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#03 - l'Exposition maudite
#03 - L'EXPOSITION MAUDITE
Scénariste(s) : François CORTEGGIANI
Dessinateur(s) : Yves RODIER
Éditions : Glénat
Collection : Paris - Bruxelles
Série : Simon Nian
Année : 2011     Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Hommage
Appréciation : 4.5 / 6
Se retirer au summum, ça c'est class!
Écrit le dimanche 06 janvier 2013 par PG Luneau

Pour sa troisième et dernière aventure, Simon Nian revient aux sources! En effet, c’est à une aventure assez semblable à celle du tome #1 qu’il nous convie. On se retrouve dans l’univers fascinant des collectionneurs de BD… des vrais!! Car il en va de ce milieu comme de tous les autres : certains passionnés n’ont pas peur de débourser des milliers de dollars (ou d’euros!) pour se procurer les planches originales d’un dessinateur illustre… Et certains autres peuvent même aller jusqu’à faire fi de tous leurs scrupules et engager des sbires pour voler ces planches chez un collectionneur rival… ou faire assassiner ces compétiteurs, si nécessaire!!

 

Retenu par une expertise professionnelle, Simon envoie sa charmante assistante Diana au Festival de BD de Bourbon-la-cuite, question de savoir ce que désire tant lui dire Henri Yéméné, un bédéiste qui semble en avoir gros à lui révéler. Seulement voilà : deux malabars se jettent à la poursuite du malheureux et lui fonce dessus en voiture avant même qu’il n’ait eu le temps de livrer son secret! Et quand ces deux gorilles se mettent par la suite à s’en prendre à deux ou trois collectionneurs proches de Simon, il n’en faut pas plus pour que cet avocat bédéphile, passionné tant par le 9e art que par les mystères à saveur policière, plonge dans l’enquête! Il réalisera vite qu’elle tourne autour d’une série de planches originales mythiques, celles d’un album jamais publié… Mais bien des obstacles se lèveront sur sa route : explosions, vol plané puis plongeon, en voiture, dans une rivière… et exploration de catacombes!! De l’aventure, de la vraie, comme au bel âge d’or de la BD!!

 

En somme, Corteggiani et Rodier nous offrent le plus abouti de leur album… mais retricotent pas mal les mêmes éléments que dans le tome #1. Je comprends mieux pourquoi Rodier a décidé de mettre fin à cette série, qui se voulait un hommage à Maurice Tillieux et à la BD en général. Rappelons qu’Yves m’a confié, lors du dernier ComicCon, qu’il aurait aimé voir ce personnage partir à l’aventure de par le monde, mais que les éditeurs avaient jugé cela incompatible avec son métier d’avocat. Face à un tel refus, Rodier a préféré saborder cette série qui avait, selon lui, fait le tour de son «potentiel parisien»… Et il s’est lancé dans les aventures internationales de son nouveau personnage de lutteur-espion, El Spectro, plus en phase avec ses aspirations du moment!

 

Toutefois, l’Exposition maudite reste un excellent album, le meilleur des trois à mon avis. Si la ligne claire du dessin y est tout aussi parfaitement maîtrisée, le scénario y est pour sa part mieux ficelé, et je le trouve plus facilement «assimilable» que les deux premiers… sans jamais tomber dans la facilité!! Bref, ce tome est la cristallisation parfaite de ce que les auteurs voulaient faire de cette série, un legs des plus honorables qu’ils peuvent nous laisser avec fierté. Classique et impeccable, que je recommande fortement à partir de 13 ou 14 ans (surtout à cause de certaines expressions argotiques).

 

À lire aussi : ma critique du tome #2.

 

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • la page de garde, bien impressionnante avec ses catacombes en plan moyen. Tous ces crânes enlignés, c’est d’une belle efficacité pour susciter le malaise! ;^)

 

  • ma dédicace! Pour ce troisième et dernier tome, j’ai demandé à monsieur Rodier de me dessiner le désopilant Bertrand Malgré, ce fin connaisseur et collectionneur de BD et de tout autres produits dérivés. Yves Rodier m’a même confié, via Facebook, que ce personnage est, lui aussi, une caricature (à peine, paraît-il!!) d’un véritable galeriste français qui se passionne pour le 9e art… mais qui chuinte et produit plein de bruits de bouche en parlant!! Incroyable!!

 

  • les caméos, apparitions, mentions et autres hommages au 9e art!

Rodier débute dès sa première case, avec un caméo des deux auteurs, que Léonardo, le célèbre coloriste européen, a presque personnifiés en Tintin et Haddock de par son choix de couleurs!! Mais mon instinct ne m’a pas trompé : Rodier me l’a même confirmé, en dédicaces!! Je suis à peu près sûr que d’autres bédéistes apparaissent plus loin (comme ce personnage qui ressemble énormément à Goscinny, à la p.19), mais je n’arrive pas à tous les identifier (comme le personnage de Yéméné, qui me rappelle étrangement un bédéiste dont j’oublie le nom!!)…

Certaines allusions sont à peine camouflées, comme ces Albert Bibobu et René Belloy, auteurs de Simplex le Hotu. Il s’agit bien évidemment d’Albert Uderzo et de René Goscinny, auteurs d’Astérix le Gaulois (et de Belloy, et du capitaine Bibobu!!). Il y a aussi Bob Mordant et son album Commando éprouvant, qui font référence à Bob Morane et son Commando épouvante. Le J. Farce de la p.14 est bien entendu Joan Sfarr… (et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il passe au cash, si on lit bien ce que le texte en dit!!) et la Sabrina Téton, de Philippe Minet (p.13) m’a tout l’air de pasticher la Tatiana de Félix Meynet.

Sur le plan des auteurs expressément mentionnés, on retrouve Astrapi, Cestac, Franquin, Eisner et Uderzo, ainsi que Geerts, à qui on attribue même une exposition sur ses séries à succès : Jojo et Mademoiselle Louise!

Puis, on peut apercevoir des mascottes ou des affiches à l’effigie de Titeuf, de Spirou, de Tintin, du Marsupilami et de Gaston, ainsi que des personnages moins connus (sauf des fans des nouveaux Pif Gadget, pour lequel Corteggiani travaille à fond!!) comme Kid Franky et le désopilant Lobo Tommy (à quand une compil en album de ses courtes enquêtes si tordantes??!)

Finalement, on voit aussi quelques albums réels, comme les 60 aventures de Modeste et Pompon ou les 4 As et le visiteur de minuit… et on aperçoit El Spectro, le nouveau héros de Rodier, en 4e de couverture : qui a dit que l’auto-promo était interdite !!  ;^)

 

  • l’audace du scénariste. Comme dans le tome #1, Cortegginani n’hésite pas à faire de subtiles allusions à certaines pratiques peu orthodoxes qu’on dit retrouver assez couramment en milieu carcéral… mais dont on ne parle jamais, mais alors là JAMAIS dans un album destiné à la jeunesse!! De plus, il est quand même étonnant qu’un personnage récurrent de série grand public se révèle meurtrier… comme c’est le cas ici avec Victor Facelvega!! Il fallait oser!!

 

  • l’aventure en tant que telle, rondement menée et clairement expliquée!

 

 

Ce qui m’a le plus agacé :

 

  • l’illustration de la couverture. Elle est belle et efficace… mais ne correspond à aucune scène du récit, ce qui me dérange toujours un peu.

 

  • le ton encore trop franchouillard. Je me répète, je sais (voir critique du tome #1), mais c’est ici pire que pire, ce me semble. À preuve : les p.8, 18 en bas et 29 (vignettes 4 et 5), ou le bas de la p.47!! Les carambouilles, les condés, se faire décalquer ou faire dans la distribution de bidoche à la remballe, ça n’a absolument aucune résonnance, par chez nous… Un adulte viendra quand même à comprendre, bien sûr, avec le contexte, mais je songe surtout aux jeunes qui seront attirés par le dessin… mais qui n’y comprendront que dalle!!!

 

  • les clins d’œil que je n’arrive pas à décoder! Comme pour le tome #2, j’ai souvent l’impression que les personnages secondaires ou les figurants sont des caméos de personnages ou de dessinateurs connus, ou que chacun des noms fait référence à quelqu’un que je devrais reconnaître… Mais comme je ne connais pas tous les bédéistes, et encore moins toutes leurs œuvres, j’ai l’impression de passer à côté de pleins de gags… et ça m’enrage! Parfois, je me dis que j’aimerais lire ces albums en compagnie d’Yves Rodier, de façon à pouvoir lui poser directement mes questions!! Peut-être un jour me fera-t-il cette fleur?! ;^)

 


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@ Anne des Ocreries : Encore merci pour ces précisions!! J'adore tes explications sur «la bidoche à la remballe» dans le contexte des Cougars qui cherchent à tromper leurs proies!! ;^)
Rédigé par PG Luneau le lundi 14 janvier 2013 à 15:51


Bin non, comme je disais, "carambouille", ça se dit pas dans mon coin ; j'essssplique : y a le français châtié (ma chère !) ( et d'aucuns disent "châtré") - pis y a LES français dérivés : l'argot, le français "des banlieues", les patois, et les régionalismes ; certains mots ne se disent que dans un quartier, une ville, une zone de France....celui-là, j'ai pas localisé, mais c'est ni de l'argot "classique", ni de ma parlure ! :)
Je précise pour "bidoche" : la bidoche, c'est la viande ; elle n'est avariée que lorsqu'elle est " à la remballe" ; on parlerait aussi de "bidoche à la remballe" pour une vioque qu'essaierait de faire plus jeune pour caser sa marchandise....ahem....si tu vois c'que j'veux dire..... ;-)
Rédigé par anne des ocreries le vendredi 11 janvier 2013 à 19:05


@ Anne des Ocreries : Merci pour ces «traductions»!! En gros, c'est pas mal ce que j'avais compris... sauf pour la bidoche, que je n'avais pas spécialement rattachée à la notion de viande avariée! Pour ce qui est de la carambouille, je présume, selon le contexte de la phrase, qu'il s'agit d'un synonyme de «combine louche». Et ça m'étonne que ce mot ne soit pas plus connu de ton côté de l'Atlantique!!?
Pour ce qui est de trouver cet album en France, je suis sûr que oui : il est édité chez Glénat!!
Rédigé par PG Luneau le lundi 07 janvier 2013 à 17:05


les condés = les flics ; se faire décalquer = se faire casser la figure (au point que ta face s'imprime par terre comme un décalque) ; la bidoche à la remballe, c'est la viande avariée réemballée ( pratique frauduleuse des supermarchés) ; et si t'en as d'autres, vas-y, je te fais un lexique ! :) ( quand je connais, parce que carambouille, c'est pas de l'argot, alors ça doit être un régionalisme ! )

ça se trouve en France cette série là ? ça a l'air chouette !
Rédigé par anne des ocreries le lundi 07 janvier 2013 à 3:38




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