelle Dumas nous a habitués. Tout y est : les capes et les épées, bien sûr ;^), mais aussi les joyaux de la reine, le Cardinal de Richelieu et ses sbires, les jeunes marquises à sauver, le roi Louis XIII à protéger… Bref, Calebasse, le Gascon, ne chômera pas, une fois qu’il se sera fait nommer mousquetaire, et il sera bien heureux de pouvoir compter sur l’aide de Câline, sa grosse jument percheronne, ainsi que de ses deux confrères, messires de St-Émilion et de Châteauneuf-du-pape!

Profitez donc de cette intégrale pour renouer avec Câline et Calebasse, une série familiale dont on serait fou de se passer. Elle sera, à terme, constituée de trois tomes, le deuxième étant sorti ce printemps et le dernier étant prévu pour cet automne!! Dès 9 ans.

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • le dossier biographique sur Mazel. On y apprend plein de trucs : son enfance durant la guerre, ses impairs devant Raymond Leblanc, le grand patron du Journal de Tintin (pour qui il a travaillé un temps), sa complicité avec Franquin et les autres grands bonzes de l’époque… C’est instructif,  bien documenté et joliment illustré.

 

  • le langage très ampoulé du XVIIe siècle. C’est vrai, ventre-saint-gris, ce faquin de Cauvin a si bien su user des vocables du temps que, morbleu, on se croirait presque dans une pièce de ce maroufle de Molières, malepeste!! ;^) J’y ai d’ailleurs étoffé mon vocabulaire : je sais, maintenant, ce qu’est une haridelle!! ;^)

 

  • la présence du récit le Diamant noir, précurseur de Câline et Calebasse. Ce premier récit humoristique de mousquetaires, de facture classique et au punch un peu convenu mais néanmoins agréable, a été réalisé quelques mois avant que le projet de Câline et Calebasse ne se définisse comme tel. Il a permis aux auteurs de tâter le pouls des gens, tant celui des lecteurs que celui de leurs patrons. Les deux héros, messires Thénayre et de la Rapière, ne vivront pas d’autres aventures… à moins que les auteurs aient la bonne idée de leur faire faire des caméos dans certaines histoires subséquentes, ce que je ne saurai pas avant d’avoir lu les deux autres tomes de cette intégrale!! ;^)

 

  • la splendeur des décors! Mazel a une formation d’architecte, et ça paraît!! Il est en mesure de nous concocter des châteaux complexes ou des rues avec maisons à colombage d’une perfection absolue, avec des perspectives très impressionnantes, comme rarement on pouvait en voir dans les BD jeunesse de l’époque! Mes préférés : les paysages du haut des p.41, 43 et 73, ceux de la p.124 ainsi que la demeure avec cave qui donne accès à la rivière voisine, aux p.80 et 81! Chapeau, monsieur Mazel!!

 

  • la grande variété des angles de vue. Je ne me rappelle pas avoir été souvent impressionné par des plongées, des contre-plongées, des zooms (in ou out), etc. en lisant mes Boule et Bill, mes Tintin, mes Petits hommes ou mes Schtroumpfs, lorsque j’étais enfant. Dans Câline et Calebasse, ça arrive régulièrement!! Mazel aime bien user de contraste entre les plans, nous présentant un personnage en très gros plan pour ensuite nous le montrer vu de très loin dès la case suivante. Ces procédés, très cinématographiques, dynamisent notre lecture d’une très agréable façon! ;^)

 

  • la thématique des mousquetaires, que j’apprécie tout particulièrement. Tous les sous-thèmes auxquels Dumas nous a habitués y passent : les joyaux de la reine, la Cour des Miracles, l’esprit chevaleresque, l’amour courtois… Moi qui voue une fascination pour la Nouvelle-France, j’en oublie souvent que dans la Mère-Patrie, à la même époque, c’était l’âge d’or des mousquetaires!! ;^) Ma lecture m’a même permis de parfaire mes notions historiques ou culturelles!! En effet, j’ai appris, grâce à cet album, que c’est vers cette époque que les châteaux-forts se sont «transformés» en modèles plus raffinés, plus près des manoirs que des châteaux à proprement parler, et que le tout a été fait à la demande (et sous la pression!) du roi (et de Richelieu!!), pour éviter que ces vassaux ne soient tentés de se rebiffer!! Qui dira qu’on n’apprend rien, dans les BD??  ;^)

 

  • un humour de bon niveau. Et réparti sur tous les fronts! D’abord, une foule de jeux de mots amusants à partir des noms et des titres des personnages (Mes préférés? Le comte Thénayre, le marquis Liquili et la baronne de Micirculaire – vous aurez deviné qu’elle est plutôt ronde, celle-là!! ;^) Puis, quelques très bons punchs-line suaves, comme celui-ci (p.41), concernant Câline et son évident embonpoint : «Il a la peau tellement tendue que, quand il cligne de l’œil, sa queue se soulève!» ;^) ou celui-là, plus poétique : «Par l’enfer, cette fois, je t’enferre!!» (p.88). Un bon point pour l’épisode où la pétillante mademoiselle Adolphine se fait traiter de perruche, aux p.160 et 161, et pour cette réplique, devenue classique : «Elle est grosse, elle est bête, mais je l’aime!» (p.181)! Finalement, on retrouve aussi plusieurs gags visuels, comme le clin d’œil à Lucky Luke (p.196), ou d’autres, dissimulés en catimini dans les arrière-plans, comme ce mousquetaire qui se retrouve nu sous sa casaque (p.229, suite à une explosion!!), ou ce laveur de carreaux qui craque, aux p.124 et 166 : Versailles a vraiment trop de fenêtres!! ;^) Cauvin était véritablement au meilleur de sa forme, à l’époque! ;^)

 

  • des scénarii variés et dans le ton. J’ai particulièrement apprécié l’idée du monastère investi de brigands, celle où Richelieu lui-même a besoin de l’aide des Mousquetaires royaux ou celle où Calebasse se voit accuser de traîtrise! Le petit épisode avec le vilain médecin (p.209 à 213) est tout tendre, et celui du croque-mort (p.219 à 221) démontre un ingénieux stratagème!! Parmi les quelques péripéties particulièrement dignes de mention, soulignons celle où la grosse jument va jusqu’à grimper l’escalier d’une auberge, à la poursuite d’un malotru… pour ensuite sauter par la fenêtre!! Ma foi, Bruce Willis n’aurait pas fait mieux!! ;^)

 

  • les grands talents de dessinateur de Mazel, surtout quand vient le temps de dessiner les têtes de ses personnages. Toujours très variées, celles-ci rappellent parfois les bouilles des crapules de Morris ou d’Uderzo, des mégères de Greg ou de de Groot… Et les chevaux, pour leur part, me rappellent ceux de Lampil. Non, vraiment, tout en étant très personnel, le dessin de Mazel s’inspire des meilleurs de son époque!!

 

  • plusieurs personnages dignes d’intérêt. D’abord, Câline qui, contre toute attente, s’avère très attachante, malgré sa tête de noix (j’adore quand elle tente de se cacher dans un bosquet, à la p.261!)! Puis, la belle Adolphine (qui, elle, en a plutôt une de linotte, de tête!!? ;^). Le tout jeune Moustique, qu’on retrouve dans le récit Tous contre un… et un contre tous!, fait partie de ces personnages anecdotiques qui mériteraient de paraître à nouveau, dans de futures aventures, tout comme le perfide comte de Franche-Canaille, qui a le charisme parfait pour devenir l’ennemi juré officiel de sieur Calebasse!

 

  • la grande quantité de documents inédits! Sur les 221 planches du bouquin, il y en a 118 qui n’étaient parues que dans le Journal de Spirou!! Plus de la moitié de cette brique est donc du matériel à peu près introuvable! Merci aux artisans de chez Dupuis d’avoir retroussé leurs manches et d’avoir réparé ce déplorable oubli!

 

Ce qui m’a le plus agacé :

 

  • l’absence de table des matières. Quand vient le temps de chercher un récit en particulier, ce n’est pas très pratique : c’est qu’il y a quand même, en tout et partout, 17 histoires différentes!!

 

  • les couleurs, et l’impression en général, de certains extraits. C’est très certainement dû au fait que certaines planches restant introuvables, les éditeurs ont dû reprendre directement les pages des magazines Spirou. Au final, ça donne à ces pages un fini granuleux, sur lequel on voit même la pixellisation des couleurs laissées par les presses en quadrichromie de l’époque… ou même en bichromie, car on retrouve plusieurs pages en «noir, blanc, gris et orange», comme il s’en faisait dans le temps!! Dommage que les procédés de restauration ne soient pas plus au point!! D’ailleurs, une recoloration complète aurait non seulement été profitable (on en a une preuve patente sur l’illustration de la couverture, sublime!! Merci à Laurent Carpentier, au passage!) mais aurait pu, j’en suis convaincu, redonner une deuxième vie à ces chefs-d’œuvre. Elle aurait évité qu’on se retrouve avec un aubergiste à la moustache et aux cheveux verts, comme c’est le cas à la p.47!! ;^S

 

  • certaines petites erreurs. D’abord, une coquille, qui aurait pu, aisément, être corrigée dans le cadre d’une telle intégrale (première bulle de la p.34, le dédoublement du «de»). Puis, la mystérieuse transformation du propriétaire de l’Amphore à café, qui ne se ressemble plus du tout entre le début du récit (p.44) et sa fin (p.62). Son système pileux a tellement décuplé qu’il en est devenu le parfait sosie du capitaine de Tréville!!?? Mazel a fait preuve d’un petit manque de rigueur, ici! ;^)

 

  • quelques choix moins judicieux. D’abord, le hennissement attribué à Câline. Ce «Hirâhirâhirâ!!!» est d’un ridicule monstre, et me rappelle tout sauf un hennissement!!? S’il a le mérite d’être facilement identifiable, il n’en mine pas moins le réalisme des situations! Puis, l’épisode où Calebasse et sa monture chutent dans une rivière simplement parce qu’ils étaient en train d’argumenter et qu’ils sont «passés à côté du pont»!?? Assez faible, ce gag. Finalement, deux petites faiblesses scénaristiques dans les deux derniers récits. D’abord, dans Chaud effroi pour le Cardinal, il est dommage qu’on n’ait pas vraiment eu la chance, en cours de récit, de faire la connaissance de la personne responsable de tous ces attentats : ça enlève de la force à la résolution du mystère! De même, le fait que Calebasse se trouve tout à fait par hasard sur le site de l’expérimentation, dans Un canon pour La Rochelle, fait un peu trop arrangé avec le gars des vues et amenuise l’intérêt du récit.

 

  • le changement de nom d’un des personnages secondaires. Je trouve très dommage que Châteauneuf-du-pape se soit appelé Château-du-pape dans les premiers récits, et je trouve qu’il a été très judicieux d’ajouter le «neuf», surtout pour faire un joyeux clin d’œil au nom de son compère, St-Émillion. Mais pourquoi ne pas avoir attendu le début d’une nouvelle intrigue, pour ce faire?? Et pourquoi, après avoir fait ce changement salutaire, être revenu à l’appellation Château-du-pape à deux ou trois reprises, par la suite?? Déjà que ce n’était pas fort de ne pas y avoir songé dès le départ, ces aller-retour entre les deux graphies ne font pas très sérieux!

 

  • les gags en une ou deux planches. De manière générale, ils sont nettement moyens, contrairement aux récits plus longs. Et certains sont même carrément moches, comme celui (p.95), où Câline s’obstine à ne pas vouloir porter de ruban rose autour de sa queue… alors que dans les 55 pages qui précèdent, ce ruban est… rose, justement!!?? Décevant!!  ;^(

 

 

 


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@ Anne des Ocreries : Content de trouver une consoeur aussi fan que moi!! ;^)
Rédigé par PG Luneau le samedi 26 juillet 2014 à 22:44


Rhâââââ oui héééééé, j'adorais ça ! Génial, que c'était ! chic de bonne idée, cette publication !!!
Rédigé par anne des ocreries le samedi 26 juillet 2014 à 18:13




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