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#07- Un bonheur presque parfait
#07- UN BONHEUR PRESQUE PARFAIT
Scénariste(s) : Maryse DUBUC, Marc Delafontaine dit DELAF
Dessinateur(s) : Marc Delafontaine dit DELAF, Pascal COLPRON
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Nombrils
Année : 2015     Nb. pages : 50
Style(s) narratif(s) : Gags en une ou quelques planches
Genre(s) : Humour mordant, Quotidien, Récit psychologique
Appréciation : 5 / 6
Mes si chères pouffiasses!
Écrit le dimanche 08 avril 2018 par PG Luneau

Je me suis fait tout un cadeau de Pâques, cette année : j'ai pris le temps de lire le dernier Nombrils, qui traînait dans ma pile à lire depuis plus de... TROIS ANS!!? :^O

Ce faisant, je me suis demandé comment j'avais fait pour pouvoir attendre tout ce temps avant de retrouver tous ces personnages colorés et si attachants! Car c'est là une des plus grandes forces de cette série : malgré toutes les méchancetés qu'elles se lancent à la tête et les bassesses qu'elles sont prêtes à faire, on les aime, ces jeunes filles!!

Delaf et Dubuc ont réussi ce tour de force de pondre deux êtres totalement abjects dans les premiers tomes, puis de nous faire comprendre, via leur histoire familiale, les raisons qui expliquent ce qu'elles sont devenues. Ce faisant, on en est venus à faire preuve de compassion, on leur pardonne beaucoup, on s'attache et on leur souhaite le meilleur... surtout après leurs déboires avec le tueur en série du tome précédent!! :^0

Ici, chacune poursuit son évolution. Karine tente de sauver le groupe de musique d'Albin, qui bat de l'aile depuis l'arrestation de Vinko. Avec toute la gentillesse et le positivisme qu'on lui connaît, elle aide le pauvre Albin à sortir de la dépression dans laquelle il est sombré depuis qu'il a découvert que son meilleur ami était un meurtrier en série! Mais le groupe Albin et les Albinos pourra-t-il signer le contrat tant attendu si son leader est sur les antidépresseurs?

Vicky, pour sa part, est dans de beaux draps : elle a réussi à mettre le grappin sur le beau James, son richissime voisin, au grand dam de sa sœur, qui l'avait dans son collimateur. Mais depuis, elle a toutes les misères du monde à s'intéresser à lui et à ses champs d'intérêt... principalement parce qu'elle s'avère obnubilée par la belle Mégane, la sœur de James! :^O Disons que le baiser que Mégane lui a volé, au cours de l'été (dans le tome précédent!), a éveillé en elle des sentiments qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir ressentir... et dont elle n'ose parler à personne, surtout pas à ses parents homophobes, qui ne pensent toujours qu'à leur image sociale!

Quant à Jenny, elle a beau être plus cruche qu'une pompe à eau, elle est confrontée à un dilemme important : continuer d'être la potiche de son imbécile de Jean-Franky-les-abdos, ou avouer publiquement qu'elle aime Hugo, ce garçon doux, attentionné, dont le seul défaut est d'être un peu enrobé...

En somme, nos amies arrivent à un âge où elles doivent décider si elles veulent continuer de se cacher derrière des masques sociaux En ce sens, les choix d'illustrations pour la couverture et la page de titre sont très judicieux : Karine, Vicky et Jenny acceptent d'être qui elles sont... mais en se cachant le visage derrière un sourire factice de carton-pâte ou en s'enfouissant la tête dans un sac de papier brun! La partie n'est donc pas gagnée pour s'affranchir des diktats imposés par les conventions... mais rappelons que Jenny et Vicky partent de très loin, elles qui ne vivaient QUE pour l'image qu'elles projetaient aux yeux des gars de leur entourage!

Encore une fois, l'humour est de haut calibre. Encore une fois, l'enchaînement des gags est bon, tout en contribuant à l'évolution des différentes trames narratives. Encore une fois, les intrigues sont menées de main de maître, avec plein d'indices parsemés ici et là pour pister les plus fins lecteurs... C'est vraiment du pur génie! Bravo à Maryse et Marc : leurs scénarii sont toujours construits avec finesse, fouillés, ciselés avec une telle précision que c'en est éblouissant de justesse!

Et que dire de l'apothéose finale?? Je ne peux que me répéter! Même si les intrigues de ce tome sont plutôt de l'ordre des sentiments (contrairement au thriller policier que le dernier tome nous avait servi), le dernier tiers nous bombarde de révélations-chocs, parfois même troublantes, qu'on aurait dû voir venir (car, avec le recul, on peut presque toujours les identifier, ces indices précurseurs qui nous étaient passés sous le nez ;^). Chose certaine, le torchon brûle pour nos trois amies, et on peut difficilement imaginer comment évoluera leur relation dans le prochain tome!!?

Non, vraiment, je n'arrive pas à m'expliquer comment j'ai pu me tenir à l'écart de mes copines pendant si longtemps!? Ne faites pas la même gaffe que moi, et plongez (ou replongez ;^) dans cet album (ou dans toute la série, tiens! ;^) avant que ne sorte le tome #8, prévu pour cet automne! À partir de 13 ans.

À lire aussi : mes critiques des tomes #1 à #6, et le compte-rendu de ma dernière rencontre avec Delaf, au Salon du livre de Montréal, il y a quelques mois.

 

Ce qui m'a un peu agacé :

 

  • les 4 ou 5 premiers gags qui s'attardent à Karine et Albin. En fait, j'ai l'impression que ce que traversent Vicky et Jenny est tellement intéressant, dans la première moitié de l'album, que la déprime d'Albin m'a semblé un peu fade, en comparaison. J'ai donc eu du mal à m'intéresser à sa dépression... Heureusement, les auteurs sont ensuite revenus en force avec l'introduction du personnage d'Anna, qui relance l'intrigue et place (encore!) Albin dans une situation où Karine ne sait plus si elle doit lui faire confiance! Ça a pu sauver la donne! ;^)

 

  • certains choix assez osés. J'avoue que les punchs de deux ou trois gags m'ont semblé un peu intenses, surtout pour une BD jeunesse. Par exemple, la trace de gifle de la p.20 m'a un peu secoué: était-elle bien nécessaire? Le gag n'aurait-il pas tout aussi bien marché sans la gifle? Chose certaine, elle me fait paraître la mère de Karine sous un tout autre jour... mais peut-être était-ce là le but? L'avenir nous le dira! Pour ce qui est du gag final de la p.34, c'est bien parce que c'est le plus drôle de tout l'album qu'on lui pardonnera son caractère un peu outrancier! ;^) Finalement, échaudé par ces deux premiers cas, j'ai un peu sourcillé en constatant l'intensité de la violence de Jenny, à la p.35, quand elle pense à ce qu'elle ferait à Hugo s'il s'intéressait à quelqu'un d'autre... Cette vision subjective se veut humoristique, c'est certain, mais elle reste quand même intense, non? À moins que ce ne soit moi qui me fasse vieux et pudibond... ;^)

 

  • le nouveau couple que l'on découvre, à la dernière planche de l'album. Soyez sans crainte, je ne vous divulgâcherai pas leur identité, le punch en est trop sidérant... Mais, justement, peut-être est-il sidérant PARCE QUE trop improbable??! En fait, j'attendrai de lire la suite avant de formuler une plainte formelle. ;^) En effet, peut-être que nos auteurs sauront nous donner des explications satisfaisantes pour justifier cette union presque contre-nature!! ;^) Personnellement, c'est ce à quoi je m'attends...

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • le tableau des personnages, en pages de garde. Il nous dresse tout un organigramme des diverses relations entre eux et, malgré les apparences, celui des pages arrières n'est pas identique!! On l'a (discrètement!) mis à jour, en modifiant les qualificatifs ou en ajoutant certaines flèches, question de l'adapter aux changements causés par les nombreux bouleversements survenus dans le récit. Très éclairant!

 

  • la jolie dédicace de Mégane que Marc m'a faite en 2016...

 

  • la grande richesse des décors, qui regorgent de petits détails amusants. Je l'avais aussi souligné lors de ma dernière critique (il y a déjà 4 ans!!:^O): on peut s'attarder à jouer à Où est Charlie? avec presque chacune des planches de l'album!! Je ne sais pas qui, de Marc ou de Pascal Colpron, qui l'assiste pour les décors, il faut féliciter (probablement les deux!! ;^), mais je me suis délecté en explorant tous les arrière-plans!! On y trouve de tout: des membres du Yellow Fingers Club, un jeune qui croque à même un ananas, un autre qui tient son cahier de phransè (sic)!... J'ai été amusé par toutes les bananes qu'on retrouve chez Karine, et par le caméo de Marc et Maryse, en p.23... Mais ne serait-ce pas monsieur Colpron, justement, qui traverse la rue, à la p.13?... Certains gags sont très subtils, comme celui de l'ami de Jean-Franky qui détient une quinte flush royale mais qui se laisse battre par une paire de 2!! Chose certaine, je viens d'avoir la confirmation que l'action se passe au Québec: la manière dont le viaduc a été rapiécé, à la p.13, ne laisse aucun doute là-dessus!! ;^D

 

  • certains gags, qui m'ont particulièrement fait rire. Le meilleur, je l'ai déjà dit, c'est celui de la p.34, mais celui, muet, de la p.24 est très bien aussi, de même que celui avec la pétasse qui montre son décolleté plongeant à l'aspirateur, question de l'allumer!! ;^) J'ai bien aimé la subtile allusion de Jessica, en fin d'album, lorsqu'elle se colle la main sur le front, avec les doigts en forme de L et, surtout, la délirante personnification des neurones de Jenny, un peu à l'image des différentes émotions, dans Vice-versa, le récent film de Pixar: un pur délice d'absurde et d'imbécilité, à hurler de rire!! ;^)

 

  • encore des personnages attachants! Mes coups de cœur de cet opus? D'abord, Hugo, le si gentil copain secret de Jenny: n'a-t-on jamais vu de petit ami plus sweet que lui?? Puis, j'ai craqué pour les charmants grands-parents de Gary!! Oui, je sais, leur rôle ne tient qu'à une toute petite figuration... mais ô combien efficace!! ;^D

 

  • la finesse avec laquelle Maryse et Marc abordent certains sujets délicats. Bien sûr, l'hypersexualisation et les stéréotypes sexuels sont pris à bras le corps depuis les tout premiers tomes, et les auteurs nous ont prouvé qu'ils pouvaient montrer ces phénomènes sociaux sous des angles qui poussent à la réflexion, contrairement à ce qu'en pensent encore bien des détracteurs, qui dénigrent la série sans l'avoir vraiment lue, manifestement! Mais, au fil des tomes, ce sont d'autres sujets délicats qui ont été mis de l'avant, comme l'amitié malgré les classes sociales ou les maladies rares... Dans celui-ci, on peut mentionner l'homosexualité et la dépression, deux thèmes fort peu fréquents en BD jeunesse. On nous en parle avec humour, oui, mais toujours avec délicatesse, respect et empathie... En ce sens, Delaf et Dubuc frappent encore très fort, en plein dans le mille! ;^)

 

  • d'excellentes trouvailles scénaristiques. Encore cette fois, Maryse et Marc ont su trouver mille et un subterfuges pour nous étonner. Loin de tomber dans le déjà-vu, ces deux Estriens nous surprennent constamment, tant dans les petits événements secondaires (Qui remplacera Vinko en tant que bassiste dans le groupe d'Albin? Pourquoi la mère de Jenny fait-elle tant d'efforts pour se sortir de son marasme?...) que dans les trames directrices qui endiguent ce flot de gags faussement anodins! Par exemple, je ne sais pas trop comment ils s'y sont pris, mais revoilà qu'à l'instar de Karine, nos sentiments à l'égard d'Albin sont très mitigés: on lui découvre en effet un autre secret, et ses réactions, en fin d'album, nous laissent un goût amer en ce qui a trait à sa sincérité... Et que dire de l'apothéose finale, ce fameux party d'anniversaire pour les 16 ans de Vicky!! 11 pages de punchs, de revirements et de révélations, un climax épatant qu'on dévore d'une traite, en retenant notre souffle, avec une dernière planche qui nous laisse sans voix... Du grand Delaf et Dubuc! Vivement le tome #8!!

 

 

 


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@ Anne des Ocreries : Comment ne pas l'être??!! ;^)
Rédigé par pgluneau le samedi 14 avril 2018 à 13:59


Ah ! Je suis FAN !!
Rédigé par anne des ocreries le dimanche 08 avril 2018 à 14:09




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