#01- LES DEUX ALBINOS
Scénariste(s) : Frédéric BRRÉMAUD
Dessinateur(s) : Stefano TURCONI
Éditions : Soleil
Collection : X
Série : Léonid, les aventures d'un chat
Année : 2015 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Aventure, Héros animalier
Appréciation : 5.5 / 6
|
Pas pacha, le chat!
Écrit le mercredi 17 août 2022 par PG Luneau
Tomes lus : #01- les Deux albinos
#02- la Horde (2016, 5/6)
C'est quoi?
Qui a dit que tous les chats aimaient se la couler douce? Certainement quelqu'un qui ne connaît pas Léonid! Ce beau petit tigré vit peut-être dans une maison en compagnie de ses comparses Hoa Mai (la siamoise) et Rosso (le pékinois) ainsi qu'avec le chien Mirza et Atcha, l'ingénieuse souris, mais ses aspirations sont ailleurs. Il a beau être logé, nourri et bichonné par ses maîtres, lui, ce qu'il veut, c'est vivre l'Aventure avec le petit groupe de chats errants du coin : Arsène, Bouboule, l'Ermite et, surtout, la belle Ba'on!
Et même si, parfois, ceux-ci se moquent du petit côté bourgeois de Léonid, lui qui peut se permettre de rentrer se blottir au chaud après chaque journée de promenades, de chasses ou de chamaillades formatrices.
Mais quand deux des agneaux du berger sont retrouvés égorgés, un matin, les petites aventures journalières prennent une toute autre tournure! Zeus et Apollon, les deux molosses du fermier, deviennent encore plus territoriaux. Eux qui n'avaient déjà pas le petit groupe de chats errants dans leur cœur, ils commencent à leur mener la vie impossible, convaincus qu'ils sont que ce sont eux, les responsables du double meurtre!
Mais qui donc a pu commettre ces horribles assassinats totalement gratuits? Fort probablement les Deux albinos, deux chats blancs cruels et machiavéliques qui viennent d'arriver au village et qui se targuent d'être les éclaireurs de la Horde, une armée de chats sans scrupule commandée par un gros angora connu sous le nom d'Attila... L'avenir ne s'annonce pas très réjouissant pour les animaux du village, car la rumeur veut que, telles les armées du Attila mongol, «là où la Horde d'Attila passe, plus rien ne pousse»!
Léonid voulait de l'action et de l'aventure? L'arrivée de tous ces chats lui donnera mille occasions d'en avoir... et même ses amis pantouflards de la maisonnée risquent de devoir s'y investir, eux aussi!
C'est comment?
Complètement génial! Les personnages sont nombreux, intéressants et variés. Les méchants sont d'une cruauté stupéfiante, comme j'en ai rarement vu en littérature jeunesse... mais comme les personnages sont tous des animaux, ça passe très bien. C'est même d'une efficacité si redoutable que le récit en devient haletant! Les dangers auxquels sont exposés Léonid et ses amis sont si prenant qu'on tremble avec eux, qu'on craint pour leur vie, qu'on souffre... C'est tout juste si on ne court pas avec eux lorsqu'ils fuient!! J'en étais essoufflé, juste à lire tout ça! Bref, ces deux tomes forment un diptyque enlevant, et j'ai très hâte de lire le tome suivant, sorti récemment. Une série que je recommande chaleureusement à tous, dès 9 ans.
Mes bémols
- les coquilles et erreurs de typographie du tome #2. J'aurais passé sous silence la répétition dans cette phrase de la p.21: «La vôtre attendra bien bien quelques heures de plus!»... Mais quand j'ai constaté, aux p.36, 40, 46 et 47 qu'ils manquent tous les î dans les mots «matre» (maître), «bote» (boîte) et «connatre» (connaître), j'ai compris qu'il y a un lettreur ou un correcteur qui n'a pas très bien fait son boulot !?
Les plus grandes forces de cette BD
- les dessins. Je réalise que j'ai tant vanté le scénario que j'ai omis de parler des superbes dessins de Turconi, dont je vous ai déjà dit plusieurs fois tout le bien que j'en pensais (voir mes critiques de Violine autour du monde, de Tosca des bois et de Camomille et les chevaux). Ici, il nous offre toute une panoplie de chats et d'autres animaux pas piqués des vers! Si ses deux albinos ont des visages exagérément étriqués (avec leurs yeux et leur bouche un peu surréalistes qui leur donnent les airs du machiavélique Joker fou de Batman), tous ses autres personnages sont suaves, incluant Atchi, avec ses airs du Roquefort des Aristochats!
- les belles couleurs, pleine de soleil, de chaleur et de verdure estivale. Encore bravo à Stefano Turconi, donc, puisqu'il applique lui-même ses propres couleurs!
- l'absence des humains! Si, de tous les albums de Peanuts, de Schulz, on ne voit jamais les adultes, ici, ce sont tous les humains qu'on ne voit à peu près jamais! Tout le récit est raconté et illustré «à hauteur» de bêtes! Les très rares humains présents sont aperçus en silhouette, ou de loin... même si on sait qu'ils doivent être présents, puisque le bol de lait est rempli chaque soir, quand Léonid revient de ses escapades!... Cette passivité des humains peut même paraître un peu incongrue, surtout quand la Horde, composée de milliers de chats, envahit le village. Comment des humains pourraient-ils laisser leur village se faire envahir de la sorte sans réagir ou prendre des moyens de protection? C'est ce genre de légers détails qui m'a retenu de mettre la note maximum à cette série.
- la très grande efficacité du scénario, qui mise sur des méchants VRAIMENT méchants! Sans que rien de graphique ne vienne traumatiser les jeunes lecteurs, les menaces sont tellement cruelles qu'elles suscitent immanquablement les émotions escomptées! Ça donne un récit aussi palpitant qu'un bon western, avec de bons suspenses, des passages angoissants à souhait et des attaques tragiques! En fait, on peut aussi y voir une allégorie de l'invasion allemande en France. Bref, c'est génial... Et même la finale un peu facile n'est pas arrivée à tiédir mon ardeur! Bravo, M. Brrémaud!
- la présentation des nombreux personnages, sur les pages de garde. Compte-tenu de leur grand nombre et des différentes factions qu'ils représentent, c'est une bonne idée de nous les présenter là, accessible en tout temps, en cas de doute!
- la richesse et le grand nombre des personnages secondaires. Mes coups de cœur vont spécifiquement à Atchi, la jeune souris qui se retrouve lancée dans l'aventure simplement parce que son allergie aux chats est très pratique pour en débusquer un!; aux taupes qui, avec leurs galeries, offrent un chemin sous-terrain fort pratique pour passer inaperçu (j'avoue: le fait qu'elles aboutissent juste sous le plancher du salon de la maison m'a un peu fait tiquer, mais bon...); et à Arsène: j'ai adoré la scène où il débloque, au milieu du 2e tome!
|