#05- LE NÉNUPHAR INSTANTANÉ
Scénariste(s) : Nicolas POTHIER
Dessinateur(s) : Frédérik SALSEDO
Éditions : Milan
Collection : X
Série : Ratafia
Année : 2008 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure humoristique de pirates / de cape et d'épée
Appréciation : 4.5 / 6
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Clins d'yeux et gags en terre nippone
Écrit le lundi 27 juillet 2009 par PG Luneau
Après «le Cycle des cartes», une confondante aventure de chasses aux trésors étalée sur quatre tomes, voilà que Pothier et Salsedo nous ramènent Ratafia, leur sympathique capitaine aux pensées divergentes, mais dans un récit en un volume, cette fois.
Voilà que Romuald, le second du fantasque capitaine, se prend d’une lubie : se procurer un nénuphar instantané, plante rare dont on dit qu’elle amène la chance à celui qui la porte!! Le problème, c’est que ladite plante ne pousse qu’en Nipponie! C’est donc vers le Pays du Soleil levant que fait voile le fier Kouklamou, l’immense trois-mâts dont Ratafia a désormais le commandement. L’équipage y sera confronté à un blocus mis en place par le capitaine Kobito, puissant seigneur nippon qui cherche à renverser son empereur en faisant une guerre commerciale au reste du monde. Nos amis auront fort à faire pour atteindre l’île, empêcher le putsch et, presque par hasard, mettre la main sur le fameux nénuphar.
Cette expédition aux mille rebondissements est bien évidemment prétexte à une tonne de gags, mis en place tantôt par le décalage culturel entre les pirates et les Nippons, tantôt par des anachronismes, tantôt encore par une critique sociale faite avec nos yeux d’Occidentaux du XXIe siècle. L’aventure, quoique rondement menée, est presque accessoire. Heureusement, il est toujours agréable de retrouver la bonhommie du capitaine Ratafia, personnage pour lequel on doute encore, après cinq tomes, à savoir s’il est génial ou parfaitement imbécile et très chanceux!
Une chouette épopée, donc, qui a le mérite d’être beaucoup plus limpide que le cycle précédent. Bref, une lecture qui vaut le détour.
Plus grandes forces de cette BD :
- l’amusante critique de la hiérarchisation à outrance, dont résulte le principe fort peu pratique du téléphone arabe, lorsque les ordres qui partent du sommet de la pyramide parviennent tout déformés à sa base.
- les fréquents jeux de mots, souvent subtils, de Nicolas Pothier. Ils rappellent le meilleur de Goscinny ou de Greg.
- l’abondance de couleurs intenses. Elles donnent du punch au récit.
- les incroyables tronches de certains des personnages, principalement de Romuald, avec sa tête en forme de bûche! Il est pissant dans ses extases pro-japonaises (voir planche 8, dernière case)!
- l’humour généralisé, tout au long de l’album (et de la série!) mais surtout toutes les amusantes allusions anachroniques à la culture japonaise, comme la miniaturisation, les jeux vidéos, les restaurants à comptoirs tournants, les mangas…
- les emprunts graphiques à l’univers manga (surtout la surabondance de lignes de direction pour marquer les courses et les combats) apportent un cachet sympathique, de même que la très surprenante planche 34, illustrant un cauchemar de Romuald, dans un pur style manga : hilarant !
- le moine Rosebud, obligé de combattre un lutteur sumo. Ça finira sur une judicieuse remarque sur l’impact des religions!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la nouvelle lubie de Ratafia : raconter ses aventures en petits dessins successifs! Cette invention précoce de la BD apporte peu à l’histoire et place le personnage, encore une fois, dans une situation où il n’est que le témoin de ce qui se passe, sans y prendre vraiment part.
- la tête du frère d’Otaké. Pourquoi ce chef de la mafia japonaise a-t-il les cheveux turquoise? Il doit y avoir là un clin d’œil à une référence qui me fait défaut… Si non, c’est du plus mauvais goût!
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