#01- MA VIE, MOI, MES COPINES
Scénariste(s) : Hélène Prince PRINCESSH
Dessinateur(s) : Hélène Prince PRINCESSH
Éditions : Milan
Collection : BD Kids / Julie
Série : Journal de Julie
Année : 2011 Nb. pages : 64
Style(s) narratif(s) : Gags en une planche (Inspiration comics)
Genre(s) : Quotidien, Humour, Humour social
Appréciation : 5 / 6
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Simplement charmante!
Écrit le lundi 15 avril 2019 par PG Luneau
Depuis de nombreuses années, maintenant, la tendance en littérature pour jeunes filles, c'est le journal intime. Au Québec, on n'a qu'à penser au très célèbre Journal d'Aurélie Laflamme (d'India Desjardins), à celui d'Alice (de Sylvie Louis) ou à ceux de Dylane ou de Mirabelle (de Marilou Addison). La formule se décline aussi en Europe, notamment dans le 9e art.
Ainsi, je vous ai déjà présenté les fabuleux Carnets de Cerise, et je connaît les quatre tomes du Journal de Carmilla depuis longtemps, bien que je ne les ai jamais lus. Mais en explorant un peu les différents titres de l'excellente collection BD Kids, qui regroupe les BD parues initialement dans les magazines des éditions Milan et Bayard, je suis tombé sur le Journal de Julie, une petite série qui est prépubliée dans le magazine... Julie! J'ai décidé d'en acheter un tome pour la bibliothèque de l'école... mais j'ai préféré le lire avant de le mettre entre les mains de nos élèves chéries! ;^)
Grand bien m'en prit car cette lecture m'a permis de rencontrer un personnage tout à fait charmant! En effet, la Julie en question est une jeune fille bien de son temps, drôle, allumée, remplie d'initiative... et de petits défauts sympathiques! On fait sa connaissance, via, pour chaque planche, une phrase tirée de son journal intime, alors qu'elle rentre au collège. Très vite, elle se fait de nouvelles copines et, ensemble, elles vivront les émois propres au fascinant (mais pas toujours facile!) monde de l'adolescence. Toutes les préoccupations des jeunes de cet âge ingrat y passent : les craintes, les espérances, les déceptions, les premiers béguins, la vedette-mania, les premiers flirts, les petits boulots, les premiers partys... et le premier baiser! «Mais il faut mettre la langue ou pas??» «C'est trop dégueux!» «Moi, je pourrai jamais!» ;^)
Avec beaucoup d'humour, mais aussi quelques petites pointes d'éco-responsabilité, Julie et ses copines Théa (la blondinette timorée) et Kim (la mulâtre rationnelle) devront composer avec des sujets qui jalonneront la vie de tous les jeunes (et de tout temps!), à savoir l'importance de l'image, de la reconnaissance, de l'inclusion, de la norme. Comment se trouver un groupe qui nous ressemble sans avoir à nous dénaturer? Bref, le Journal de Julie, c'est une tranche d'adolescence joyeusement ludique, avec une héroïne énergique et amusante, qui a ses contradictions et les assume pleinement.
Graphiquement, les dessins tout rondouillets de PrincessH sont tout simplement craquants!! Je suis tombé sous le charme de leur simplicité et de leur expressivité! Ils ajoutent, indéniablement, un succulent crémage à cette délicieuse petite série dont le 4e tome date déjà de 2015!! :^0
Tout à fait dans la lignée des Pipelettes, que j'avais aussi beaucoup aimées, voilà une série à laisser traîner dans la chambre de toute jeune adolescente qui se respecte : succès assuré! (dès 11 ans)
Ce qui m'a le plus agacé :
- le format du bouquin et, conséquemment, des planches. Tout y est infiniment TROP PETIT!!! Avec ses pages de 24 x 18 cm, les vignettes, les dessins ET les textes sont tout rabougris... Et compte tenu de la qualité de l'ensemble, tout aurait mérité des pages plus grandes pour nous permettre d'apprécier l'ensemble à sa juste valeur!
- le look du frère de Julie. PrincessH a donné à ce grand dadais une allure de caïd. Il n'est pas toujours très gentil avec sa petite sœur, c'est vrai (comme dans une vraie famille, quoi!! ;^), mais avec sa coupe de cheveux et ses yeux torves, il ressemble vraiment au bras droit d'Al Capone! C'est vraiment un peu trop...:^S
- le grand nombre de pages «perdues». Sur les 64 pages de l'album, seulement 48 sont des planches. Ça fait donc 16 pages sans BD. Il faut bien sûr compter les 4 pages entourant la page de titre, et encore 4 autres pour les quelques publicités, en fin d'album, mais ça laisse 8 pages intercalaires sur le recto desquelles PrincessH a dessiné une illustration amusante (où elle se met en scène via une petite poupée royale, comme on peut l'apercevoir sur la couverture, suspendue à la lampe! ;^). Mais ces 4 dessins, avec rien au verso, auraient pu laisser place à 8 gags de plus!
- la fausse évolution temporelle des personnages. Quand on regarde les thématiques traversées au fil des pages, on constate assez rapidement que la série était publiée dans un mensuel: le premier gag porte donc sur la rentrée des classes de septembre, le second sur l'Halloween, le troisième est plus générique (pour novembre), puis il y a celui de Noël, etc. Seulement voilà: en 48 gags, on traverse donc 4 ans, avec 4 rentrées, 4 Halloween, 4 Noël, etc. Évidemment, l'auteure n'aborde pas systématiquement les 12 mêmes thèmes à chaque année! Il y a moyen de trouver d'autres sujets que la rentrée pour septembre, ou la St-Valentin pour février... mais il reste qu'on voit passer 3 Noëls et un Jour de l'an... et 4 vacances estivales! Pourtant, et c'est là mon point, je n'ai pas l'impression que les personnages aient vieilli de 4 ans pour autant!!:^S Ce genre de petites incongruités pourrait pourtant facilement être évité en reclassant les gags de manière à ce que tous ceux en lien avec une même fête annuelle soient regroupés, non?
Plus grandes forces de cette BD :
- le dessin. Tout à fait désinvolte et plein de charme, il rappelle un peu le Fido Dido qui voulait nous vendre du 7-Up, il y a une trentaine d'années! Chose certaine, PrincessH a un style très personnel qui lui est propre, vivant et dynamique, avec des tronches qui appellent spontanément la sympathie! Bravo, madame PrincessH!
- la jaquette de la collection. Cette douce couverture souple, avec rabats qui nous présente les personnages d'un côté, et l'auteur de l'autre, elle me plait bien, à moi. Et ce vert tendre du premier tome, il m'a fait craquer!
- plusieurs beaux personnages. S'ils sont tous éminemment plein de charme, j'avoue avoir eu un gros coup de cœur pour le petit Hercule, le chien de l'héroïne. De plus, SuperJulie est assez amusante! En effet, dans certaines de ses rêveries, la jeune fille se voit en superhéroïne justicière qui veut sauver la veuve, l'orpheline et la planète. Vive SuperJulie!
- quelques bons clins de yeux. Tout comme dans les Pipelettes, Julie évolue dans un environnement fortement influencé par la culture environnante: musique, film, littérature jouent tous un rôle important dans le façonnage de nos adolescents! Mais, contrairement aux Pipelettes (et c'était là une des critiques que je leur faisais!), l'univers culturel de Julie est fictif. La Cicely Star qu'elle idolâtre a été créée de toutes pièces par l'auteure. Ça fait en sorte que, même si ce tome date déjà de 8 ans (presque toute une vie, aux yeux des jeunes!?), les référents culturels n'ont pas vraiment vieillis! Autre exemple, un peu différent: on retrouve de chouettes références à la série-télé Buffy, très populaire à l'époque. Mais, plutôt que de la nommer, PrincessH glisse simplement certains noms ou expressions en rafales: «Angel maï lov! Jaïls! J't'aurai Drouzila! Spaïk! Axel, à droite!» De cette façon, ceux qui reconnaissent la série trouvent ça très drôle, mais ceux qui ne la connaissent pas peuvent, grâce aux mimiques du personnage, comprendre qu'elle se prend pour un ninja en crise d'épilepsie! Ça reste tout de même sympathique, tout en vieillissant très bien!
- la graphie phonétique des mots anglais! Tant qu'à parler d'«Angel maï lov!», autant parler tout de suite de la très chouette façon dont PrincessH a choisi d'écrire les quelques mots ou expressions en anglais qu'elle a mis dans la bouche de ses personnages! «Ouane, tou, tri!», un magazine «pipole»... Ces graphies, totalement et exagérément francisés, m'ont fait sourire tout du long de l'album! On y perçoit parfaitement le gros accent français qui les transperce, et ça me rappelle complètement combien on utilise les langages à NOTRE sauce, étant ado! Comme lorsqu'on chante des refrains de chansons en langue étrangère en en réinventant la moitié des mots phonétiquement parce qu'on n'a pas la moindre idée de ce que dit le chanteur (du genre: «Footloose, footloose, také nami go footloose!» J'étais un vrai pro en la matière! ;^D
- la belle diversité des gags. Si certains sont très drôles (mes favoris? Celui de la tantine aux cadeaux de Noël hypermoches (p.8), celui du cadeau de Fête des pères (p.30) et celui de la famille reconstituée (p.44)), d'autres sont un peu plus songés, comme celui de la p.53 sur la nécessité d'être soi, de bien définir son identité, ou celui de la p.57, sur le racisme. Ça démontre la belle variété de thématiques traitées par la série!
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