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#01- Ville-Marie
#01- VILLE-MARIE
Scénariste(s) : François LAPIERRE, Tzara Maud dite TZARA
Dessinateur(s) : Jean-Paul EID, François LAPIERRE
Éditions : Glénat
Collection : Glénat Québec
Série : 1642
Année : 2017     Nb. pages : 56
Style(s) narratif(s) : Récits complets
Genre(s) : Western / Amérindiens / Nlle-France
Appréciation : 4.5 / 6
Ville-Marie, mon amour...
Écrit le lundi 02 avril 2018 par PG Luneau

Tomes lus : #01- Ville-Marie (dess. : Jean-Paul EID)

            #02- Osheaga (dess. : François LAPIERRE, 5/6)

 

Grand lecteur, j'adore les histoires. Si vous suivez ce blogue, vous le savez déjà, et vous les aimées sans doute tout autant que moi!! ;^) Mais je suis encore plus passionné par l'Histoire, avec un grand H, celle de l'humanité, celle de nos ancêtres...

De tous les âges que notre civilisation a traversés, l'époque qui me fascine le plus, c'est celle des débuts de notre colonie! J'ai toujours été intéressé par la Nouvelle-France, de ses débuts à sa Conquête... et puisque j'ai le bonheur d'avoir à l'enseigner, ça m'oblige (quel malheur!!) à me documenter sur le sujet! ;^D

Et des quelques 200 ans qu'a durés cette Nouvelle-France, l'événement qui m'a toujours le plus captivé, c'est celui de la fondation de Ville-Marie, en 1642!! Depuis que j'ai entendu parler de tous ces dévots français qui se sont associés dans le but de financer la  fondation d'une mission catholique, pour convertir les pauvres petits amérindiens sans âme, mon esprit essaie de concevoir comment une telle ferveur religieuse a pu pousser des gens à délaisser leur quotidien pour plonger dans un inconnu rempli d'incertitudes et de dangers. Je ne vous cacherai pas que je lis encore beaucoup sur le sujet... J'ai même un canevas de scénario pas piqué des vers que j'aimerais bien, un jour, mettre en mots sous forme de roman jeunesse ou, pourquoi pas, de BD...

Ceci étant dit, vous imaginerez mieux mon exaltation quand François Lapierre m'a appris, il y a presque deux ans, qu'il allait s'attaquer à un diptyque qui raconterait la naissance de Montréal!! Profitant des célébrations du 375e anniversaire de la fondation de la ville, l'an passé, il a eu l'idée de rédiger cette belle histoire de concert avec Tzara, sa nouvelle conjointe, mais via les yeux des deux peuples qui l'ont vécue : les Français et les Amérindiens!!

Ainsi, 1642-Ville-Marie, qu'ils ont donné à dessiner au très talentueux Jean-Paul Eid, raconte l'arrivée de Maisonneuve, Jeanne Mance et leurs comparses sous l'angle des Européens. On y suit les aventures de Gauthier, un jeune trifluvien qui décide de suivre les Montréalistes et qui tombera sous le charme d'une jeune et jolie veuve... mais encore faut-il que ce sentiment soit réciproque!

De son côté, 1642-Osheaga nous raconte en gros ces mêmes événements, mais sous l'angle d'Askou, un jeune Algonquin, ami d'enfance de Gauthier. On aura droit, grâce à lui, à une présentation plus immersive de ce à quoi pouvaient ressembler les attaques que les Iroquois faisaient vivre à son peuple, avant de se tourner vers les Français... Brrr! :^0

Ce second tome (mais qui peut être lu en premier, sans aucun problème), François a choisi de l'illustrer lui-même... Rien de surprenant de la part du gars qui a dessiné Sagah-Nah, Chroniques sauvages et la série de romans les Guerriers fantômes. C'est dire combien son intérêt pour la culture amérindienne est grand!

Bien sûr, tous les personnages importants et les principaux moments-clés que nous ont appris nos livres d'histoire sont présents (la messe du père Vimont, la crue des eaux et la croix du Mont-Royal... et même la présence de la chienne Pilote!), mais ils ne servent que de figurants ou de trame aux réelles péripéties, plus personnelles, que vivent Gauthier et Askou. Si le sort de ces deux amis est fortement lié (leurs nombreuses retrouvailles ponctuent chacun des deux albums), ils vivront chacun une aventure distincte. Gauthier la vivra autour de la petite bourgade naissante. Askou, en bon nomade qu'il est, sera appelé à se déplacer sur le vaste territoire qui borde notre fleuve, rencontrant d'autres Algonquins, mais aussi des Innus, des Hurons... et des ennemis iroquois!! Mais, pour tous deux, c'est du côté des sentiments que l'aventure sera la plus difficile! Car malgré l'omniprésence du danger qui les entoure, leur cœur ne saura rester insensible aux beaux yeux qui de Brigitte, qui de Meha,

Étonnamment, et bien qu'il s'éloigne un peu de la fondation même de Ville-Marie, c'est Osheaga que j'ai préféré!? Le scénario m'en a semblé un peu plus intéressant, les personnages, plus touchants et les couleurs (aussi de Lapierre, un génie en la matière! ;^), un brin plus vibrantes. Mais Ville-Marie est très bien aussi, avec un climax très haletant... malgré qu'on l'ait conclu de manière un peu trop expéditive à mon goût, comme s'il avait manqué une ou deux planches à François et Tzara pour bien boucler la boucle! :^(

Quoi qu'il en soit, si vous vous intéressez à cette période névralgique des débuts de notre colonie ou aux mœurs et coutumes amérindiennes, si vous aimez les récits d'aventures enlevants teintés de romances déçues, le tout dans un décor naturel fabuleux, n'hésitez plus : les deux tomes de 1642 sont pour vous!! De même, si vous êtes en 4e année du primaire et que vous voulez mieux comprendre la complexité des relations entre Français et Amérindiens et les nombreuses embûches qui ont parsemé le parcours des fondateurs de notre pays, demandez à votre enseignant de vous les procurer : certaines scènes de combat sont un peu intenses, mais vous devriez y survivre sans trop de séquelles! Dès 10 ans.

P.S. : Vous pouvez aussi (re)découvrir certains secrets des coulisses de la conception de ce beau projet en (re)lisant le compte-rendu de ma rencontre avec les trois auteurs, lors de ma séance de dédicaces, au dernier Salon du livre de Montréal!

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • la double complémentarité des couvertures! En plus d'être quasi symétriques, leurs deux superbes dessins se complètent merveilleusement bien quand on les met côte à côte... Et ce, peu importe quel album ont met à gauche ou à droite!!? En effet, avec Osheaga à gauche, la jonction des deux couvertures nous propose la croix enflammée, symbole important dans la conclusion des deux histoires. Si, à l'inverse, c'est Ville-Marie qu'on place à gauche, on se retrouve avec un étrange visage, en taille réelle, composé à moitié de celui de Gauthier et à moitié de celui d'Ossemeh, l'ennemi juré d'Askou! Ces agencements sont fascinants, très bien conçus!

 

  • la période historique présentée. Je n'y reviendrai pas, puisque je vous ai déjà étalé plus haut l'ampleur de l'intérêt que je porte à la Nouvelle-France (j'ai même un projet de jeu de société assez ambitieux portant sur ce thème, c'est tout dire! ;^)

 

  • les dessins. Si ceux de Jean-Paul Eid sont plus classiques, donc moins surprenants, il n'en demeure pas moins qu'ils m'ont, à maintes fois, rappelé ceux de Francis Back, le plus grand illustrateur historique de la Nouvelle-France, malheureusement décédé il y a quelques mois. Ceux de François, un peu plus stylisés au niveau des visages, ajoutent un cachet particulier, très intéressant...Ils réussissent peut-être un peu mieux à faire passer les émotions.

 

  • la belle carte historique qui orne les pages de garde des deux albums. Elle est d'une belle lisibilité, précise et fort éclairante.

 

  • mes trois (!?) dédicaces. Lapierre et Eid m'en ont chacun fait une dans leur album respectif, mais après qu'on l'ait eu mise au défi, Tzara s'est laissé aller à me dessiner, dans mon album Ville-Marie, un petit chat à côté de sa signature... Une première à vie pour elle!! ;^)

 

  • l'idée de présenter deux héros amis d'enfance. D'abord, ça nous permet de voir ces deux personnages alors qu'ils étaient enfants, dans les premières scènes des deux albums (et d'établir leur relation avec le Huron Tekola, leur mentor). Puis, ça nous permet de les suivre, plus ou moins indépendamment, chacun dans leur album, leurs aventures respectives toujours ponctuées par de belles retrouvailles cycliques.

 

  • les narrateurs. Dans la même lignée de ce que je soulevais au boulet précédent, j'aime beaucoup l'idée que les deux récits nous soient narrés chacun par un personnage présent et important, devenu vieux... mais dont on n'apprend l'identité qu'à la toute fin!! C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne vous la divulgâche pas!! ;^) Ça m'a permis de mieux prendre conscience du temps qui passe, et de réaliser que le moment entre la fondation de Ville-Marie et la célèbre Grande Paix de 1701 n'est pas si long!:^O

 

  • la belle présence animalière, tout au long des deux tomes! Dans Ville-Marie, vous en pincerez tous pour le petit renard, qui taquine Gauthier tout au long de la première moitié du récit, puis pour Mohigan, le jeune louveteau adopté par le petit Pierre. Mais de manière générale, autant dans un tome que dans l'autre, j'ai beaucoup aimé quand les vignettes-tampons, entre deux scènes ou pour nous montrer les saisons qui défilent, cadraient un cardinal, un raton laveur, un cerf, un héron, une hermine, un porc-épic, un lynx ou des poissons (comme dans l'intéressante contre-plongée sous-marine de Ville-Marie, p.15)... Ces vignettes dégagent une véritable zénitude! ;^)

 

  • de très intéressants personnages secondaires féminins. Dans Ville-Marie, Brigitte nous est dépeinte comme une jeune veuve, mère d'un garçon de huit ou neuf ans, qui s'investit très consciencieusement auprès de Jeanne Mance. Dans Osheaga, toute la richesse de la trame passe par Meha, l'Innue qui permettra à Askou de fuir les Iroquois qui les avaient capturés. Dans un rôle plus discret mais tout aussi riche en émotion, la grand-mère de Meha s'avère très attachante. Vraiment, on est gâtés! ;^)

 

  • le respect de la trame et des personnalités historiques. Bien sûr, les protagonistes sont fictifs. Les auteurs les ont créés de toutes pièces pour le bien de leur récit. Mais tous les personnages historiques alors présents à Ville-Marie y sont bien représentés: Maisonneuve et Jeanne Mance, bien sûr, mais aussi François Marguerie de La Haye, Tessouat le Borgne de l'Île aux Allumettes, Pieskaret, son chef de guerre... et même le vieux de Puiseaux!! Sur le plan des événements, il y a la fameuse crue des eaux de décembre 1642, à l'origine de la croix du Mont-Royal, le raid iroquois meurtrier de l'été 1643... Lapierre et Tzara en profitent pour nous apprendre certaines mœurs amérindiennes, comme les traitements bien particuliers que les Iroquois réservaient à leurs prisonniers de guerre (torture, esclavage...), ou abordent l'épineuse question des dissensions, chez les Amérindiens, à l'égard du christianisme que les missionnaires souhaitaient tellement leur enfoncer dans la gorge! Tous ces éléments sont habilement distillés entre les péripéties plus personnelles des deux héros, et le tout s'entremêle de manière très organique. J'ai beaucoup apprécié, par exemple, le fait que les Amérindiens ramènent l'impact que Cartier et Champlain ont pu avoir, longtemps auparavant, ainsi que le fait que tout se termine par un saut en avant, en 1701, l'année de tous les changements!

 

  • les belles émotions suscitées, très variées. Par exemple, j'ai été touché par la belle amitié entre Gauthier et Askou, amitié que j'ai eu bien peur de voir mise à rude épreuve, comme dans Rox et Rouky!! ;^) De même, l'angoisse de Brigitte face à l'omniprésence de la menace iroquoise est conséquente et communicative: les Iroquois sont tellement horribles et semblent si violents qu'ils font instantanément hausser notre rythme cardiaque! Seuls les sentiments de Brigitte, à la fin de Ville-Marie, et le revirement d'allégeance de Tekola me semblent ne pas avoir été suffisamment creusés.

 

  • le code des phylactères noirs, avec lettrage blanc, pour nous signaler un texte en amérindien (dans Ville-Marie) ou en français (dans Osheaga). J'ai aimé que les créateurs aient inversé le code plutôt que de garder le même: ça nous montre bien que tout est une question de point de vue! ;^)

 

  • le petit lexique, à la fin de chacun des albums. Il nous donne de petits compléments d'informations sur les personnages secondaires, tout en nous aidant à retenir un peu qui est qui. C'est bien pratique! ;^)

 

Ce qui m'a le plus agacé :

 

  • quelques petites maladresses au niveau des textes, principalement dans Ville-Marie. Parfois, certains mots sont répétés de manière un peu trop rapprochée, comme les mots cette entreprise à la p.9, ou ici, à la p.13. L'emploie de synonymes aurait été plus avisé. De même, la manière dont on introduit le surnom de François Marguerie de La Haye, au bas de la p.15, est plutôt malhabile: ça fait très plaqué...:^(

 

  • deux petits accrocs scénaristiques que j'aurais demandé de réajuster, si j'avais été éditeur, question de les rendre plus crédibles. Un premier, sur le plan historique: la discussion au sujet de la folle entreprise entre Maisonneuve et le gouverneur Montmagny, à la p.9 de Ville-Marie, a bel et bien eu lieu: c'est celle où Maisonneuve a sorti sa fameuse phrase: «Quand bien même tous les arbres de cette île se transformaient en autant d'Iroquois...» Mais elle a eu lieu pendant les longs mois d'hiver que Jeanne Mance, ses hommes et lui ont passé à Québec. Le gouverneur le mentionne, d'ailleurs, dans la 3e vignette («...comme vous me disiez...»). Mais la teneur des propos de découragement qu'on attribue ici à ce même gouverneur, alors que tout le matériel est débarqué et que Maisonneuve s'apprête à couper le premier arbre, me semble un peu fade pour une harangue aussi tardive! J'y aurais probablement plus cru si ses propos avaient été plus empressés, soutenus qu'ils devraient l'être par l'émotion causée par l'urgence de la situation... Pour ce qui est du second, il réfère à une situation d'Osheaga, quand la grand-mère de Meha lui propose de lui enseigner son savoir, un moment bien émouvant... «Tout simplement, une vie de connaissances expliquée et pratiquée en un mois...», nous dit-on (p.43). Quoi!!??!! Un mois??!! Pour toute une vie de connaissances dans le domaine de la pharmacopée des plantes indigènes?? Sans traces écrites, juste oralement, comme le veut la coutume amérindienne?! C'est impossible! À moins que la grand-mère ne soit décédée avant d'en avoir fini, et que la formation de Meha ne soit que très sommaire... auquel cas j'aurais aimé qu'on se donne la peine de me le préciser. Sinon, qu'elle ait tout compris, c'est totalement irréaliste!:^(

 

  • deux étranges coquilles. Il s'agit en fait de deux signes de ponctuation incorrects. Le premier, à la p.38 de Ville-Marie: le deux point, dans la dernière vignette, est placé un mot trop tard! On y lit: «...C'est Askou qui avait raison dans : leur sillage, lui et Pieskaret avaient amené le démon...» L'autre, dans Osheaga. Le point d'exclamation du phylactère de la 4e vignette de la p.15, n'a pas sa place: «Aucun serpent iroquois ne pourra séparer ! la grande famille que nous serons.»

 

  • la finale de Ville-Marie, qui déboule un peu trop rapidement... Mais j'en ai suffisamment parlé plus haut!

 

Couvertures de 1642-Osheaga et de 1642-Ville-Marie


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@ Anne des Ocreries : Tu vas adorer : c'est vraiment intéressant!
Rédigé par pgluneau le lundi 02 avril 2018 à 22:07


Je bave d'envie, là. C'est mon truc ça !
Rédigé par anne des ocreries le lundi 02 avril 2018 à 9:08




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