Mon 7e safari-dédicaces : À Québec, sous la tempête!!
Écrit le lundi 22 avril 2013 par PG Luneau
Festival de la BD francophone de Québec 2013
(Première partie)
Vendredi le 12 avril dernier restera dans la mémoire de plusieurs comme étant la journée de «la fameuse tempête d’avril 2013». Eh ben pas pour moi!! En effet, dès 8h30, bien avant qu’un premier flocon ne tombe, j’étais en rang pour entrer au Palais des Congrès de Québec, où j’ai passé toute la journée (et les deux suivantes!!), bien protégé des rafales et des bourrasques. Pour tout vous dire : j’y ai vécu le safari-dédicaces le plus intense de toute ma vie!! J’en ai profité à fond, de la version 2013 du Festival de la BD Francophone de Québec!! Quel beau séjour, j’ai passé!! Trois jours de pur bonheur!! Ça a coûté cher (ma collection s’est enrichi de 41 nouveaux titres : après, je me demande comment ça se fait que je ne viens pas à bout de rattraper mon retard de lecture!! ;^), mais ça en a valu tellement la peine!! En plus des six ou sept bédéistes européens qui y étaient présents, j’ai croisé plus de 70 bédéistes québécois!! Je ne me suis pas entretenu avec tout ce beau monde, mais j’ai néanmoins réussi à gentiment leur soutirer pas moins de... 56 dédicaces (en un total de 25 heures de présence, soit une dédicace à chaque 28 minutes, environ)! Et que de beaux échanges!! Que de belles discussions!! Que de gens sympathiques et généreux j’ai rencontrés là!!
Mais qu’est-ce qui a caractérisé ce safari-dédicace des six précédents?? Essentiellement, la réalisation du défi que je m’étais donné : celui d’aller à la rencontre de la relève! En effet, il y a plus d’un an que je tournais autour du kiosque de Front froid, à tous les Salons ou les ComiCons auxquels je participais, ou que je papillonnais de manière erratique sur leur site internet, sans jamais oser plonger véritablement. Hé bien j’avais décidé que, cette fois-ci, j’allais foncer et faire la connaissance de ces bédéistes émergeants, dont on entend parler, parfois, à gauche et à droite, via des concours comme ceux qu’organise Hachette, annuellement, pour Glénat-Québec (vous vous rappelez? Partie de pêche en était la troisième édition!). C’est donc avec toute une nouvelle génération de dessinateurs et de scénaristes que j’ai (un peu) échangé… et j’ai bien hâte de la voir prendre son envol, dans les prochaines années… car du talent, on en a, au Québec!! Mais je reviendrai à eux un peu plus tard. Débutons plutôt par mes rencontres avec les Européens de passage…
- … et avec la première mauvaise nouvelle que j’ai eue, dès le vendredi matin, en arrivant sur place : le couple Sylvain Savoia / Marzena Sowa (lui dessinateur des séries Al ‘Togo et Nomades, notamment, et tous deux créateurs de Marzi) sera absent!! En effet, Marzena (alias Marzi, puisque cette série raconte ses souvenirs de jeunesse en Pologne) n’a pas réussi à obtenir son visa!!! Moi qui m’étais dépêché de lire et critiquer les Al ‘Togo, qui avais emmené plusieurs Marzi en vue de me les faire dédicacer, qui avais une série de questions à leur poser!... J’étais, bien évidemment, pas mal déçu… Mais qu’à cela ne tienne : des tonnes d’autres artistes m’attendaient!! Ma rencontre avec ces deux-là sera simplement reportée à une prochaine fois, j’imagine!...
- D’ailleurs, je me suis bien rabattu sur un autre couple : celui composé de Libon et de la pétillante Capucine! En effet, j’ai pu avoir pas moins de quatre dédicaces de l’illustrateur de Tralalaland et d’Animal Lecteur, ce dessinateur que je suis tous les mois depuis plus de six ans, je crois, dans le magazine D-Lire!! Au fil de toutes mes rencontres avec lui, et malgré sa réserve relative (sa copine était bigrement plus extravertie : dommage que ses œuvres ne m’attirent pas outre mesure!), j’ai justement jasé du fait que j’aimais bien ce qu’il faisait pour ce magazine. Il m’a affirmé que les petites enquêtes policières de sa Charlotte Holmes, qu’il a illustrées pendant de longues années, ne seraient jamais éditées en album : Bayard croit que ça n’intéresserait personne (c’est bien dommage, pourtant, car en tant qu’enseignant, j’en vois aisément tout le potentiel pédagogique : travail sur la logique, l’inférence, l’observation…), et que, de toute façon, le travail de redisposition serait trop ardu pour ce que ça rapporterait. Snif snif! Puis, j’ai découvert (dans un racoin perdu d’un stand éloigné!!?) un exemplaire d’une obscure série plus adulte qu’il avait dessinée pour Fluide glacial : Hector Kanon! Il s’agit, m’a-t-il expliqué, des déboires d’un Parisien chiant et crade, et plus il m’en parlait, plus j’y reconnaissais nos Bobos nationaux, Marc Labrèche et Anne Dorval!! J’ai profité de cette quatrième rencontre pour examiner sa technique de dessin, avec un feutre à la pointe molle, comme un pinceau, qui permet de tracer, tout en souplesse et dans un même élan, des traits très fins ou plus larges. Alors que je lui soulignais combien j’étais conscient des heures de travail qui se cachaient derrière cette aisance apparente (il dessine ses dédicaces directement au feutre, sans même crayonner, ce qui est très rare et ne laisse aucune place à l’erreur!!), il m’a révélé qu’il n’avait aucun talent en dessin, à la base, contrairement à bien d’autres, et que, chez lui, tout n’était venu que grâce à d’innombrables heures de pratique. Vraiment impressionnant!
- J’ai aussi discuté à quelques reprises avec Pénélope Bagieu, cette bédéiste qui est devenue célèbre grâce à son blogue-BD, puis avec son personnage de Joséphine. Elle est l’exemple typique de la dessinatrice girly au cube… mais se défend bien d’être aussi frivole et superficielle que ses personnages!! Au contraire, elle profite de cette vitrine pour faire une espèce de petite critique sociale (mais gentillette quand même!) de ces stéréotypes de filles un peu nunuches, à la Bridget Jones, dont les priorités sont, dans l’ordre ou le désordre : de trouver l’amour, de militer pour la paix dans le monde... et d’acheter une xième paires de chaussures! Quand elle a su que j’étais un collectionneur fini, elle m’a un peu pris au dépourvu en me demandant, à brûle pourpoint, mes coups de cœur récents! Je me rappelle avoir fini par lui nommer Al ‘Togo et l’Homme qui n’aimait pas les armes à feu… Puis les Druides et les Crépuscule des dieux, par deux grands dessinateurs de chez-nous! Elle m’a alors révélé que les albums québécois étaient vraiment très difficile à trouver en France… et qu’elle adorait tout ce qui sortait de chez la Pastèque!! Ses valises allaient d’ailleurs probablement peser plusieurs kilos de plus lorsqu’elle allait rentrer au pays, suite à tous les achats qu’elle avait faits au kiosque de cette maison d’éditions!! Pour ma part, j’ai bien hâte de lire sa Page blanche, écrite par le très chouette Boulet (auteur des désopilantes Notes). Ça raconte l’histoire d’une jeune femme qui se retrouve parfaitement amnésique, en plein Paris. Pas donné, le bouquin (40$!! Je n’avais pas remarqué avant d’arriver à la caisse!), mais il semble des plus intéressants!
- Le grand nom le plus attendu des connaisseurs, c’était sans contredit Marc Bourgne. Bourreau de travail intarissable (on lui doit, outre des reprises de Barbe-Rouge et de Michel Vaillant, des séries telles que Frank Lincoln, les Pirates de Barataria ou l’Été 63, illustré par notre VoRo à nous!!), cet artiste parvient à publier, bon an, mal an, quatre albums par année (désolé, Marsi!! ;^) : deux en tant que scénariste, deux en tant qu’illustrateur… Et ce n’est pas que du petit dessin, monsieur, non!! Ses œuvres sont d’une précision extrême, très fines, très réalistes, d’un classicisme raffiné… et ses dédicaces sont à l’avenant, tout aussi splendides! La contrepartie, bien sûr, c’est le temps qu’il y met : j’ai finalement pu être le septième de la file, en m’y rendant 90 minutes à l’avance, samedi, et j’ai eu bien peur de ne pas passer! Heureusement, j’ai été béni et il a pu me dédicacer mon premier tome de la série Voyageur – Présent, une série-concept (sur une entité qui voyage dans le temps) que j’ai bien hâte d’entamer. Petite anecdote : L’habileté de monsieur Bourgne à tirer des angles droits parfaits, au feutre et à main levée, m’a littéralement scotché : je lui ai dit que mes élèves ne parvenaient même pas à en faire d’aussi parfaits avec une équerre, ce qui l’a bien amusé!! ;^)
- Puis, c’est avec Jean-Jacques Rouger que j’ai terminé mes récoltes du samedi et du dimanche! Cet artiste est coloriste de formation. Avec sa douce moitié, Isabelle Merlet, il a travaillé sur les couleurs de plusieurs séries, pour diverses grandes maisons d’éditions. Tenté d’essayer le dessin et la scénarisation, il s’est attaqué, avec sa copine, à l’adaptation du classique d’Alphonse Daudet : Tartarin de Tarascon, dans la collection Ex-Libris de chez Delcourt. Deuxième mauvaise nouvelle de ma fin de semaine : monsieur Rouger m’apprend que Delcourt a mis un terme à cette collection que j’appréciais tant!! Qu’adviendra-t-il de la finale de la sublime série les Enfants du Capitaine Grant?? Il n’en a pas la moindre idée, et souhaite, comme moi, que toute cette fabuleuse série soit reprise (et complétée!!) en plus grand format, dans une autre collection : on ne peut pas laisser tomber un chef d’œuvre aussi magistral! Avec lui, j’en ai profité pour parler du métier de coloriste et de ses techniques, que je connaissais peu. Il m’a expliqué, par exemple, qu’un coloriste est payé pour la tâche… et ne recevra qu’une infime quote-part supplémentaire si l’album dépasse les 5000 ventes… autant dire quasiment jamais!! Je lui ai demandé s’il trouvait difficile que ce soit un autre coloriste qui ajoute la couleur à ses dessins. Pour le moment, tant que c’est son épouse qui s’y colle, il n’y voit aucun problème, d’autant plus qu’ils travaillent très souvent ensemble! Mais, après réflexion, il m’a avoué qu’il ne pourrait pas voir cette tâche exécutée par un tiers : il serait trop pointilleux et exigeant! Quand je lui ai demandé comment il trouvait notre Belle Province (et son hiver interminable : je vous rappelle que ce festival avait lieu en plein pendant la gigantesque tempête du 12 avril dernier!!), il m’a révélé qu’il était chez-nous depuis déjà deux mois puisqu’il avait gagné le privilège d’y être en résidence, dans le cadre d’un échange professionnel avec la ville de Bordeaux! Il profite donc de son séjour chez-nous pour peaufiner un autre projet plus personnel, qui se déroule à l’époque médiévale, très inspiré par les parchemins et les fabuleuses cartes géographiques de l’époque. Par contre, son œil aguerri de coloriste a été très impressionné par les contrastes de luminosité qu’il a décelés dans toute la ville de Québec, surtout par l’effet de toutes nos statues noires, en bronze, qui semblent émerger de la blancheur de la neige… Il dit qu’il s’en inspirera probablement pour un futur projet. Son dessin, ma foi, est très mignon, tout en rondeur, et me rappelle pas mal celui de mon grand ami Marsi, auteur de Miam miam fléau!
Voilà pour ce qui est de mes rencontres avec les Européens. J’ai encore plein de scoops et de découvertes à vous faire part… mais je crois que ce sera tout pour aujourd’hui : c’est important, dans la vie, de faire durer les plaisirs!! ;^) Revenez me visiter prochainement pour la suite de ce compte-rendu, alors que je vous parlerai de mes rencontres avec mes bédéistes chouchous, avec d’autres créateurs accomplis que je rencontrais pour la toute première fois… et avec tous ces jeunes artistes en devenir qui seront les grands noms de demain!! À bientôt, donc!!
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