#01- JE SAVAIS QUE JE TE RENCONTRERAIS
Scénariste(s) : Patricia LYFOUNG
Dessinateur(s) : Patricia LYFOUNG
Éditions : Delcourt
Collection : X
Série : Rose écarlate
Année : 2005 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (Inspiration manga)
Genre(s) : Aventure de pirates / de cape et d'épée, Superhéros / Justicier masqué, Drame familial
Appréciation : 5 / 6
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Une Zorro française à la sauce manga
Écrit le lundi 19 août 2013 par PG Luneau
Tomes lus : #01 – Je savais que je te rencontrerais (2005)
#02 – Je veux que tu m’aimes! (2006)
#03 – J’irai où tu iras (2007)
#04 – J’irai voir Venise (2008)
Quel bonheur que de réaliser qu’une série qui nous faisait saliver depuis longtemps se trouve à être aussi passionnante qu’on l’espérait! J’ai eu droit à cette gâterie avec l’Agent Jean récemment, et voilà que j’y ai droit à nouveau avec la Rose écarlate!! En fait, ma plongée dans les quatre premiers tomes de cette série m’a permis de constater à quel point je m’ennuyais des récits de cape et d’épée! Comme si je les avais mystérieusement évités depuis quelques temps, malgré tout l’intérêt que je leur porte!!?
Ici, avec la belle Maud de La Roche, on est pleinement servi!! Fille d’un modeste forgeron, Maud se passionne depuis son plus jeune âge pour l’escrime et, suivant les conseils de son père, elle est devenue une excellente bretteuse. Mais un soir, la vie de la pauvre jeune fille bascule du tout au tout : un mystérieux voleur s’introduit chez elle à la recherche d’un journal de voyage et transperce son père d’un coup d’épée!! Maud n’a que le temps d’infliger une bonne estafilade au visage de l’assassin et de lui faire échapper le fruit de son larcin avant qu’il ne fuit… mais M. Roche succombe à l’assaut… Folle de douleur, la nouvelle orpheline se jure de retrouver le coupable et de venger son père… mais un tel bouleversement n’arrive jamais seul!!
C’est ainsi qu’elle découvre avec stupeur que sa famille n’est pas celle qu’elle semblait être!! D’abord, on lui révèle qu’elle a un grand-père dont on ne lui avait jamais parlé! Puis, elle apprend que son forgeron de père a eu, dans sa jeunesse, une vie d’aventures trépidantes!! Mais pourquoi diantre avait-il gardé tout ça secret?! Rapatriée chez le noble grand-père en question, voilà notre fougueuse héroïne obligée de se soumettre à l’étiquette de l’aristocratie, elle qui ne rêve que de justice et de vengeance!
Parallèlement à toutes ces révélations, l’émergence d’un justicier masqué, qui se fait appeler le Renard et qui vole les riches de la région pour redistribuer aux pauvres, enflamme le cœur de notre belle Maud qui se met aussitôt en tête de s’y mettre, elle aussi, en se créant un fier avatar : la Rose écarlate! Sous son costume de justicière, et en compagnie du fameux Renard, Maud se lancera dans l’Aventure avec un grand A… Elle lira aussi le journal de son père et découvrira un secret ancestral bien gardé, en lien avec le trésor des Templiers, rien de moins!!!
Non mais vraiment, tout ce qu’on peut espérer d’une bonne série de cape et d’épée y est : une noble cause sociale, un mystère familial, une vengeance personnelle, une histoire de cœur (car Maud aura le béguin pour l’image qu’elle se fait du mystérieux Renard!), des rebondissements et des combats à la tonne, des voyages (à Versailles, à Venise, puis en Turquie…), une quête… et beaucoup d’’humour, aussi… Tout au long de ma lecture, j’ai eu une foule de réminiscences : les Trois mousquetaires, Saint-Germain, Fanfan la Tulipe, Belladone, Princesse Saphir… même la fameuse Rose de Versailles, alias Lady Oscar, que je n’ai jamais réellement vue, mises à part quelques images sur le Net (on n’a pas eu la chance de l’avoir au Québec, dans ma jeunesse)! On reconnaît aussi un peu de Zorro et de Robin des Bois, avec cette idée de justiciers masqués! C’est dire à quel point Patricia Lyfoung, aux commandes de la série, a bien fait ses devoirs et maîtrise à merveille toutes les ficelles du genre!
Mais ce n’est pas tout ce qu’elle maîtrise : au dessin, son style n’est peut-être pas toujours parfait, mais il est bien assez solide pour rivaliser avec la grande majorité des mangas!! Car ce n’est un secret pour personne, la Rose écarlate fait partie de cette nouvelle vague de BD franco-belge d’inspiration manga, au même titre que les Légendaires, Princesse Sara, Elinor Jones ou City Hall. Il ne faut pas se le cacher, les premiers jeunes Européens à avoir été happés par la folie des mangas (ceux du temps de Dragon ball, ou même ceux des Pokémon!!) sont maintenant largement en âge de dessiner professionnellement! Il est donc normal que certains d’entre eux laissent ces importantes lectures de leur enfance les influencer dans leur style graphique ou dans leur façon de narrer leurs récits! Encore plus s’ils sont d’origines asiatiques, comme c’est le cas pour Patricia Lyfoung!! C’est donc très fortement inspirée par ce courant qu’elle dessine cette série, pourtant éditée sous couverture rigide et dans le sens de lecture occidental! Débordant de rose, de lilas, de doré et de paillettes (tendrement appliqués par Philippe Ogaki, le fiancé de madame!) et résolument nappé de romantisme de bon aloi, le résultat est clairement destiné aux jeunes filles de neuf à quinze ans… mais j’ai l’impression que leurs parents pourront l’apprécier tout autant, du moment qu’ils aient gardé un peu de leur cœur d’enfant. Moi, en tous cas, j’ai adoré!!
Que nous réserve la suite de cette série? Je n’en sais rien encore, mais puisque notre belle héroïne et ses proches sont rendus sur un bateau pirate faisant voile pour l’Orient mythique via une escale à Istanbul, je suis sûr que ce sera enlevant et épique! Vivement que je m’enfile les quatre tomes suivants!!
Plus grandes forces de cette BD :
- le personnage en pied, sur la page de titre. Différent à chaque tome, il nous permettra, au fil des albums d’avoir la galerie complète de tous les personnages principaux!
- la solidité relative du dessin! Tout n’est pas encore parfait et j’ai l’impression qu’une bonne part des imperfections est due au rythme de travail que madame Lyfoung s’impose… mais le résultat est tout de même très intéressant.
- le souffle feuilletonesque. Il m’a fait réaliser à quel point il y avait longtemps que je n’avais pas lu de ce genre littéraire (j’avais tellement aimé le roman le Capitaine Alatriste!!)
- l’utilisation très judicieuse des codes propres au manga. Je ne peux pas dire que je raffole de ces codes, mais Madame Lyfoung nous prouve qu’elle les maîtrise bien : yeux exorbités tout en spirales lorsqu’un personnage est K.O., soleil levant nippon derrière un autre perso qui se jette dans un discours enflammé, goutte de sueur exagérément gigantesque sur la tempe de ceux qui sont surpris ou paniqués… Elle s’y connaît, c’est incontestable!!
- le gag récurrent du vieux couple qui se fait détrousser à chaque album! Dans le quatrième tome, ce gag rend manifestement hommage à son inspirateur alors que ce même couple se retrouve sur un bateau qui se fait attaquer par un bateau pirate : comment ne pas y voir un clin d’œil à Uderzo, Goscinny et leurs sempiternels pirates (eux-mêmes pastiches du Barbe-Rouge de Charlier et Hubinon)!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les ti-nanimaux tout rondouillets qui ont tous l’air de Pokémons!! Toutous, lapins, cochons, moutons et poules sont vraiment beaucoup trop caricaturaux!! Leur style ne cadre pas du tout avec le reste, qui est beaucoup plus réaliste.
- les couleurs, un tantinet trop bonbon! Qu’est-ce que c’est que cette source d’eau pure de couleur mordorée?! Ces cieux roses ou lilas?! Ces repaires de pirates fuchsia et lavande!!??! Dans ce dernier cas, laissez-moi vous dire que des brigands avec un tel repaire perdent pas mal en méchanceté et en crédibilité!!! ;^)
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