#01- VENDREDI
Scénariste(s) : COYOTE, Nini BOMBARDIER
Dessinateur(s) : COYOTE
Éditions : Lombard
Collection : Troisième degré
Série : Voisins du 109
Année : 2006 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Gags en quelques planches
Genre(s) : Quotidien, Humour grivois, Humour social, Humour mordant
Appréciation : 3.5 / 6
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«Putain c'qu'il est blême, ce HLM...»
Écrit le mercredi 11 septembre 2013 par PG Luneau
Dans cette série, Coyote et Nini Bombardier nous ouvrent les portes d’un bloc-appartements de neuf étages qui abritent plus d’une bonne vingtaine de personnes, toutes plus différentes les unes que les autres!
Nous faisons leur connaissance alors que les Moinot, une nouvelle petite famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire, aménagent au deuxième, juste en face de chez Iggy et Luna, des gothiques aux airs de vampires!! Bien sûr, la vieille Marie-Rose de même que Marcel, le gardien de l’immeuble, tous deux du rez-de-chaussée, les accueillent à leur façon, désireux de se faire connaître et reconnaître! Mais comme les meubles des Moinot ont malencontreusement pris le chemin de Lourdes (c’est comme des valises dans les aéroports, les meubles : ça se perd facilement!), c’est presque tout le building qui sera finalement mis à contribution!
Dans ce premier tome (de ce qui était appelé à être une trilogie), c’est à un véritable survol de la propriété auquel on a droit. Au fil de cette douzaine de courts récits, d’une à neuf pages, on fait la connaissance de quelques-uns de ces voisins, tous très colorés : Gaétano Ferrari, un pathétique comédien efféminé qui se croit aussi doué que Sarah Bernhardt ; Double-Lune et Joyeux Calumet, deux soixante-huitards qui, depuis Woodstock, ont été de toutes les manifestations pour les grandes causes sociales ; la dévote Anne-Marie-Charlotte, qui semble de plus en plus s’intéresser à l’athlétique révérend père Steve, au détriment de son Jean-Hubert de mari… et tant d’autres!
Toutefois, je dois avouer que j’ai été un brin surpris. Moi qui m’attendais à rire un bon coup, j’ai dû me rendre à l’évidence : ces tranches de vie font plus sourire que rire, et leur intérêt est probablement plus d’ordre sociologique qu’humoristique!... Ce qui n’enlève rien au plaisir de lecture, entendons-nous!! C’est simplement que j’avais des idées préconçues, ce qui n’est jamais gagnant!!
Bref, si vous aimez les livres ou les films axés sur les relations humaines, sur le choc des cultures, sur l’ouverture à la différence par l’immersion directe (comme Escalier C, que j’avais adoré!!), cette série est pour vous! Moi, je réalise maintenant que je souhaite savoir ce qu’il adviendra de toute cette brochette de personnages bien sympathiques! N’est-ce pas là un gage incontestable de qualité, pour une BD??
Pour public averti, de 16 ans et plus.
Plus grandes forces de cette BD :
- le thème. J’aime beaucoup l’idée de mettre en scène des gens très différents forcés de se côtoyer puisque logeant sous un même toit. Ça ne peut faire autrement que d’être riche en interactions de toutes sortes, et l’intérêt sera forcément de la partie… ce qui est le cas ici!! ;^)
- le concept. J’adore aussi l’idée de les présenter sur un laps de temps prédéterminé : un week-end, trois jours, trois tomes!! Ce tome-ci, comme son titre l’indique, raconte le Vendredi. Le tome #2, sorti en 2008, nous présente le Samedi… et le tome #3 s’intitulera Dimanche (… mais il se fait attendre dangereusement, ce qui est plutôt mauvais signe!!). L’idée de cette unité de temps est fort chouette… Surtout que l’informaticien et la secrétaire, deux célibataires qui ne peuvent pas se voir en peinture, se courtisent amoureusement sur le Net sans le savoir et s’enlignent pour se rencontrer de visu!! Le samedi soir risque d’être orageux, du moins pour eux deux!! ;^)
- l’exceptionnelle maîtrise de l’auteur en terme de dessins caricaturaux. Coyote est un bédéiste au talent incontestable : son trait rappelle énormément celui des caricaturistes qu’on retrouve habituellement dans les pages éditoriales des journaux, comme Chapleau ou André-Philippe Côté. Les tronches de ses nombreux locataires sont non seulement solidement campées, mais elles sont aussi étonnamment variées, et toujours très amusantes! Si on ajoute à ça les parfaites courbes qu’il utilise pour étayer les physionomies générales de ses personnages et ses compétences notoires de dessinateur technique (aux décors et aux véhicules), on en vient au constat que Coyote est un artiste complet : il n’y a rien à redire sur son dessin… sinon des éloges!! ;^)
- la grande diversité des personnages. Il est évident qu’un immeuble de ce type abrite bien des gens différents, mais Coyote et Bombardier ont su opter pour des archétypes intéressants : la petite famille, un couple gothique, un autre ultra-catho, un couple baba cool et un formé de deux lesbiennes, l’arabe voilée et quelques beurs, la grande folle et la vieille écornifleuse, le malabar et sa poupée russe… Ils offrent un éventail varié de personnalités, question de multiplier les chances d’y reconnaître quelqu’un de notre entourage… à défaut de nous y reconnaître nous-mêmes!! ;^)
Ce qui m’a le plus agacé :
- les couleurs délavées, presque absentes!! C’est encore plus marqué dans le premier récit, de six pages, qui paraît presque n’être qu’en noir et blanc!! J’ai l’impression qu’une véritable coloration, franche et directe, aurait donné beaucoup plus de punch à l’ensemble, sans dénaturer le splendide travail graphique du dessinateur.
- l’éventuelle absence de conclusion… Comme je le disais plus haut, les deux premiers tomes sont sur les rayons (et depuis longtemps!!), mais on est sans nouvelle du tome final!! Sommes-nous en droit d’encore espérer la parution de l’album Dimanche?? Cinq ans nous séparent actuellement de la parution du #2, qui avait pris deux ans à faire. Est-ce que Coyote s’est permis une pause, ou a-t-il profité de ces cinq années pour travailler, temporairement, sur une autre série?? Disons que le sabordage de la collection Troisième degré, dans laquelle sont parus les premiers tomes, n’augure rien de bon!! Serions-nous, encore une fois, en présence d’une excellente série qui restera en plan, comme l’Académie des chasseurs de primes, Horus, Lionel et Nooga, les Enfants du Capitaine Grant, Néféritès et, peut-être même, la nouvelle Ribambelle, pour ne nommer que celles-là??? Grrrrrrrr!!!!!!!
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