Mon 16e safari-dédicaces : Une dernière petite touche européenne!
Écrit le dimanche 15 mai 2016 par PG Luneau
Festival de BD francophone de Québec 2016
(Quatrième partie)
Me revoici avec ma quatrième micro-chronique où je vous raconte les rencontres que j'ai faites au 29e Festival de BD de Québec. Encore cette fois, il s'agira d'une chronique toute européenne, puisque je vous y présenterai les derniers Européens avec qui j'ai eu la chance de jaser, et j'ai nommé : Didier Alcante et Chloé Cruchaudet!!
Commençons par Alcante. Ce prolifique scénariste m'a dédicacé deux de mes albums Bine, dessinés par le Belge Steven Dupré mais tirés des romans québécois de Daniel Brouillette. Évidemment, je l'ai félicité pour la grande qualité de ses adaptations : rares sont les scénaristes du Vieux Continent capables de rendre la québécitude de nos récits en respectant l'essence même de notre identité! Il m'a donc parlé de Bine, mais aussi de la série la Vie compliquée de Léa Olivier. En effet, ces deux séries de romans font tellement un tabac en Belgique (où elles sont éditées avec leur texte intégral... mais accompagné d'un lexique, en fin de tome, pour aider à la compréhension de certaines expressions!), par les éditions Kennes, qu'elles ont toutes les deux été adaptées en BD... par Alcante lui-même!! Il paraît même que certaines expressions commencent à passer dans le langage cool des étudiants!! En fait, tant pour les romans que pour les BD, la série Bine n'a subi qu'une seule modification majeure, dont j'ai déjà parlée dans ma critique : elle s'appelle l'Incroyable histoire de Benoit-Olivier, du véritable nom du héros, le terme de Bine ne faisant référence à rien, en Europe!! Alcante m'a avoué que les éditeurs avaient peut-être un peu misé sur un effet d'entraînement fondé sur l'homonymie :
a) les Léa Olivier marchaient déjà très bien +
b) le nom du personnage masculin de cette autre série a, par pur hasard, la même consonance =
c) les gars imiteront peut-être leurs copines de classe et s'enthousiasmeront tout autant pour Benoit-O. qu'elles le font pour Léa O. !
Malheureusement, c'est peut-être un peu l'effet contraire qui se produit : en voyant le nom, les jeunes garçons croient qu'il s'agit d'un autre roman pour filles, de la même collection!! :^( Et les couvertures des romans, plutôt neutres, ne laissent en rien deviner l'humour presque absurde et très «masculin» de Daniel Brouillette! Espérons que la version BD, plus visuelle, et aux couvertures plus enjouées, fera comprendre aux garçons belges qu'ils manquent une belle occasion de rigolade... et plein de nouveaux québécismes hypercool!!
À propos de sa collaboration avec les auteurs québécois des romans en question (Catherine Girard Audet, pour les Léa et Daniel Brouillette pour les Bine / Benoit-O.), Alcante se dit très choyé : à chaque fois qu'il termine l'adaptation de l'un des romans en album, il en envoie le scénario à l'auteur(e) original(e) avant de l'envoyer à l'illustrateur, pour approbation... et jamais ils n'ont trouvé à redire!!? Oh, ils passent de petits commentaires, bien sûr, mais rien de majeur! En fait, les seuls bémols plus importants qu'ils ont soulevés, tous deux, ce sont de petits ajustements au niveau des dialogues, parfois... dialogues qu'Alcante pige en grandes parties tels quels dans les romans! Et je vous rappelle que c'est là l'un des bons atouts que j'ai trouvés dans Bine : le langage utilisé sonne vrai, bien de chez-nous! C'est dire combien le scénariste et les auteurs parviennent à bien s'entendre, au final, sur le choix de leurs mots!! ;^)
En jasant avec Alcante mais aussi avec Daniel Brouillette, le romancier original des Bine (et, par le fait même, des Benoit-Olivier... Vous suivez toujours?? ;^) , on en est venu à parler de la petite coquille visuelle que j'avais relevée dans le premier tome de la série BD (voir le dernier boulet de ma critique)... En discutant, et observant en détail, on en est venu au constat que la «disparition» de l'élément fautif (la serviette autour du goulot de la bouteille) pourrait se justifier, car une deuxième bouteille, sans serviette, se trouve aussi sur la table, à l'autre extrémité! J'ai donc dû faire amende honorable : j'avais peut-être sévi un peu trop vite... Mais maintenant, bien tranquille chez moi, avec l'album sous les yeux, j'observe ce passage encore plus en détail et, manifestement, ça reste bancal : outre la serviette, il y a le niveau de vin dans les dites bouteilles qui ne suit aucune logique!! En fait, à en croire le fil des événements, les bouteilles se retrouvent vides... mais il en coule encore du vin!!?? Bref, le mea culpa que je m'apprêtais à faire se métamorphosera donc en une simple correction de ma critique... Désolé messieurs!! ;^)
Question de bien abuser de la présence de ce scénariste inépuisable, j'en ai profité pour aussi lui faire signer un de mes Rani, qu'il coécrit avec le grand Van Hamme. Cette série d'aventures historiques me titille depuis longtemps, me rappelant inévitablement, de par sa trame, les fabuleuses péripéties d'Angélique, marquise des anges! Alcante m'a donc appris qu'à l'origine, ce scénario en était un que Van Hamme a écrit pour la télé!! Il a même été produit, en télésérie!! À quand ces épisodes sur Radio-Canada ou Historia!!? Ici encore, Alcante s'est vu confier l'adaptation en BD d'un texte original écrit pour un autre médium! 8 tomes ont été annoncés dès le départ, et le tome #5 est sorti en 2015. Alcante envisage déjà d'autres cycles, car l'époque abordée (la deuxième moitié du XVIIIe siècle) est hyper-riche en possibilités : la Guerre de Sept Ans (entre la France et l'Angleterre), la Nouvelle-France, les Antilles, les colonies d'Asie... Il y a même la bête du Gévaudan qui sévissait au centre de la France, à la même époque!! Toutes ces opportunités inspirent grandement le jeune auteur... qui ne risque pas de chômer avant longtemps!!
Une dernière anecdote racontée par Alcante : s'il travaille avec Van Hamme sur Rani, c'est qu'il travaillait déjà avec lui sur XIII Mystery, la série dérivée de XIII, sa série-culte. Donc, lors d'une cérémonie de remise de prix, la ministre de la culture (belge, je crois) a dû se désister et envoyer à sa place une sous-ministre quelconque qui, manifestement, n'était pas au courant des dossiers qu'elle traitait!! Pouvez-vous croire que la pauvre nouille a offert, coup sur coup, un prix Hommage pour l'ensemble de son œuvre à Anastasia (??)... au lieu d'Attanasio (illustre créateur de Spaghetti et de plein d'autres séries), et un prix à Van Hamme pour sa célèbre série... XV !!?? Elle avait beau ne rien connaître au 9e art, on s'attendrait tout le moins qu'une sous-ministre sache minimalement lire les nombres romains, ou lire tout court!! Quelle double bourde!!? J'espère pour elle que c'était la faute au stress de parler en public, ou quelque chose du genre, parce que sinon... !! :^P
Mais parlons maintenant de Chloé Cruchaudet. Elle était de passage pour présenter ses œuvres, dont le tant primé Mauvais genre, qui raconte le fascinant récit (tiré d'un fait vécu, je crois) d'un jeune homme qui a réussi à éviter l'enrôlement et les tranchées de la Première guerre mondiale... en se travestissant en femme, jusqu'à la fin de la guerre!! Plusieurs de mes comparses ont aussi demandé à madame Cruchaudet de leur dédicacer leur tome de Groenland-Manhattan, un autre de ses one shot qui a beaucoup fait parler de lui, à sa sortie, en 2008. Fidèle à mon habitude, je lui ai, pour ma part, présenté le troisième tome de la Fontaine aux fables, un recueil dans lequel elle a illustré une fable peu connue : le Cerf se voyant dans l'eau. Mais pendant qu'elle me le dédicaçait, nous avons parlé plus en détail de Groenland-Manhattan, qui raconte les exploits de l'explorateur polaire Robert Perry, dont celui pas très glorieux d'avoir ramené de ses expéditions un groupe de 5 Inuits... pour les exhiber à New York, devant toute la communauté scientifique, comme des trophées de chasse vivants!! Madame Cruchaudet nous a expliqué qu'au cours de ses recherches, elle a été à même de constater l'ampleur de la disparité des réactions face à ce Perry. Alors qu'il est plutôt conspué en Europe, elle a été étonnée de réaliser à quel point il est adulé par les Américains!!? D'ailleurs, alors que la bédéiste faisait appel à eux dans l'espoir d'enrichir son iconographie préparatoire, les gens du Musée des Sciences naturelles de New York lui ont refusé l'accès aux images convoitées, pas assez sûrs de l'angle qu'elle allait développer dans son album!! La pauvre a dû se trouver d'autres sources!! Elle nous a alors conseillé de lire la biographie de Perry écrite par sa fille : ce serait, apparemment, un parfait exemple de relativisme historique, et la preuve entre toutes qu'il faille toujours s'abreuver à plusieurs sources!! ;^)
Sur ces belles paroles, je vous tire ma révérence! La suite de mon compte-rendu (oui, oui, toutes mes futures mini-chroniques porteront sur des auteurs québécois!!) sera pour... dans quelques jours! Restez à l'écoute! We'll be back after these messages!! ;^)
En attendant, vous pouvez toujours vous rabattre sur les premiers volets de ce compte-rendu, si vous ne les avez pas déjà lus : le premier, le second ou le troisième!!!
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