#06- NOM DE CODE BABYLONE
Scénariste(s) : Éric CORBEYRAN, Achille BRAQUELAIRE
Dessinateur(s) : Luc BRAHY
Éditions : Dargaud
Collection : X
Série : Imago Mundi
Année : 2005 Nb. pages : 56
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (2/2)
Genre(s) : Aventure, Thriller
Appréciation : 5 / 6
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Mission : impossible à Babylone
Écrit le jeudi 26 août 2010 par PG Luneau
Le trio de l’agence Imago Mundi, accompagné exceptionnellement par le reporter Phil Barnes, est enfin à pied d’œuvre pour tenter de localiser les fondements de la Tour de Babel, à quelques kilomètres de Bagdad. Tous sont sains et saufs, mais ils demeurent ébranlés par la violente tentative de meurtre dont Leia a été la victime à leur arrivée en Irak. D’ailleurs, le début des recherches n’est pas non plus sans problème : les ordinateurs de leur réseau ne parviennent plus à se comprendre, l’hélicoptère a des ratés et leur pilote se plaint d’affreux maux de tête!
Harald, le chef de l’agence, se propose pour prendre sa place, mais il défaille à son tour : que se passe-t-il? Un garde sera retrouvé assommé et son mystérieux agresseur sera surpris avec en sa possession un bidule technologique des plus mystérieux. Canon? Mitraillette? Caméra d’espionnage? Brouilleur d’ondes? L’action commence, et ne s’arrêtera pas avant longtemps, surtout après qu’un certain Behnam Kucera, délégué du comité du patrimoine mondial de l’Unesco, se soit joint à l’équipe!
Encore une fois, le duo Corbeyran - Braquelaire réussit son pari de nous entraîner dans une aventure palpitante, où science, technologie, action et suspense se confondent, se complètent, s’enrichissent, pour notre plus grand bonheur. Quelle bonne série que celle-là! Tout y est rondement mené, bien ficelé et clairement narré.
En prime, un petit dossier explicatif de huit pages complète l’album. Il s’agit d’une suite de courts textes qui nous expliquent comment les auteurs en sont venus à vouloir créer cette série et où ils puisent leur inspiration. De plus, on y dresse un petit résumé des trois premiers dossiers, avec une comparaison des mythes et technologies qui y sont confrontés. Le tout est illustré de diverses vignettes extraites des albums, de photos et de quelques crayonnés ayant servis à monsieur Brahy pour ses études de personnages ou pour concevoir ses couvertures. J’ai bien aimé le contenu de ces pages. J’y ai appris qu’Achille Braquelaire est professeur d’informatique et spécialiste en imagerie numérique, d’où son aisance avec la technologie. J’y ai aussi appris qu’avec Corbeyran, ils avaient d’abord écrit un roman de cinq cents pages, qui devait s’intituler les Arpenteurs de Légendes, avant de le transformer en série BD, non sans couper énormément dans les explications théoriques et avoir ramené l’équipe à seulement trois membres!
De plus, les crayonnés de ce supplément me permettent de réaliser que les dessins de Brahy sont beaucoup plus souples qu’il n’y paraît : c’est l’encrage qui rend ses traits anguleux, comme trop saccadés, et qui amoindrit ses courbes, ce qui est surtout notable au niveau des visages. À quand un autre encreur?
En résumé, j’ai passé un très agréable moment de lecture, en m’évadant complètement, comme quand j’écoutais avidement les passionnants épisodes de Missions : impossible, dans mon jeune temps. J’ai lutté avec les personnages en recherchant autant qu’eux la vérité. J’ai adoré, pour la troisième fois, la compagnie des membres de l’agence Imago Mundi et j’ai bien hâte de lire les deux prochains dossiers (les tomes #7-8 et 9-10, donc) qui m’attendent dans ma bibliothèque.
Plus grandes forces de cette BD :
- la première planche, récapitulative du tome précédent. C’est gentil de faire ainsi un résumé de la première partie de l’aventure, comme le fait la série Largo Winch. Ça permet aux lecteurs qui n’ont pas lu le premier tome (les pauvres, ils ne savent pas ce qu’ils ratent!) d’avoir une petite idée du contexte, mais aussi à ceux qui l’ont lu il y a longtemps de se le remémorer sans avoir à le relire en entier.
- la prédominance de l’action. Les auteurs nous en donnent pour la peine, n’ayant pas peur de prendre plusieurs planches pour illustrer clairement une poursuite, un assaut ou une bataille. De plus, sitôt la planche récapitulative passée, on est tout de suite plongés dedans, sans plus de préambule. En effet, ces auteurs optent toujours pour que leurs héros bougent d’abord, pour ensuite réfléchir, discuter et analyser ce qui vient de se passer, si nécessaire.
- les méchants, particulièrement inquiétants. Si Petersen est déjà assez glacial en son genre, le dénommé Massour est encore pire! Il a un je-ne-sais-quoi de dangereusement malsain, avec ses yeux verrons, sa planque dans les marais et sa collection de cadavres d’oiseaux rares. Même Petersen, qui en a vu d’autres, le craint !! Ça a de quoi nous foutre froid dans le dos!
- la fluidité de la narration, malgré les indications d’ordre technique ou scientifique. Les auteurs, férus de sciences et s’intéressant aux nouvelles découvertes d’avant-garde, parviennent à exploiter celles-ci et extrapolent l’utilisation que leur agence pourrait en faire. Ils nous exposent le tout, mais toujours avec un souci de clarté et «d’abordabilité». Ainsi, les explications données pour rendre le récit crédible sont toujours bien vulgarisées, et ne sombrent jamais dans le techno-blabla incompréhensible. De fait, ce n’est jamais barbant ni compliqué.
- le dossier complémentaire, en fin d’album. Comme je le disais plus haut, il nous donne de bonnes informations sur la genèse de la série, sur certaines explications scientifiques et sur les liens entre mythes et réalités, toujours présents dans tous les dossiers jusqu’à maintenant. C’était très instructif.
Ce qui m’a le plus agacé :
- le dessin de monsieur Brahy, encore un tout petit peu trop sec et anguleux. On le constate rien qu’en regardant le visage et les vêtements de Leia, sur la couverture.
- la naïveté du beau Loïc. J’ai peine à croire qu’un aventurier aussi aguerri que lui balance aussi facilement les secrets des joujoux électroniques hypersophistiqués qu’il conçoit à un homme qu’il connaît depuis un jour ou deux à peine. Je veux bien croire qu’il est fier de ses réussites et qu’il est du genre assez m’as-tu-vu, mais dans le contexte où le groupe se fait attaquer de toutes parts, il aurait dû penser à prioriser la sécurité à la vantardise.
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