Mon 6e safari-dédicaces : D'une efficacité à toute épreuve!
Écrit le dimanche 02 décembre 2012 par PG Luneau
Salon du livre de Montréal 2012
(2e partie)
Je suis vraiment très fier de mon sixième safari!! Mais il faut dire que j’avais très bien planifié mon expédition, en traçant mon itinéraire en fonction des horaires des auteurs que je désirais prioriser (mes incontournables!) et de ceux, très populaires, qui se retrouvent rapidement avec une file interminable. De plus, sur place, j’ai su profiter de quelques belles occasions quand elles se présentaient (parfois, un auteur seul à sa table, parfois des amis-chasseurs qui acceptaient de réserver ma place pendant que je courais arracher un petit croquis à un bédéiste plus éloigné…). Bref, mon bilan officiel se monte à quinze dédicaces en neuf heures trente, et je n’en suis pas peu fier!
Outre Adam et Bertschy, dont j’ai déjà parlé dans la première partie de ce compte-rendu, j’ai rencontré Jean-Sébastien Bérubé, le sympathique créateur de la série Radisson. Que de déboires pour mener cette série à terme!! On se rappellera en effet que les éditeurs ont voulu abandonner le projet après le tome #3, malgré les nombreux prix que les trois albums se sont mérités!!?? Quel manque de respect! C’est que Jean-Sébastien avait prévu son récit en cinq tomes! Heureusement, la mauvaise nouvelle a suscité un tel tollé de protestations sur le Net que les éditeurs ont décidé de se raviser… et Bérubé a pu rajouter un quatrième (mais dernier!) tome pour clore (un peu plus courtement que prévu, mais quand même!), cette biographie portant sur l’un des héros les plus marquants de notre histoire nationale! Pour la petite histoire, J.-S. m’a encore reconnu (chic chic chic!) et se souvenait très bien des critiques de ses trois premiers albums que j’ai éditées dans ma Lucarne! Le scénario de son nouveau projet, beaucoup plus contemporain, avance bien… mais il reste plutôt discret à ce sujet. (P.S. : En fait, j’ai lu dans le journal qu’il s’agirait d’un roman graphique portant sur un voyage qu’il a fait au Tibet… mais chut!! C’est un secret!!)
Peu de temps après, j’ai rencontré mon très cher Jacques Lamontagne, dessinateur de la très intrigante série les Druides. Pour ma dédicace du tome #5, j’avais prévu qu’il me dessine l’affreux évêque Verus, dans toute son ignominieuse laideur… Mais comme les trois seules personnes qui me précédaient dans la file lui ont tous demandé ce même personnage, eux aussi, j’ai eu la bonté de le laisser souffler un peu… mais non sans lui avoir fait promettre de me le faire dans mon tome #6!! Il a donc choisi de me dessiner Brendan, un personnage secondaire qui joue un bon rôle dans ce 5e tome et qui n’est nul autre que ce véritable moine irlandais qui aurait traversé l’Atlantique pour atteindre l’Amérique bien avant Colomb ou les Vikings, au milieu du 6e siècle!! Passionné que je suis par l’histoire, vous pensez bien que cette seule révélation a su apaiser ma déception de ne pas avoir eu droit aux verrues de «Verus le virus»!!
Puis, j’ai pu rencontrer Michel Falardeau, avec qui on se sent tout de suite très proche! Il se souvenait de moi, de ma Lucarne et de ma critique, lui aussi… même si notre seule rencontre remontait à novembre 2010, à ce même Salon, à l’époque où il venait de publier Luck!! Son nouvel opus, French Kiss 1986, qui reçoit un superbe accueil sur la Toile et un peu partout dans les médias, est un roman graphique sur l’enfance, ses joies, ses peines, ses petits plaisirs et ses premiers émois amoureux. Deux bandes de gamins s’y affrontent amicalement, «…mais aucun lien n’est à faire avec la Guerre des tuques! » tient-il à préciser… même si le parallèle semble assez naturel pour qu’on lui pose constamment la question! Ce qui est particulier, c’est que les quatorze jeunes personnages du récit sont tous à l’effigie de proches de l’auteur!! Ainsi, monsieur Falardeau a pu m’expliquer, en utilisant les pages de garde sur lesquelles tout ce petit monde est dessiné, qu’il est lui-même au centre de celle de gauche, avec ses deux frères dans les coins gauches, supérieur et inférieur!! Il a aussi caricaturé un cousin, une ancienne flamme… et même un ami bédéiste (celui avec la bouche grand ouverte, dans le coin inférieur droit de la page de gauche… mais Falardeau n’a pas eu l’audace de me divulguer de qui il s’agissait!!)! Apparemment, ces personnages reprennent non seulement l’enveloppe charnelle de ses proches, mais aussi leurs principaux traits de caractère! Ainsi, le plus jeune frère de monsieur Falardeau, le petit à casquette – c’est lui que j’ai demandé, en dédicace – avait, apparemment, dans la vraie vie, les mêmes réactions atypiques que celles du gamin du récit. À en croire le bédéiste, son petit frère était effectivement toujours à lancer des réflexions étranges, presque philosophiques, dans toutes les situations possibles et imaginables! Et à voir l’éclat brillant dans les yeux de l’auteur quand il raconte tout ça, on ne peut que le croire!!
Toutefois, malgré l’indéniable richesse constituée par tous ces beaux souvenirs, Falardeau tient à le spécifier : le récit n’a rien d’autobiographique, tout n’y est que fiction! «Je n’ai pas connu cette vie de gang, quand j’étais jeune, car ma famille vivait en retrait dans le bois, assez loin du village. C’est d’ailleurs pourquoi mes plus proches amis, dans le temps, c’était mes frères!» De plus, monsieur Falardeau m’a aussi précisé que même si ses protagonistes ont dix ou douze ans, son récit s’adresse quand même à un lectorat un peu plus mûr, à partir de treize ans, peut-être, ou du moins à un public qui sait prendre une certaine distanciation avec les gamineries exposées, question d’apprécier les relations et les émotions sous-jacentes aux péripéties, qui ne se veulent que prétextes, en somme. Au final, ma discussion avec Michel Falardeau a été si intéressante… que j’en ai oublié de lui demander de dédicacer aussi mon album Amuse-gueules, même s’il était à peu près seul à son kiosque!!
Ce nouvel album, que je venais tout juste de me procurer sur place, est le recueil des six courts récits qui ont gagné le cinquième concours annuel de chez Glénat Québec. Après avoir mis à l’honneur les Contes et légendes du Québec dans l’album éponyme de 2008, puis l’hiver, la pêche et le hockey les années subséquentes (Histoires d’hiver en 2009, Parties de pêche en 2010 et le Démon du hockey en 2011), c’est maintenant notre gastronomie qui a servi de thème au concours de cette année. Et parmi les six lauréats, il y avait monsieur Falardeau… mais il y en avait d’autres, et j’ai pu rencontrer brièvement quatre d’entre eux! Mon seul exemplaire d’Amuse-gueules est donc joliment décoré de quatre dédicaces différentes! Vive les collectifs!!
J’ai ainsi pu rigoler avec monsieur Jean Frigault, le dessinateur du sixième récit (le Festin, sur un texte d’Éric Allard), un gars hyper sympathique que je connaissais de vue pour l’avoir croisé à maintes reprises au cours de mes cinq premiers safaris-dédicaces… Comme quoi on peut être dessinateur ET amateur de BD!! Très soucieux de faire des dédicaces personnalisées («Puisqu’elles sont celles que je préfère recevoir, je me dis que j’ai le devoir d’en faire moi-même!»), monsieur Frigault demandait à tous ses requérants ce qu’ils aimaient dans la vie, ou leurs séries de BD préférées, pour ensuite amalgamer tout ça avec des personnages de son récit! C’est ainsi que j’ai eu droit à un petit Eusèbe, le charmant lapin de la génialissime série De Cape et de Crocs, sur le point de servir de repas au loup de son Festin!!
Puis, j’ai rencontré le tout jeune Aurélien Galvan (on lui donnerait à peine 20 ans!!), apparemment tout intimidé de se retrouver là, à dessiner devant tout le monde! Son récit, le Cupcake, étant fait à l’ordinateur, c’est peut-être le fait de devoir dessiner live, sans support technologique et devant des étrangers, qui le rendait si timide… d’autant plus que c’était, m’a-t-on dit, sa première séance de dédicace à vie!! Toujours est-il que c’est dans un mutisme à peu près complet, et armé d’un simple crayon à mine et d’un banal stylo Bic… qu’il a fait mon portrait!!! Un tout mignon petit Pierre-Greg, avec lunettes, mèche rebelle et chemise carrelée : je l’adore!!
Puis, en fin de journée, j’ai croisé les deux auteures de le Pain. le Pain. le Pain., un autre des six récits gagnants, soit mesdames Cab et Boum. Ces deux copines, manifestement très complices (elles se connaissent depuis plus de quatorze ans, et je ne crois pas qu’elles en aient 25 encore!!) m’ont fait chacune une dédicace fort de circonstance si on tient compte du propos de leur récit : un pain tranché de la part de Cab, puis un pain baguette de la part de Boum!! Je ne leur en ai pas parlé sur le coup, mais j’ai eu un flash : tant qu’à user de noms de plume, il me semble qu’à leur place, j’aurais signé ce récit conjoint Caboum, d’autant plus que les deux filles en ont réellement fait un travail à quatre mains! Voyez plutôt : l’anecdote est survenue à Cab, qui l’a raconté à Boum. Celle-ci l’a scénarisé et mis en page, puis dessiné. Ensuite, Cab l’a encré et colorié, pour que Boum finalise le tout de quelques retouches!! Si ce n’est pas du travail d’équipe, ça, je ne sais pas ce que c’est!! Avant que je les quitte, Cab m’a tendu une carte postale promotionnelle moussant le site sur lequel elle publie régulièrement les pages d’un récit qu’elle réalise seule, Hiver nucléaire. Il n’y a que quelques pages de réalisées jusqu’à maintenant, mais je suis déjà accro!! Quelle belle idée d’imaginer un Montréal futuriste (mais pas trop!) aux prises avec un climat hivernal perpétuel, causé par l’explosion de Gentilly-3 (n’est-ce pas on ne peut plus d’actualité!!)!! Son graphisme est excellent, et son personnage principal reste super attachant malgré (ou grâce à!) son petit côté caractériel! Je vous invite à aller y faire un tour : je suis sûr que vous serez conquis, vous aussi : www.hivernucleaire.cabfolio.com !
Voilà, je vous laisse là-dessus pour le moment. Pour ce qui est de mes six dernières rencontres (dont celle avec mon autre chouchou, Djief, et ma première vraie discussion avec un bédéiste anglophone – je ne compte pas ma rencontre avec Frank Cho, au dernier Comicon, puisque je ne lui ai à peu près rien dit!), ça ira à mon prochain texte, un peu plus tard cette semaine! À plus!
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