#03- LE CONTINENT DES DEUX LUNES
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1974 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique
Appréciation : 4 / 6
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Khéna à la découverte de ses racines...
Écrit le samedi 21 mai 2011 par PG Luneau
Alors que le Scrameustache l’initie aux mille et un gadgets que renferme sa soucoupe volante toujours bien cachée au creux du Trou aux vaches, le jeune Khéna actionne accidentellement un bouton, lançant dans l’espace un puissant signal de détresse! Malgré que le Scram le neutralise très rapidement, il ne faut pas plus de quelques heures avant que deux étranges extraterrestres en scaphandre atterrissent à Chambon-les-Roses et viennent au rapport.
Ces deux étrangers tombent sur Khéna et, après l’avoir neutralisé, reconnaissent le logo qui orne son médaillon : c’est le Continent des Deux Lunes !!! Ils décident donc de l’embarquer immédiatement, sous les yeux effarés du Scrameustache, question de mieux pouvoir l’identifier! Heureusement, notre héros a reconnu ces gens, et il sait où aller pour les rejoindre et retrouver Khéna. Sans faire ni une ni deux, il promet à l’oncle Georges de ramener Khéna sain et sauf et s’envole au secours de son copain.
Dans ce troisième album, Gos ramène son intrigue de départ, axée principalement sur le mystère des origines de Khéna. Le jeune homme d’une douzaine d’années en découvrira plus, en effet, sur ses parents, sur son peuple, sur les raisons qui l’ont conduit sur la Terre, dans les Andes… ainsi que les mystérieuses circonstances qui ont fait qu’il y soit resté!
Si ce retour à la trame principale est fort agréable, et ravive un peu mon enthousiasme, précisons tout de suite que ça reste de la S.F. gentillette, tout à fait représentative de l’âge d’or de la BD franco-belge pour la jeunesse. À ce niveau, elle est très très très «arrangée avec le gars des vues». On est à cent lieues de l’excellent Orbital ou même du classique Valérian! Dans le genre, c’est un album honnête, qui divertit. L’intrigue, bien que cousue de fil blanc, est potable, et les fort sympathiques Ramouchas, ces grosses bestioles mi-ours, mi-gorilles, sauront faire rigoler toute la famille. Au final, j’ai encore hâte de connaître le fin fond du mystère familial de Khéna, preuve que le récit remplit bien son mandat.
Plus grandes forces de cette BD :
- le nom du village. Chambon-les-Roses… c’est franchement charmant! Mais il me semble que j’aurais plutôt osé l’humour avec un Chambon-le-Port ou Chambon-les-Bouses!!
- Waterloo, le vieux chien de Khéna et d’oncle Georges. Dans le tome #1, il m’avait déjà paru sympathique. Ici, quand le Scrameustache lui inculque la faculté (bien invraisemblable) de parler, il devient encore plus intéressant… Malheureusement, Gos n’a pas su exploiter ce filon, qu’il tue dans l’œuf quatre planches plus loin! Dommage.
- le retour à l’intrigue principale, en se limitant à la S.F. C’est un réel soulagement que de retrouver les ornières du tome #1… compte-tenu de la folle embardée prise lors du tome #2!! Les mystères entourant les origines de Khéna sont si nombreux et palpitants (Qui est-il? Un humain? Un extraterrestre à l’allure humaine? Que faisait-il, abandonné dans les montagnes andines? Ses parents sont-ils encore vivants? Qui sont-ils?...), qu’il en résulte un double plaisir : celui de trouver quelques réponses au sujet de cette intéressante trame… et celui de ne plus être en présence d’un fantastique puéril de bas niveau! Espérons que ça continue!
- le nom du méchant : Ener Sleihcim. Mon petit doigt me dit qu’il doit être inspiré d’un certain René Michiels… Mais qui est cet homme qui se cache sous ce patronyme ma foi assez commun, encore aujourd’hui, en Belgique (si j’en crois ce qu’Internet m’a proposé lorsque je l’ai «googlé»)? Sûrement une connaissance de Gos, mais je n’en sais pas plus. J’aime bien ces clins d’œil à des amis, dans les BD, même si celui-ci est assez malhabile par son manque de subtilité et d’esthétisme.
- les personnages des Ramouchas. Ces ours clownesques sont espiègles et taquins, ce qui parfois peut être dangereux car, en plus d’être très musclés, ils possèdent la capacité de générer de forts chocs électriques, un peu comme nos anguilles! N’empêche qu’ils font des gaffes et des pitreries si amusantes qu’ils en sont tout de même très sympathiques, même les plus bêtas… D’autant plus qu’ils vivent tous sur une île paradisiaque! Leur puissant don télépathique est aussi très impressionnant!
- les premières apparitions des petits personnages à la peau verte! Jusqu’à présent, ils ne font qu’agir en tant que narrateurs externes et anonymes, en bas des pages 23 et 46. Ces apparitions mystérieuses et inexpliquées ont dû beaucoup intriguer les lecteurs du magazine Spirou, à l’époque! Personnellement, bien que je sache qu’ils deviendront les vedettes des tomes à venir, et que je connaisse même leur nom : les Galaxiens, j’ai quand même déjà très hâte d’en savoir plus sur eux!
- l’énigme de l’identité de Khéna. On en apprend de grands bouts… mais il reste encore quelques pans de son histoire de vie à éclaircir. Ce fin mot de l’affaire nous est réservé pour plus tard, et c’est bien ainsi : c’est bon, parfois, de laisser durer un suspense!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le manque d’originalité dans le design extraterrestre! Tant les vaisseaux que les scaphandres sont d’une banalité faramineuse. La soucoupe du Scrameustache semble sortie tout droit d’un film de série Z des années 50 (ceux où l’on voyait les fils de nylon tenir les vaisseaux!), et la station-relais des extraterrestres, cachée derrière notre lune, ressemble à un gros sous-marin massif. Ça manque vraiment beaucoup de créativité… et d’aérodynamisme!!
- les trop nombreux hasards qui pullulent dans tout l’album. D’abord, celui qui fait que ce soit justement le véritable oncle biologique de Khéna qui retrouve ce dernier en Europe, pendant sa mission de routine. Puis, tous ceux avec les manettes et les boutons (Khéna qui accroche le bouton lanceur de signal de détresse, Waterloo qui accroche les manettes de la machine qui inculque le langage)… Et quand, à la page 31, Pilili révèle à Khéna la fonction secrète de sa boucle d’oreille, qui agit comme émetteur-traceur, qu’est-ce que ça fait placé !! Je n’ai jamais vu une information émise avec aussi peu de raison d’être, juste pour qu’on comprenne, six pages plus loin, comment ils ont retracé la jeune fille! Elle n’avait absolument aucune raison de la porter ce soir-là puisqu’elle fuguait en secret, avec Khéna : pourquoi aurait-elle voulu que son père puisse la retracer?? Voilà un bel exemple de maladresse scénaristique, qui sonne faux!!
- quelques incohérences scientifiques. Un chien, même à qui on inculque un langage, ne peut physiologiquement pas produire les mêmes sons que nous : il n’a pas les cordes vocales qu’il faut pour ça, ni la morphologie buccale pour les articuler! De plus, l’oncle de Khéna précise, à la page 11, qu’il recherche son neveu depuis plus de 10 ans… On compte donc les années au même rythme que nous, sur leur très lointaine planète??? Étrange!?
- le fameux âge de Khéna. Je n’arrive toujours pas à le percevoir comme un individu de 12 ou 13 ans!!! C’est plus fort que moi : dans ma tête, il a 20 ou 22 ans!! Et il me semble que ses attitudes et réactions confirment mon impression. Faut-il que le personnage soit mal cerné, mal construit, mal présenté pour que ma conviction ne démorde pas?!?
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